Nu.mérique, un corps à corps à l’ère du digital

« Send Nudes », un classique du langage virtuel de notre génération. Il est aujourd’hui devenu commun à nos interactions sur les réseaux sociaux. Mais s’est-on vraiment penché sur le sujet, artistiquement parlant ? Le Nu en art existe depuis la nuit des temps, mais au fil des époques, son exposition a changé, et d’autant plus avec l’arrivée des écrans. Le Nu dans le numérique, c’est un sujet qu’a voulu exposer, le temps d’un week-end, l’association Hors Les Murs (HLM), à la Folie Numérique à la Villette. Et Première Pluie s’y est rendu.

Hors Les Murs, association de médiation culturelle du Celsa, école de communication de la Sorbonne, a organisé son festival Nu.mérique, du 27 au 28 septembre. L’événement invite les visiteurs à se pencher sur la question de l’exposition du corps à travers le numérique et les réseaux sociaux.

Au programme du festival : une exposition photo, vidéo et arts plastiques, sur trois étages d’un bâtiment rouge, moderne et au bord de l’eau. Durant le vernissage, des performances de danse et des DJ sets étaient mis à l’honneur.

Un concept mêlant art et nouvelle génération. Mais d’où vient ce projet qui semble attirer les curieux ? Amandine, membre de Hors Les Murs depuis 1 an, nous explique :

« Le numérique est au cœur des modes de vie actuels, surtout pour des étudiants en communication et médias. Il nous paraissait alors très intéressant d’aborder ce sujet de manière originale. »

Une fois le concept trouvé, HLM a prospecté un peu partout, sur Instagram et lors de diverses expositions afin de trouver des artistes dont la démarche collait au thème du « nude » sur les supports numériques. C’est alors des photographes, artistes plasticien.ne.s et dans.eur.euse.s qui ont rejoint le projet.

Tout comme les artistes, le lieu n’est pas non plus choisi au hasard. La Folie Numérique à la Villette, a déjà accueilli d’autres événements en lien avec le numérique. Dès lors, HLM a proposé pour Nu.mérique une scénographie réfléchie, par thèmes et selon les recommandations des artistes.

Mention spéciale de Première Pluie pour les néons rouges, à l’ambiance tamisée et parfaitement adaptée au thème de l’exposition.  

Pour Amandine, Nu.mérique est l’occasion de découvrir à travers une exposition, que la nudité peut être vue, grâce au numérique, de plusieurs manières différentes. C’est aussi, pour elle, l’opportunité de découvrir et d’échanger avec des artistes très prometteurs.

Une exposition accessible, et qui peut intéresser chacun d’entre nous.

Un peu plus loin dans notre visite, nous avons rencontré Ohlolos, le duo Manon et Léa, deux jeunes femmes en école d’art à Bruxelles. Depuis un an et demi, elles créent et diffusent un projet artistique spécifique, partant d’une idée floue : mener une action de street art impactante qui mettrait en avant le corps de la femme.

Le projet a pris forme, et surtout de l’ampleur. Manon et Léa ont organisé des ateliers de moulage de corps féminins, avec environ quinze participantes pendant les douze sessions. Ohlolos moule avec du plâtre des bustes de femmes, tous différents, tous beaux, tous femmes. Ensuite, elles les colorent et inscrivent un numéro unique à chaque modèle. Les bustes sont ensuite exposés dans les rues de Paris et répertoriés sur une carte pour que chaque modèle puisse retrouver son moulage.

Un projet osé, féminin et féministe qui fait du bien au moral. Pourtant, il a reçu quelques réactions négatives lors d’une promotion au festival de promotion de l’Art féminin « Oh les Filles », à Yzeure, en Auvergne.

Mais cela n’a pas arrêté les deux amies artistes, qui proposent leur projet à tous, en Open Source sur leur Instagram, avec un petit mode d’emploi. Pour elles, il est important que chacun et chacune puisse reproduire le moulage de son propre buste et l’exposer où il/elle le souhaite. D’ailleurs, Lille et Bordeaux semblent prendre le relais.

« De notre côté, on voudrait continuer à exploiter le projet en testant de nouveaux matériaux, de nouvelles approches. Ce projet a de belles vertus, artistiques mais aussi thérapeutiques, dans la mesure où le projet a pour but de faire accepter toutes les morphologies. Certaines participantes ont déjà témoigné du bienfait que leur procurait le moulage, leur faisant se sentir jolie. »

Première Pluie soutient à la folie ce doux projet. Si cela vous intéresse, on vous invite à les suivre sur Instagram : @ohlolos.

En résumé, la délégation parisienne de Première Pluie a adoré ce festival ! De l’art, des gens heureux, un aspect engagé et lié à notre génération, sur des sujets que l’on ne maîtrise pas toujours. Pour nous, c’est une thématique pertinente et pourtant peu abordée dans les évènements culturels. Les projets exposés sont très accessibles, et surtout inspirants.

Nu.mérique ne se termine que dimanche 28 septembre à 20 heures, à la Folie Numérique à Paris. Entrée gratuite. Alors foncez !


Marianne Thiry et Pauline Gauer

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