Portrait : Isabelle Paelinck, et ses tatouages qui reconstruisent : “J’aide mes patientes à se regarder de nouveau dans le miroir.”


Portrait extrait du podcast L’averse, disponible sur les plateformes de streaming


Isabelle Paelinck a toujours aimé créer et dessiner. Après le bac, elle étudie les arts plastiques aux Beaux-Arts de Bruxelles. Une filière qui lui plait beaucoup mais un jour c’est le déclic : Isabelle décide de mettre ses compétences artistiques au service des personnes.

“J’ai été confrontée par plusieurs proches à des maladies graves et ça m’a conscientisée dans ce que je pouvais apporter aux gens. Et quand j’ai découvert ce métier que je ne connaissais pas, qui est le tatouage reconstructeur ou réparateur, ça m’a complètement bluffée. Je me suis dit “voilà, c’est vraiment ce que je veux faire : profiter des compétences artistiques que j’ai pour les mettre dans la peau de la personne”.”

Isabelle est tatoueuse réparatrice. Elle travaille en collaboration avec quatre équipes de chirurgie, et intervient à la dernière étape de la reconstruction. Son travail, c’est le tatouage d’aréoles mammaires hyper réalistes, pour des femmes ayant subi une mastectomie suite à un cancer du sein, mais aussi des tatouages de sexes reconstruits, des réparations de cicatrices, et des reconstructions du visage suite à un bec de lièvre ou un accident de voiture.

“Chaque peau est différente, chaque personne est différente, chaque forme de visage est différente. C’est toujours une nouvelle aventure avec chaque personne qui arrive dans mon cabinet. Il n’y a pas de copier-coller chez moi. Tout est mesuré en fonction du visage ou du sein de la personne. Tout est pensé en fonction du type de peau, de la problématique, donc je ne m’ennuie jamais. Et alors, ce que j’adore, c’est que j’ai un suivi très proche avec les patients.”

On crée un lien qui est assez fort. De A à Z, on reste en contact pendant toute la cicatrisation et après la retouche.”

Isabelle place ses patientes au centre de leur projet de réparation : elles doivent valider ensemble chaque étape de son travail. Finalement, le métier d’Isabelle, c’est d’aider des personnes à se sentir mieux dans leur peau et à s’accepter.

“C’est très porteur et gratifiant pour moi, parce qu’évidemment que mes patients ont un retour magnifique. J’aide vraiment ces personnes à se regarder dans le miroir. C’est souvent un moment émouvant à la fin de la prestation parce qu’elles me disent : “Oh, je ne m’attendais quand même pas à ça, je savais que c’était beau mais là c’est dingue. J’ai enfin l’impression de me retrouver moi.” A ce moment-là, j’ai rempli ma mission.”

Chacun des trajets durant lesquels Isabelle accompagne un patient dure entre trois et six mois, avec une première prestation puis des séances de retouches. Mais finalement, le résultat en vaut la peine.

“Je connais des personnes qui avaient mis des couvertures sur les miroirs pour être sûres de ne pas voir leurs seins. Et puis après tout ce que l’on fait pour réparer ça, il y a de nouveau une reconnexion : elles savent se regarder, elles savent se toucher, elles savent se masser.”

C’est génial parce qu’on a vraiment l’impression de redonner une complétude en fait, de rendre la personne complète.”

En parallèle des prestations de son cabinet, Isabelle fait partie d’Oncobulle, un réseau de massothérapeutes, de coachs et de spécialistes paramédicaux qui accompagnent les personnes pendant et après un cancer dans leurs démarches en lien avec l’image de soi. L’objectif : créer un lieu d’accueil où les patients pourront bénéficier d’un suivi psychothérapeutique et de soins.

Merci à Isabelle Paelinck pour cet échange.
En savoir plus sur ses prestations : isabellepaelinck.com
En savoir plus sur le réseau Oncobulle : oncobulle.eu


Pauline Gauer

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