Le passage piéton – Métro Polis saison 2

Couverture : Apostrophe M


Suite à l’exposition Métro Polis réalisée en mars dernier, Pauline Gauer et Marvin Gomis signent ensemble pour une nouvelle saison. Cette fois-ci, tout débute par un arrêt mondial de la vie courante. Et Métro Polis sans métro, c’est difficile à imaginer. Alors, Métro Polis se réinvente pour un temps, par des mots et des images sous le signe de la vie pendant le coronavirus, dans la rue ou devant les supermarchés. Soyons forts.


De ma fenêtre, je vois le ciel. D’un bleu azur aux nuances immaculées. Aujourd’hui il fait be

En face de ma fenêtre, il y a d’autres fenêtres. Certaines sont déjà ouvertes, d’autres attendent de se réveiller. D’ici, je vois les gens qui déambulent chez eux et ils me voient aussi. C’est un peu dérangeant, pas vraiment agréable.

Au dernier étage, ce sont des étudiants. Une vie dans quelques mètres carrés, sous les toits. Puis plus bas, les beaux appartements, aux lustres de cristal et aux balcons ornés de fleurs. Curieux paysage.

Je baisse les yeux. En bas, les gens se précipitent dans l’avenue. C’est le matin et déjà l’heure des tâches que l’on n’a pas choisi de faire. Les scooters fanfaronnent et les voitures crissent au croisement de l’avenue et d’une rue perpendiculaire.

De ma fenêtre, je vois le carrefour bondé, et des gens dans tous les sens.

Soudain, sur un passage piéton, une femme attire mon attention. Elle est petite, vêtue de noir et de là où je suis, je dirais qu’elle a une soixante d’années. Je la remarque car c’est la seule qui marche à un rythme lent, au milieu de la foule qui court, qui se casse la gueule et qui se relève.

Elle porte un voile clair et sur ce passage piéton noir et blanc, seules ses chaussures vertes et son sac couleur pomme dénotent. 

Sous son bras, je remarque des sacs de courses bien remplis. Elle sort à peine du Mc Donalds car dans sa main, une petite glace en pot semble déjà fondre sous la chaleur.

Peut-être sait-elle que je la regarde, du sixième étage d’un immeuble de l’avenue.

Elle semble fatiguée. C’est une nouvelle fois son allure qui m’amène à dire ça. On dirait qu’elle souffre de douleurs dans les jambes ou quelque chose comme ça.

Les gens autour la doublent, la bousculent sans le vouloir mais ne s’excusent pas et ça, ils l’ont voulu.

La dame au sac vert, tenant toujours sa glace, finit par arriver de l’autre côté du trottoir. A temps pour que le feu repasse au vert et que les voitures redémarrent. 

La vie reprend alors, le carrefour bondé et des gens dans tous les sens.


Pauline Gauer & Marvin Gomis

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