Chapitre Velotine – A long long time

Je souhaiterais avant toute chose dédicacer cette chronique à Pierre Streponni.

Buck revient de chez Michel et il est heureux parce que d’abord Michel a dit le mot croquette, un des mots étrangement les plus drôles à entendre, ça sonne bizarre, croquette. Il est aussi heureux parce qu’à chaque fois qu’il revient de chez Michel il prend au moins 200 grammes et dieu sait que chacun d’eux est important pour les mâles alpha comme lui qui doivent être imposants. Si les voitures sont flippantes pour les gens qui sont des chiens comme lui, les vélos le sont aussi. Dans les grottes où vivaient ses ancêtres on peut retrouver des peintures qui représentent les vélos de l’époque, qui cassent des pattes et frôlent des pauvres loups qui ont peur où se réveillent de leurs siestes. Cet affront ancestral n’a rien à envier à ceux qu’ont les féministes avec le reste du monde et a des conséquences bien plus graves que celles qu’ont eu l’apparition du mildiou chez les amoureux de la patate : les loups sont devenus de chiens. Certains ont eu plus de bol que d’autres qui sont devenus des lévriers afghans, mais être un loup ça reste quand même drôlement plus cool.

Si je vous dis ça c’est parce que Buck a frôlé la fin de carrière à cause d’une fille un peu ouf du volant qui est passée bien trop prêt de lui, Buck s’en est pissé sur les poils. Elle avait un vélo qui roule vite et qui portait beaucoup de trucs, parce qu’elle n’aimait pas trop le mois de juillet, alors depuis 3 ans maintenant quand le mois de juillet arrivait elle montait sur son vélo et elle pédalait pendant 1 mois, et quand le mois de juillet s’en allait elle descendait de son vélo et puis c’était comme si depuis 3 ans, il n’y avait plus de mois de juillet. Etre sur son vélo pendant 3 heures, ça fait disparaitre 3 heures parce que quand vous pédalez sur votre vélo vous n’avez pas le temps de faire autre chose que pédaler sur votre vélo, et si vous multipliez ça par 248 ça vous fait 744h à faire du vélo, et rien que du vélo.  Si vous n’aimez pas le mois de février par contre ça ne vous en fait que 672, ça passe vite. Bien sûr elle avait besoin de faire pipi et popo parfois et quand elle voulait manger quelque chose de chaud ou dormir et bien elle devait arrêter de pédaler, alors elle faisait ça la nuit car la nuit tous les mois sont gris. Ainsi elle se disait : oh, mais ça se trouve on n’est pas en juillet et elle pouvait supporter son poids sur la terre ferme. Voilà une de choses cools que vous offre la nuit, Maupassant nous parlera de ce qu’il en pense juste après que j’ai finit de parler.

Notre pédale de Juillet s’appelle comme vous l’aurez deviné Velotine, et ce qu’elle fait est parfaitement idiot mais ça le rend heureuse. Son histoire nous permettra aujourd’hui de tirer une morale très claquée mais qu’il faut quand même essayer de garder en tête au cas où : Si quelque chose que vous faites est idiot mais qu’il vous rend heureux, faites-le. Pour le moment par contre, contentez vous de relire cette phrase en m’imaginant avec la voix du père Castor ou de tout autre personnage bienveillant qui vous vient à l’esprit dans vos petites têtes, et rajoutez-y un bruit de scintillement, en admettant que le scintillement a un bruit.

Voilà j’ai fini de parler et comme promis, place à la collab de la semaine qui se fait comme vous l’aurez deviné parce que je vous l’ai déjà dit, avec ce bon vieux Guy de Maupassant, un ami qui vous veut du bien et qui aime la nuit, lui aussi.

 


J’aime la nuit avec passion. Je l’aime comme on aime son maître ou sa maîtresse, d’un amour instinctif, profond, invincible. Je l’aime avec tous mes sens, avec mes yeux qui la voient, avec mon odorat qui la respire, avec mes oreilles qui en écoutent le silence, avec toute ma chair que les ténèbres caressent.

Le jour ma fatigue et m’ennuie. Il est brutal et bruyant. Je me lève avec peine, je m’habille avec Lassitude, je sors avec regret, et chaque pas, chaque mouvement, chaque geste, chaque parole, chaque pensée me fatigue comme si je soulevais un écrasant fardeau.

Mais quand le soleil baisse, une joie confuse, une joie de tout mon corps m’envahit. Je m’éveile, je m’anime. A mesure que l’ombre grandit, je me sens tout autre, plus jeune, plus fort, plus alerte, plus heureux.

Guy de Maupassant,

La Nuit



 

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Romain Bouvier, expert en races d’écureuils

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