Il était une fois, une jeune fille qui rêvait de passions et d’aventures. Elle se levait chaque matin avant que le soleil ne voile la lune, quand les nuages étaient encore roses et les passants de la rue endormie. Elle répétait inlassablement les même rituels qu’on lui avait enseignés depuis petite. Chevelure, littérature, peinture. Toujours les mêmes mots, toujours les mêmes vers. Elle, rêvait de nature, de mer d’azur, de futur…entre ces quatre murs qui l’enfermaient. Elle s’échappait grâce à son miroir, merveilleux, il lui révélait les courbes des plaines fuyantes vers les eaux foncées des littoraux, les étendues vertes sombres des forêts, les alpages froids et les déserts brûlants, les passions incandescentes des corps vivants. Elle pouvait passer des heures, noyée dans l’étendue argentée, à regarder l’éclat du dehors.
Un matin d’hiver, alors que les flocons tombaient silencieusement sur les pavés, elle rêvait de la douceur des pays chauds. Elle saisit son miroir et dans un élan ardent, le laissa tomber au sol. Sans même le ramasser, elle savait, elle avait entendu le bruit fracassant qui avait suivit la chute. Elle restait debout, le miroir à ses pieds, à regarder les milliers de paillettes s’en échapper. Puis elle s’agenouilla, mania délicatement la glace brisée. La neige du ciel se reflétait sur les fragments. Plus de plaines, plus de déserts, plus de mers, seulement la neige qui tombait doucement. Des yeux de la jeune fille, glissa une petite goutte d’eau salée, qui vint s’écraser sur son reflet morcelé. Il ne lui était plus donné de rêver. Désormais, elle ne connaîtrait plus que la neige.
Mélina Rard – Photo de la semaine