Depuis 1983, l’Etablissement Français du Sang n’autorisait pas les hommes ayant eu des relations sexuelles avec d’autres hommes (HSH) à donner leur sang, en raison d’un risque supposé de contamination par le virus du sida. En 2016, ils sont autorisés à être donneurs seulement s’ils n’ont pas de relations sexuelles HSH dans les douze mois précédant le don. Et depuis avril, ce délai d’abstinence était passé à quatre mois. Une mesure extrêmement critiquée et jugée discriminante et homophobe, même après la réduction du délai.
Ce mercredi 1er juillet, un amendement du projet de loi de bioéthique a retiré tout critère discriminatoire à l’accès au don du sang en France.
“Les critères de sélection du donneur ne peuvent être fondés sur le sexe du ou des partenaires avec lesquels il aurait entretenu des relations sexuelles” – ont inscrit les députés via un amendement du corapporteur Hervé Saulignac (PS), cosigné par une centaine d’élus.

Une bonne nouvelle que le ministère de la Santé a présenté comme “une première étape” vers un alignement des conditions du don pour les homosexuels sur celles des hétérosexuels pour “l’horizon 2022”. Une nouvelle étude doit en effet être effectuée pour évaluer les risques de transmission du VIH à la suite d’une transfusion réalisée à partir du sang d’un donneur HSH, selon le ministre Olivier Véran. Mais en attendant, les choses avancent et les politiques s’en réjouissent sur les réseaux sociaux.
“Le don du sang est une liberté. Tout le monde doit pouvoir y avoir accès, au nom du principe d’égalité. Nous ne pouvons plus accepter une discrimination basée sur une orientation sexuelle. Les humiliations vont enfin cesser” – Guillaume Chiche, député des Deux-Sèvres, membre du groupe Écologie Démocratie et Solidarité.
“Fier d’avoir cosigné et voté à l’instant en commission spéciale bioéthique l’amendement d’Hervé Saulignac visant à supprimer le délai d’abstinence sexuelle imposé aux homosexuels et bisexuels pour le don du sang” – Matthieu Orphelin, membre du groupe Ecologie Démocratie et Solidarité
Pour autant, certains ne se réjouissent pas tellement de la décision prise par l’Assemblée Nationale. Le collectif Homodonneur, basé à Toulouse, conteste les modalités de cette nouvelle étude des risques de transmission du VIH, et organise des mobilisations symboliques ces dernières semaines.
“Nous contestons les modalités de cette nouvelle étude, baptisée Complidon 2 et calquée sur la première (Complidon 1) : son résultat avait laissé planer le doute sur les risque d’infection au VIH en estimant qu’ils étaient 2 fois plus élevés pour un donneur HSH que pour un hétérosexuel, soit un tous les quatre millions trois cent mille dons (moins d’un par an). Il n’y a pas de raison que cette nouvelle étude donne un résultat différent. Nous ne voulons pas laisser ronronner la machine ministérielle. Nous demandons, à la place, à ce que des tests de dépistage systématique soient effectués sur les personnes transfusées, 4 mois après cette transfusion. C’est la seule méthode dont les résultats seront véritablement fiables.” – Frédéric Pécharman, membre du collectif Homodonneur
Examiné en deuxième lecture par la commission spéciale, le projet de loi de bioéthique a prévu en partie d’ouvrir la PMA aux femmes célibataires et aux couples de lesbiennes.
Pauline Gauer