On court, on danse, on rit, des sourires trop grands pour nous. Vision brouillée avant que le soleil ne se lève, néons abimés. C’est pas grave on danse, encore, on court encore, plus vite. Pour oublier le temps, des étoiles qui pleuvent sur nos têtes, étincelles d’instants fatigués. C’est des corps désarticulés sous les lumières assourdissantes, qui battent la mesure à l’unisson. Des yeux qui tournent, dilatés de pupilles trop sucrées. Des bruits au ralenti qui viennent taper sur les murs transpirants. C’est des cris qui hurlent d’ivresse à la chaleur de l’hiver. Des paupières qui se ferment sur le début du jour. C’est des flashs qui vrillent en moi, au matin de cette nuit là. Quand tout s’arrête, que le soleil vacille derrière les nuages pâles. Et le paysage défile.
Je cherche la tendresse de son regard.
Je me souviens de ses mots qui parlent sans cesse, je me souviens de nos bras entrelacés, de nos bouches qui se cherchent. J’aimerai courir encore, ne plus sentir le vent, revoir la mer, parler aux gens de la rue, sourire à la nuit, savoir aimer, et puis te reconnaître dans la foule. Derrière les vitres, la ville qui se réveille.
Mélina Rard – Photo de la semaine
Magnifique ! Une invocation à la beauté et au sensible, comme l’apparition d’une vérité soudainement dévoilée, une épiphanie suave et enivrante . Höderlin nous enjoignait à habiter poétiquement le monde, il en est exemplairement et admirablement question ici.