Enfin ! Une proposition de loi pour interdire les thérapies de conversion en France vient d’être déposée

Assez fréquentes aux Etats-Unis, les thérapies de conversion, aussi appelées thérapies de réorientation sexuelle ou thérapie réparatrice ont fait leur apparitions en France depuis ces dernières années. Ces thérapies pas vraiment légales sont un ensemble de traitements pseudo-scientifiques dans le but de modifier l’orientation sexuelle d’une personne, en changeant une homosexualité ou une bisexualité en hétérosexualité.

Ces thérapies sont également proposées à des personnes transgenres, et elles sont mises en place par des personnes qui considèrent l’homosexualité comme une maladie à éradiquer. Les personnes effectuant ces thérapies se retrouvent sous la contrainte ou doivent obéir à une culture familiale.

Ces pratiques moyenâgeuses ont encore lieu en France, de manière discrète et en contournant la loi. Pour y remédier, Laurence Vanceunebrock, députée LREM de l’Allier, a déposé mercredi 1er juin 2020 une proposition de loi afin d’interdire les thérapies de conversion en France.

“Quand j’ai été saisie du sujet en 2017, je connaissais l’ampleur du sujet aux États-Unis, mais pas sur le territoire national. J’ai commencé à faire quelques recherches et, rapidement, je me suis rendue compte qu’il y avait différentes sortes de thérapies de conversion. Il y avait les thérapies religieuses qui touchent d’ailleurs les trois religions monothéistes et les thérapies médicales. On a pu entendre lors des auditions un jeune qui avait subi des électrochocs dans une clinique privée du sud de la France et des injections d’hormones. Des choses vraiment très difficiles et très dures à subir. C’est bien souvent d’ailleurs, dans ces moments-là, que ces jeunes homosexuels, qu’ils soient hommes ou femmes, ont tendance à se replier sur eux-mêmes, à déprimer et parfois à commettre l’irréparable.” – Laurence Vanceunebrock

Depuis 2 ans, Laurence Vanceunebrock travaille sur cette proposition de loi. Pour elle, il est important de montrer à toutes les victimes de ces thérapies de conversion qu’elles seront entendues et que le gouvernement fera tout pour interdire ces pratiques. 

“Le but de cette proposition de loi, déposée ce matin sur le bureau de l’Assemblée nationale et qui, on espère, sera défendue assez rapidement dans l’hémicycle, c’est de protéger ces victimes.” – Laurence Vanceunebrock

Au Palais Bourbon, dans le cadre d’une commission, Laurence Vanceunebrock avait recueilli de nombreux témoignages de victimes de thérapies de conversion, aux côtés de Bastien Lachaud, député LFI. La proposition de loi présentée le 1er juin prévoit notamment la création d’une infraction spécifique dans le code pénal, mais aussi des peines importantes pour les organisateurs de ces pratiques, allant de 2 à 3 ans de prison et de 30 000 à 45 000 euros d’amende.

En attendant le passage du texte dans l’hémicycle, Laurence Vanceunebrock espère recevoir une vague de solidarité pour défendre la cause.

“J’espère que la voix des victimes de thérapies de conversion sera entendue et que le gouvernement, comme mes collègues de tous les partis, feront front, avec moi, contre ces pratiques” – Laurence Vanceunebrock

Et cette volonté d’interdire ces pratiques s’étend à l’échelle européenne. En mars 2018, dans un rapport, le Parlement européen “condamne avec force la promotion et la pratique de thérapies de conversion pour les personnes LGBTI et encourage les États membres à ériger ces pratiques en infractions pénales”. L’amendement voté a obtenu 435 voix pour, 109 contre et 70 abstentions. La lutte contre les thérapies de conversion progresse !

“Il y a une urgence à interdire ces pratiques, pour une raison très simple : en plus d’être violentes physiquement et psychologiquement, elles entretiennent une haine de soi chez les personnes qui ont la sensation de faire quelque chose de très mal, et cela les détruit. Cela va parfois jusqu’au suicide” – Frédéric Gal, directeur de l’antenne du Refuge de Montpellier, pour Libération


Pauline Gauer

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