Portrait extrait du podcast L’averse, disponible sur les plateformes de streaming
Ilya Lobacheva a 21 ans. Il est étudiant en psychologie et créateur de contenu artistique de mode sur les réseaux sociaux. C’est au collège qu’il se lance dans la photographie, en publiant sur Instagram des autoportraits où il se met en scène. Au fil des années, son travail révèle une véritable identité et un univers entre féerie et cauchemar.
“Souvent dans mes autoportraits, il y a toujours une dualité dans le sens où il y a toujours un petit fond très sombre et à la fois il y a toujours un éclat de lumière. C’est très contrasté. Je trouve qu’à chaque fois que je vois une image, je vois une histoire qui m’est arrivée ou du moins un événement.”
En mars dernier, au début du confinement, en parallèle d’Instagram, il se lance sur l’application TikTok alors en plein essor. Pour lui, c’est un nouveau moyen de partager son travail au travers de petites vidéos de 15 secondes.
“En fait, ça m’a permis de montrer un peu le cheminement qu’il y avait sur toute la création de l’image. Vraiment, partir du croquis jusqu’à la réalisation des accessoires, la mise en scène, faire le set up lumière, prendre la photo, la retouche. TikTok m’a permis de montrer les dessous de mon travail puis par la suite, de m’assumer.”
Au cœur de son travail, on retrouve la question de l’identité. Ilya brise les codes actuels du genre en se montrant maquillé ou en tenues dites “féminines” sur ses vidéos et ses photos. Et il y a trois semaines, il publie une vidéo qui fait le tour du monde et atteint en peu de temps les 7 millions de vues sur TikTok.
“Il y a une vidéo qui a particulièrement buzzé, de moi qui me prépare, où juste je mets une jupe. Et alors là, ça a affolé la toile.”
Son compte explose et atteint en trois semaines les 270 000 abonnés. Ilya se retrouve alors à publier du contenu pour une grande communauté et il veut faire les choses bien : partager un message de tolérance et d’acceptation de soi.
“J’ai vraiment envie de véhiculer un message de positivité et de tolérance. Je pense que c’est vraiment le truc qui me tient le plus à cœur. C’est vraiment de montrer que le monde a plein de facettes. Et qu’il a des personnes qui ont des styles différents qui existent, des hommes qui peuvent porter des jupes sans pour autant vouloir qu’on les genre au féminin. J’ai l’impression qu’on est dans un monde qui est très contrasté. C’est toujours soit blanc, soit noir. Mais non. En fait au milieu, il y a plein de nuances de gris et moi ce sont les nuances de gris dont j’ai envie de parler.”
Ilya parle du positif, mais les réseaux sociaux sont aussi pour lui une vitrine de son engagement multiple.
“Je suis très engagé au niveau du féminisme, du racisme et de la cause LGBTQIA+. J’ai envie de montrer qu’on peut faire tout ce cheminement, mais que ça prend du temps aussi de s’assumer. Et je me dis qu’une démarche plus douce, une méthode plus déculpabilisante, ça pourrait peut-être sensibiliser d’autres personnes.”
En très peu de temps, il reçoit de nombreux messages de soutien d’une communauté internationale. L’engagement d’Ilya est universel.
“J’ai une communauté très étendue sur le globe. Je fais pas mal de posts en anglais. Quand je fais des vidéos sur TikTok, je mets toutes les annotations en anglais pour que justement ça puisse toucher un maximum de monde. Et à la fois, je me retrouve beaucoup plus dans une communauté internationale au final. J’aime beaucoup croiser les avis, les opinions et les cultures.”
Ce qui plaît dans la démarche artistique d’Ilya, c’est aussi sa bienveillance et son soutien envers les membres de sa communauté. Une expérience qui l’aide aussi à comprendre qui il est.
“Mes vidéos m’ont permis de pousser encore plus loin les réflexions sur mon identité. Voir des personnes qui sont complètement perdues et qui ne savent même plus, à force, qui elles sont, le fait de devoir les conseiller et de voir que mon contenu leur fait du bien, je suis allé encore plus loin, moi, dans ma quête de moi-même.
C’est la plus belle des récompenses : ça m’a permis de me trouver, en voulant aider les autres.”
Le travail d’Ilya Lobacheva est à retrouver sur Instagram et TikTok
Pauline Gauer