Des fois elle se croyait dans un film. Des fois quand elle marchait dans la rue, elle augmentait le volume de sa musique au maximum pour faire comme dans les scènes de Dolan où les personnages marchent sans se soucier du reste. Des fois elle fumait à l’intérieur de son appartement allongée sur le parquet, sans ouvrir les fenêtres, et regardant les nuages balader le ciel bleu. Elle se posait des grandes questions sur la vie, qu’est ce qu’elle faisait là ? Qu’est ce qu’il lui arrivera ? Dans le métro, elle aimait bien regarder les gens, ou plutôt elle aimait bien regarder les gens qui regardent. Ceux qui lisent par dessus une épaule, un texto un peu trop perso qu’ils n’auraient pas dû voir. Ça la faisait rire. Et puis, quand elle sortait le soir, que les néons l’éblouissaient, elle imaginait ça au ralentit, une musique en sourdine et ce regard qu’elle voulait tant. Après tout s’enchainait vite, à base de flash et de creux noirs, des corps qui s’enlacent et des corps qui s’aiment sous la lune.
Ces fois là, elle se réveillait tard le matin, quand le soleil brillait déjà haut, avec des paillettes dans les yeux. Éclaboussée par les projecteurs de la veille, elle voyait flou le reflet dans la glace. Alors des fois elle se contemplait pour comprendre qui lui faisait face, elle regardait les paillettes, puis son visage qu’elle ne reconnaissait plus.
Mélina Rard – Photo de la semaine