Lumière – Photo de la semaine

Je me retrouve devant cette porte à la poignée cuivrée, au bois abimé, cette porte à l’odeur passée. Elle est le bout d’un couloir sombre, trop long, trop glauque, pour ne pas inspirer une certaine appréhension ; l’angoisse de l’après. La porte, c’était la lisière entre le connu et l’étranger, la peur et l’audace, les rêves et les désirs. Une vitre nébuleuse laisse paraître la lumière, de l’autre coté. Une lumière blanche, vive mais aussi douce tout en même temps, aveuglante de beauté.

Cela faisait déjà quelques minutes que j’hésitais, paralysée, plantée là au seuil de mes craintes. Je savais qu’une fois franchi, l’autre côté promettait des jours de soleils et des sourires sur les visages. Je savais qu’au delà de la porte, les tourments disparaîtraient aussitôt. Je savais bien tout cela, mais j’étais incapable de bouger. Je réfléchissais, peut être un peu trop, à toutes les façon de la contourner, de faire différemment. Parce qu’ici, dans le couloir, on m’a appris à rester dans l’ombre, assise. Attendre que la lumière traverse les murs, en regardant cette lueur avec envie.

Mais maintenant cette forme d’espérance me dégoutte. Je me retourne et vois leurs yeux vides dans le fond noir du couloir sombre, je veux les fuir. Ma soif de lumière est devenue trop forte pour que je puisse obéir. Tout ce que j’avais à faire, c’était d’actionner la poignée abimée par le temps.


Mélina Rard – Photo de la semaine 

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