Michel après avoir réalisé par chance le casse du siècle s’en est revenu chez lui pour montrer ça à quelqu’un qui il en est sûr en sera très intéressé. J’en profite en passant par ces quelques mots à signaler à ceux qui utilisent cette expression qu’un casse du siècle n’est un casse du siècle que s’il n’existe qu’un seul casse du siècle, étant donné qu’il y en a au moins un tous les deux ans pour les journalistes, certains casses du siècle sont des usurpateurs. Je préviens au passage par ces quelques mots que la prochaine fois qu’un journaliste utilisera le terme de casse du siècle pour parler d’un nouveau casse, je ferais en sorte qu’il n’y ai qu’un seul casse du siècle, en faisant le casse du siècle.
Michel, qui s’en allait chez lui, tomba sur l’un des increvables (rappelez-vous, les chiens du chapitre 1) qui était en train de poser une coquille sur le trottoir. C’était Buck, il leur donnait des noms en plus de croquettes. Buck était un peu à part dans la meute des gros matous qui sont en fait des chiens qui traînent en ville. Il vagabondait plus loin qu’eux de leur base qu’est le vieil entrepôt désaffecté et avait dans son comportement quelque chose d’assez spécial. Il avait un regard vraiment vivant et inquisiteur, pas comme si en vous regardant il vous jugeait comme peut le faire la boulangère à qui vous donnez 5 centimes de moins que ce que vous lui devez ; plutôt comme un chien qui vous regarde comme s’il savait que vous êtes un pauvre humain dégueulasse qui mange beaucoup plus de viande qu’il ne lui en faut et qui jette ses papiers par terre.
Buck était souvent dans la rue la nuit, il a vu plus que ce qu’a vu De Niro dans Taxi Driver et sait d’après ce qu’il a vu que les humains sont des pourris, même si lui n’a conduit qu’une seule fois de sa vie un taxi, le jour de ses 18 ans. D’abord ils volent l’instinct de ses frères les chiens de salons, qui sont parqués dans un endroit entouré de grillages appelé le jardin et aboient quand quelqu’un passe, alors que personne ne sait à quoi ça leur sert d’aboyer quand quelqu’un passe devant leur jardin, ils sont devenus un peut tarés. En plus, parfois ils roulent trop vite et quand un chien passe sans faire gaffe ça fait un chien de talus, ils font ça avec les blaireaux, les chats et même les vaches des fois, après ils sont énervés parce que leur voiture a une bosse alors que le truc qu’ils viennent d’écraser en a encore plus et ne peut plus rouler. Buck n’aime pas voir ses copains cabossés, pourtant parfois ça arrive.
Il voit des grands humains passer avec leurs petites reproductions d’eux même et quand ils veulent le caresser ils leur disent de continuer à marcher parce que lui il est sale et méchant, à ce qu’ils disent. Il les voit leur parler comme s’ils étaient débiles alors qu’ils ont juste l’air plus petits et de moins s’y connaître, c’est eux les débiles. Buck est plutôt du genre à avoir de la jugeote, ce n’est pas pour rien qu’il porte le même blaze que le Buck de l’appel de la forêt. Sa jugeote lui sert à voler à manger dans les poubelles des magasins avant que ses concurrents les gens qui ont faim arrivent. Soulever le couvercle d’une poubelle n’est pas donné à tout les chiens et les constructeurs de poubelles pourraient penser à eux quand ils font leurs poubelles, se dit Buck, mais lui y arrive tout seul et ne sait pas écrire alors il ne leur a jamais adressé de lettre ouverte. Les gens qui ont faim et qui fouillent là-dedans comme lui ont l’air plutôt sympas alors il leur en laisse un peu, parce que sa jugeote lui permet aussi de sentir lorsqu’un humain a l’air plutôt sympa dans le fond, à moins que ça ne soit un sixième sens, je ne suis pas chientologue et je peux donc pas vous en dire plus à ce sujet. C’est vrai que se dire que tous les humains sont des pourris serait un peu cliché se dit Buck, mais il pense quand même que beaucoup devraient faire un effort et qui sait, il leur arriverait peut-être un peu moins souvent de marcher dans sa merde.
Buck en a finit avec sa petite commission, et s’en va suivre Michel jusqu’à chez lui, en ce moment il lui donne des croquettes goût Merguez-Poulet-Bœuf-Pissenlit-troudeballedechienneenchaleur et c’est le pied.