Nuit blanche quand on danse au ralenti, quand on boit un peu trop de vin coloré, teinté de grenadine. Les secondes s’arrêtent, et le temps s’accélère.
Nuit blanche quand la musique crie sur la piste de danse, ou dans un appartement trop petit pour nos corps qui se touchent. La buée sur les fenêtres, trop froides ou trop chaudes, on ne sait jamais.
Nuit blanche quand on rit, à l’instantanée de nos mots qui s’échappent par la fenêtre, trop pauvres pour écrire une histoire, ou trop profonds pour s’en souvenir. Des sourires irrésistibles au creux de leurs joues.
Nuit blanche de ces cendres qui incendient son regard, les âmes aveugles, les braises glacées, le tabac froid.
Nuit blanche de parfums trop poivrés, expérience olfactive à chaque coin d’avenue, elles sont troubles, elles sont vibrantes, et la lune sourit.
Nuit blanche pour ces amoureux qui s’embrassent de la rue, qui se regardent l’un après l’autre sans parler. Electricité incandescente.
Nuit blanche pour ce garçon au balcon de ses peurs, seul au milieu de la fumée, insomnie chronique. Il admire les masques tomber sur le sol mouillé et le soleil, au loin, se lever.
Nuit blanche pour nos pensées qui s’évaporent depuis le soir jusqu’à l’aube. Un vide tacite entre toi et moi. On oublie tout.
Nuit blanche pour ce matin bien trop tôt, je vois le vent dans ses cheveux souffler les strass d’hier. Et nos paupières se ferment sur la ville réveillée.
Mélina Rard – Photo de la semaine
Nuit blanche quand il y a la magie d’un instant volé à l’ennui, quand une rencontre soudain vient éclairer une journée parfois trop sombre.
C’est un superbe texte, très bien écrit. On se laisse prendre pas son rythme, par ses vagues successives qui apportent parfois beaucoup de douceur et de tendresse.