Couverture : Jérôme Rey
Portrait extrait du podcast L’averse, disponible sur les plateformes de streaming
C’était la Une de La Provence ce mardi 30 mars : “Rififi autour de la répétition de Francis Lalanne”. Le Théâtre des Vents, l’un des lieux culturels réputés du Festival d’Avignon, risque une fermeture administrative d’au moins trois semaines. Pour cause, une répétition d’une pièce avec Francis Lalanne, qui a suscité l’intervention de policiers. C’est Stéphane Roux, le directeur du lieu, qui nous raconte.
“Le premier jour, ils sont venus avant la séance pour nous dire que l’on n’avait pas le droit de se réunir. Ce à quoi nous avons répondu : “Si, c’est le droit des associations.” Mardi, j’ai mandaté un huissier de justice pour faire constater l’empêchement. L’huissier est rentré et a bien constaté à l’intérieur que tout le monde respectait les mesures sanitaires. Il est parti et ils ont attendu qu’on sorte pour renouveler la même intimidation.”
“Il y avait à peu près une quinzaine de policiers devant le théâtre. Le préfet nous menace de trois semaines de fermeture administrative.”
Et les vingt membres de l’association présents ce soir-là risquent d’être amendés. Stéphane Roux et son équipe répétaient pour le spectacle “Les Fables de La Fontaine” avec Francis Lalanne, à l’affiche du Théâtre des Vents pour la Saison 2021 du Festival d’Avignon. Pour Stéphane, la police a agi de telle manière par peur que d’autres associations culturelles rentrent dans la brèche et se rebellent face à la situation.

“On nous empêche de nous réunir. C’est évident, on subit une censure de la culture puisqu’on interdit une réunion d’association culturelle et que d’autres rassemblements ne sont pas sanctionnés. Le jour où la police est venue, le 29 mars, il y avait sur les réseaux une communication de la ville d’Avignon qui invitait à se rendre sur les Allées de l’Oulle pour se rendre au marché des agriculteurs.”
“Qu’on m’explique qu’un marché d’agriculteurs rassemble moins de gens qu’une réunion de travail avec une quinzaine de personnes dans une salle de 65m2.
Tout cela n’a aucun sens : autoriser les réunions d’entreprises, ouvrir les centres commerciaux mais fermer les salles de spectacles et les cinémas. En tant qu’auteur, compositeur, interprète et metteur en scène, Stéphane Roux manifeste sa colère face à la situation alarmante du monde du spectacle depuis le début de la pandémie, il y a un an déjà.
“J’ai l’impression qu’on est dans la quatrième dimension, qu’on glisse gentiment vers une espèce de dictature sanitaire. C’est criminel. Ils essaient de nous diviser en fait. Avec des gens qui sont masque ou pas masque. Ensuite, on ne peut pas se parler aux terrasses des cafés. On ne peut pas se parler à la table d’un restaurant. On ne peut plus échanger, on ne peut plus réfléchir devant un spectacle.”
“Aujourd’hui, ils utilisent le prétexte du virus, qu’il ne faut pas nier, pour diminuer nos libertés, pour réduire nos libertés.”
Ce mécontentement, c’est aussi celui des milliers d’intermittents du spectacle qui se sentent censurés et abandonnés par le gouvernement, et qui militent pour retrouver leurs droits et leurs scènes. Nous apportons tout notre soutien aux acteurs de la culture face à cette situation, et espérons que le droit de réunion associative de Stéphane Roux et son équipe soit accepté par le gouvernement.

Pauline Gauer