Bientôt le printemps. La saison des verres en terrasses sur des terrasses fermées. La saison des concerts, des festivals et des balades le samedi soir. Tout est éteint. La nuit commence à dix-huit heures.
Mais rappelons-nous, du printemps au soleil, des cinémas en plein air et du week-end de Pâques. Le printemps. La renaissance. La nature qui ouvre les yeux à son tour. La première pluie.
Ce renouveau a inspiré les artistes depuis des siècles dans la représentation d’arbres en fleurs et de la libido printanière. Alors cette semaine, Triptyque met en lumière trois artistes de siècles différents qui ont illustré le printemps avec leur plus beau regard.
Nave Nave Moe, trois mots qui sonnent comme une poésie. “Douces rêveries” en tahitien. C’est un voyage sur cette île de Polynésie française qui inspire Paul Gauguin à peindre ce tableau en 1894. Un souvenir de ses rencontres, et de sa compagne Tehamana, une jeune tahitienne protestante.
Ce tableau mêle le printemps à une représentation de la profonde piété du peuple tahitien, où le christianisme et les anciens cultes maoris coexistent. En arrière-plan, on retrouve une danse autour de deux tikis, des sculptures de bois représentant des hommes-dieux. En premier plan, deux femmes sont assises à même le sol, et l’une d’entre elles, sûrement Tehamana, porte une auréole derrière la tête.
Au travers de cette œuvre, Paul Gauguin nous présente Tahiti comme une terre promise, où “femmes et vivres sont en abondance”. Mais l’admiration du public face à Nave Nave Moe est surtout due à sa structure artistique à la fois naïve et homogène, et aux couleurs captivantes qui embellissent la lumière dorée d’un soir tropical de printemps. Cette scène semble n’être qu’un rêve imaginé par le peintre par nostalgie des beaux jours.
Nave Nave Moe, Paul Gauguin
La mode est aussi art. Et tous deux cherchent le beau du résultat. Dans la Haute Couture, de véritables réflexions et techniques sont nécessaires à la création. Christian Dior, fondateur de la célèbre marque de Haute Couture et de parfums, met l’art au centre de son travail en créant des vêtements uniques, relevant d’une extrême minutie.
May en est un bon exemple. Créée en 1953 par Christian Dior, cette robe de soie est un véritable paradoxe entre naturel et sophistiqué. Herbes, fleurs, trèfles, c’est un véritable jardin qui se dessine sur les plis de cette robe volumineuse. Actuellement exposée au Metropolitan Museum of Art de New York, cette œuvre confectionnée par le brodeur René Bégué illustre avec naïveté les prairies de nos enfances, et le retour des jours sans orage.
May, Christian Dior
Le printemps inspire la fête. C’est d’ailleurs le cas au Nord de l’Inde où l’on célèbre chaque année l’équinoxe de printemps avec le Holi. Aussi appelée Fête des couleurs, cet événement religieux hindou rassemble des milliers de fidèles au mois de mars, venus chanter et lancer des poudres de couleurs pour égayer les temples, les rues et les gens.
Le Holi est un événement très prisé par les photographes car il respire le bonheur et le retour des beaux jours. Le photographe Jagjit Singh a immortalisé les célébrations de Barsana, au Temple Radha Rani en 2012, publiant par la suite la photographie qui a fait sa renommée : Samaj I (en français : Assemblée).
“Les festivals font partie intégrante de la vie des Indiens, ils illustrent la richesse du patrimoine culturel du pays. J’aime exprimer l’importance de ces festivals indiens et leur signification.” – Jagjit Singh
Samaj I, Jagjit Singh
Pauline Gauer