Get Him to Moscow – Portrait

“Get Him to Moscow”, ce projet qui va faire parler de lui pendant les mois de juin et juillet. Sasha de Laage réalise comme il dit “un défi personnel, un enjeu européen”.

J’ai juste un panneau avec écrit “Take me to the East”

L’étudiant de 20 ans a pour objectif de parcourir le trajet de Paris à Moscou, sans un euro en poche, et d’arriver à destination pour la finale de la Coupe du Monde. En parallèle, il essaie de lever 11 000 euros pour l’association SOS Méditerranée, qui réalise des sauvetages en mer de migrants, qui traversent la Méditerranée pour rejoindre l’Europe.

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Le 18 juin, alors qu’il finissait son deuxième jour de voyage, on a pu discuter avec Sasha par téléphone, pour qu’il nous en dise plus.

Salut Sasha, je t’entends mal, t’es où là ?

Je suis arrivé à Strasbourg. Je suis dans un café, avec plein de gens qui m’ont accueilli ce soir.

Déjà à Strasbourg ? Raconte nous !

Je suis parti il y a deux jours de Paris, en me lançant le défi simple de faire le trajet entre Paris et Moscou, sans un euro en poche. La mission qu’il y a derrière, c’est de lever 11 000 euros pour l’association SOS Méditerranée, qui récupère les migrants en mer. 11 000 euros, ce sont les frais d’une journée en mer de l’aquarius, leur bateau, et j’aimerai réussir à financer une journée de leur travail. En plus le sujet fait le buzz en ce moment donc ça nous permet une portée médiatique plus importante.

Tu souhaites relever ces fonds de quelle manière ? Pendant ton périple ?

Alors, l’idée c’est que le contexte est assez particulier aujourd’hui, où l’Europe est de plus en plus divisée, où il y a la montée des extrêmes, et où il y a une sorte de repli sur soi et une méfiance collective. Moi j’ai envie de me battre contre ça et de dire “Il faut aussi faire confiance aux gens et à la jeunesse, et il n’y a pas que des pourris.” Et moi, je vais donner ce que je peux et ça va très bien se passer. Et il y a quand même une opportunité de dingue, qui est la coupe du monde qui se tient aujourd’hui en Russie, donc moi ça me donnait un super prétexte pour traverser toute l’Europe. Je me suis dis “Il y aura toute l’attention médiatique qui serait collée sur un seul point du globe, il y a moyen de se servir de cette attention pour une bonne cause, et pour créer quelque chose de sympa quoi”. On profite d’un évènement sportif pour faire parler d’une crise d’actualité.

Tu en es à combien d’euros récoltés ?

Il faut atteindre les 11 000 euros, j’ai déjà levé 6 500 euros, via des sponsors, des entreprises. J’ai quelques sponsors qui ont donnée entre 500 et 1000 euros.

Tu aurais des noms ?

Oui bien sûr. Alors il y a un restaurant qui s’appelle Comptoir 102, une chaîne de resto bio qui s’appelle Wild and the Moon, un cabinet d’architectes qui s’appelle phileas associés, une boîte de bijoux qui s’appelle Sandrine de Laage, les éditions Assouline et une boîte d’informatique qui s’appelle Gaia ! Elles viennent toutes d’un peu partout !

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Comment tu comptes lever le reste des fonds?

En parallèle de ce que j’ai déjà, je cherche encore des sponsors. Plus les gens vont parler du projet et plus des entreprise vont voir ce que je fais et vont pouvoir participer. Et d’autre part, j’ai lancé une cagnotte en ligne sur le site de Hello Asso, qui est une des seules plateformes qui met en contact des projets avec des associations et qui ne prends vraiment aucune commission. L’argent va directement sur SOS Méditerranée. A aucun moment, moi je suis en lien avec l’argent. Sur la cagnotte je me suis donné comme objectif 9 100 euros, en réduisant les dons des sponsors.

Comment ça s’est mis en place tout ça ?

L’idée c’est que j’ai 20 ans et qu’il y a un an j’ai créé une association qui s’appelle “Villes Ouvertes”. C’est une association où je suis partie avec deux autres étudiantes faire un documentaire sur le développement durable pendant un an en Amérique Latine, dans le cadre de notre troisième année d’études à Sciences Po. Et moi aujourd’hui j’ai décidé de ne pas rentrer, parce que j’aime trop être sur la route en fait. A un moment donné, j’étais en Colombie, ça faisait longtemps que je voulais travailler avec SOS Méditerranée parce que je les suivais de près, j’avais eu un cours sur l’intégration des réfugiés à Science Po et je voulais participer à tout ça. En Colombie, à un moment donné, je me suis retrouvé cinq jours sans carte bleue, sans argent à devoir remonter jusqu’à Medellín. Et en fait j’ai vécu cinq jours sans rien, comme je le fais là, en demandant aux gens de m’aider, en expliquant le projet que je menais. Et ça a tellement bien marché, les gens étaient tellement sympas et accueillants, j’avais trop de bouffe, que je me suis dit qu’il faudrait le refaire, mais avec une cause derrière. Du coup j’ai pensé à la Coupe du Monde. Je me suis demandé quelle cause je pourrai supporter et j’ai pensé à SOS Méditerranée. Très vite le projet s’est enclenché, c’est à dire il y a trois semaines quoi.

Trois semaines ? T’es allé super vite !

Oui, je me suis dit que c’était le moment et je voulais pas avoir de regret. Directement le lendemain, j’ai fait un support visuel pour présenter le projet, pour l’envoyer à des sponsors potentiels. Et j’ai contacté SOS Méditerranée qui était très emballé par le projet, qui ont adoré. Je les ai vu après sur Paris pour en parler, dans leurs bureaux. J’ai aussi fait la Course des Héros avec eux. Ils m’ont donné tous les autocollants, les t-shirts, et aujourd’hui je suis ambassadeur de SOS Méditerranée, pour un mois. Je suis en contact avec eux tout le temps.

Du coup tu profites un peu de cette arrivée médiatique de l’Aquarius, et de la Coupe du Monde ?

Justement, par rapport à ça, ils sont débordés et ils font pas trop de com sur moi pour l’instant. C’est quand même plus important ce qu’il se passe à Valence.

Sinon oui, j’utilise l’élan de la Coupe du Monde. J’espère que les gens sont solidaires. Et voilà, je crée mon petit truc.

Comment ça se passe concrètement, ton trajet ?

Pour l’instant c’est mon deuxième jour. Hier j’ai fait du stop depuis Paris jusqu’à Reims, En arrivant à Reims je suis allé sur la place principale, j’ai discuté avec des gens. J’ai posté sur facebook, sur Etudiants de Reims, une annonce. Il y a une fille qui s’appelle Tiphaine, qui m’a proposé de m’héberger. Il y a un restaurant qui s’appelle MyFabulous (https://www.myfabulous-reims.com/) qui m’a appelé en me disant “Mec c’est trop bien ce que tu fais, nous on t’offre à dîner”. Ce matin ils m’ont offert le brunch. Aujourd’hui j’ai fait du stop.

La vie est belle quoi ?

Oui oui, mais pour l’instant je suis en France, du coup c’est pas encore trop compliqué ! Le plus dur arrive. Pour l’instant je suis à Strasbourg, et là pendant que tu m’appelles je suis en train de prendre un verre avec des gens qui ne me connaissent pas, mais qui ont tous répondu à mon post et qui voulaient tous me rencontrer. Je leur ai donné rendez-vous et voilà, tout le monde est venu m’accueillir, m’offrir un verre, et ça fait vraiment chaud au coeur. J’ai aussi trouvé quelqu’un qui m’héberge.

Pour l’instant, tu arrives à ne rien payer ?

Ah de toute façon j’ai pas un euro donc c’est clair que je ne paye rien.

Tu as quand même pris ta carte ?

Oh non t’es ouf ! Je serais beaucoup trop tenté, je ne peux pas. J’ai hésité pendant un petit moment, au cas où, mais c’était trop tentant. Psychologiquement, ça aurait été trop dur je pense.

Dans ton sac, qu’est ce que tu as ?

J’ai un petit sac à dos de 2 kilos. Et dedans, une rechange de chaque vêtement, un hamac, un anorak, quelques produits de toilettes, mon journal d’écriture et quatre bouquins, et un drapeau du Brésil.

Un drapeau du Brésil ?

Oui, mon père vit au Brésil, j’y ai vécu un petit peu. Et puis il fallait choisir un pays qui irait sûrement loin, pour m’aider une fois à Moscou.

Et dans ton carnet, tu racontes ton périple ?  C’est un carnet de route ?

C’est un carnet que je tiens depuis très longtemps, dans lequel je note toutes mes idées. Mais d’un point de vue de communication, j’ai lancé mes pages Facebook et Instagram hier quand je suis parti. Et je communiques en live beaucoup sur Instagram, avec les stories, et sur Facebook.

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It’s 10AM when I meet Sandro. He offers me a ride to Austria and a beat for breakfast ! Good morning Germany 🇩🇪 ! On my way to Austria 🇦🇹 #gethimtomoscow #togetherforrescue #russia2018

Tu as prévu d’arriver quand à Moscou ?

Il faut que j’arrive avant la finale de la Coupe du Monde. J’ai 28 jours, et il faut que j’y sois au maximum pour le 15 juillet.

C’est jouable ?

J’en sais rien. C’est tellement compliqué de savoir quand on voyage en stop. Aujourd’hui, j’ai attendu trois heures qu’une voiture me prenne en sortant de Reims. Tout dépend. Et puis je ne sais même pas exactement par quelle ville je passe. A priori je passe par Vienne et Prague, parce que je dois rejoindre des associations d’intégration de réfugiés, et faire de la relation entre SOS Méditerranée et eux. A part ça, je ne sais pas où je passe, on va voir. Je suis sur l’autoroute alors on verra. J’ai juste un panneau avec écrit “Take me to the East” (Ramenez moi vers l’Est) et voilà quoi.

Tes parents ils en pensent quoi de tout ça, ils sont fiers ?

Mes parents ils sont super excités, parce que ça fait un an que j’ai envie de faire ça. Et ils ont vu que c’était ce qui me rendait heureux. Bon ils sont quand même flippés un peu mais je pense qu’ils préfèrent que je fasse ça que je reste dans mon petit monde, à pas faire ce qui me plaît. Et puis ils sont loins sur le Globe, un peu partout, alors ils ont l’habitude.

C’est vraiment génial ! Je vais te laisser un peu de batterie, on ne sait jamais !

Oui j’ai plus que 3% en plus. Et ça n’a rien à voir, mais tu verrais là, je suis dans un square, et en face de moi, il y a trois mecs qui jouent au foot. C’est impressionnant à quel point ils sont bons ! Au moins le foot me suit jusqu’à la finale ! Je vais rejoindre mes potes de ce soir que je connais pas, et on verra comment ça se passe demain.

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A l’heure actuelle, il est en Allemagne. Vous pouvez suivre son voyage sur Instagram et Facebook :

Facebook : Get him to Moscow

Instagram : @gethimtomoscow

Par ailleurs, vous pouvez également participer à la récolte de fonds via la cagnotte en ligne ci-dessous. Nous c’est fait !

Cagnotte en ligne : GetHimtoMoscow

Pourquoi pas un récapitulatif le 15 juillet, pour en savoir plus sur ce qu’il s’est passé depuis ?


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Pauline Gauer – Dossiers

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