Cette journée est longue, 16h et encore en pyjama, je tourne en rond sans savoir réellement quoi faire. Je regarde les gens de la rue, fourmillants sur les pavés pluvieux, et le ciel gris des dimanches lascifs. Allongée sur un parquet trop inconfortable pour mon dos, la musique en aléatoire, grésillements, guitare frétillante, puis la voix de Lou Reed sur fond de velvet underground; Je me souviens.
Des kilomètres de goudron cuisant à travers les forêts, défilant par la fenêtre de ce berlingot qui nous servait de voiture mais aussi de lit, d’étendoir, de garde-manger et de dressing. On était heureuses, souriants au ciel juste parce qu’il était là, et beau, et bleu. Je me rappelle plus trop ce qu’on disait, des fois on disait rien, d’autres fois on parlait des Amours d’Aphrodite avant de jeter nos corps dans l’eau opaline. On était seules au milieu des vagues paisibles, laissant flotter l’encre de nos mots, échoués plus loin. L’odeur humide des rochers ardents pénétrant nos peau pourprées, ancrée en nous. On avait chaud, on brûlait même mais on bougeait pas, parce qu’on voulait que ce moment dure longtemps, trop longtemps pour qu’on puisse l’arrêter. Je revois ses yeux se fermer, et son corps lové sous le soleil bleuté.
La nuit est déjà tombée, je suis encore en pyjama. La musique s’est arrêtée sans que je m’en rende compte. Je crois que je me suis endormie au milieu de la pièce. Il pleut dehors. Cette journée n’a aucun sens, dimanche nostalgie quand tu nous tient. Demain il refera beau.
Demain nous serons lundi.