Narcisse – Photo de la semaine

Le mythe pour se réinventer, pour comprendre, se connaître, à nouveau. Un miroir, un reflet, Narcisse. À sa naissance, le devin Tiresias augure une longue vie à celui qui ne verra pas son visage. Mais la soif le conduit au lac impure qui lui révèle son image. D’amour et de langueur, Narcisse se meurt face à son reflet. 

Le lac dit « Je pleure pour Narcisse, mais je ne m’étais jamais aperçu que Narcisse était beau. Je pleure pour Narcisse parce que, chaque fois qu’il se penchait sur mes rives, je pouvais voir, au fond de ses yeux, le reflet de ma propre beauté ». Miroir, mon beau miroir, révèle moi qui de nous deux est le plus beau. Révèle moi. Inquiet de ma propre image, je ne me vois pas. Ma peau, mes yeux, mon visage, qui suis-je ? Est-ce moi ? Je ne me regarde pas pour me voir moi, je ne me réduit pas à mon reflet immaculé mais vois l’image que je projette sur moi. Aveuglement.

Affrontement, lutte, avec ce que l’autre me renvoie. L’autre. Le miroir ? Dualité, dédoublement et unité, identité. Se connaître en se projetant comme autre. « Je me mire et me vois ange ! ». Se voir. Miroir mystique. Initiation. Métamorphose. Mourir à cette fausse image et renaître, autrement. Ne plus avoir peur et se laisser être, et s’ouvrir à l’autre. Le voir.

C’est le même qui est deux. Narcisse en quête de son double, tente de retrouver son identité manquante. En me regardant dans ce miroir je cherche ce qu’il me manque. Et je vois. J’entends, l’appel à retrouver ma complétude originelle. Unité de l’espace et du temps, de l’âme et de la chair, du masculin et du féminin, du moi et de l’autre.

Narcisse n’est alors plus l’égoïste personnage amoureux de son image mais la douceur et l’innocence embrassant la vie en lui. La beauté exhaussé, réconcilié avec le disjoint d’autrefois. Réunification. Cercle vertueux. Renouvellement. « et je meurs, et j’aime ».


Mélina Rard – Photo de la semaine

Laisser un commentaire