Brume matinale – Photo de la semaine

Je crois que je m’étais perdue. Pourtant c’était un chemin que je connaissais par cœur, depuis petite je le prenais; un virage à gauche puis deux à droite et encore un à gauche, puis tout droit jusqu’à la fin des traces. J’aurais pu le faire les yeux fermés.

Mais aujourd’hui c’était différent. Aujourd’hui je ne voyais rien, rien qu’un voile opaque se déposer lentement sur l’avant de mes mains. J’ai essayé de l’attraper mais il m’échappait encore. Alors je l’ai laissé me guider, parce que j’avais envie de le suivre, et j’ai oublié les traces. J’ai arrêté de penser parce qu’ici penser ne servait plus à rien, j’ai cessé de me souvenir parce qu’ici, se souvenir était devenu impossible. Je regardais juste la brume peindre le tableau qui s’offrait à moi, incapable de faire autre chose. Je contemplais les même nuages que ce voyageur des années plus tôt, rêveur, je goûtais sa présence à mes côtés. J’écoutais le silence. Pétrifiée par sa douceur qui m’enveloppait, je suis restée là longtemps, longtemps. Abstraction.

J’avais fermé les yeux. C’est le soleil qui me réveilla. Sa lumière transperçait le voile et brouillait sa chaleur. Je plissais les yeux, je ne voulais pas de lui, continuer à me blottir dans ses bras. Mais la brume dissipa ses formes en quelques secondes.

Je m’étais perdue. Pourtant c’est un chemin que je connaissais par cœur, je l’empruntais tous les soirs. Mais cette fois ci, je m’étais perdue dans mes rêves.


Mélina Rard – Photo de la semaine

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