Portrait extrait du podcast L’averse, disponible sur les plateformes de streaming
Imaginez un instant le théâtre et l’histoire de l’art réunis dans un projet commun : celui d’apprendre et d’interroger en divertissant. Celle qui a eu cette idée, c’est Hortense Belhôte, comédienne et historienne de l’art, avec qui nous avons échangé.
“Pendant une dizaine d’années, j’ai enseigné dans des écoles supérieures et des écoles de design et de marché de l’art. J’ai pas mal bossé comme interprète dans des spectacles de théâtre et de danse contemporaine. Petit à petit, j’ai développé une forme qui est à mi-chemin entre les deux, et qui occupe la plupart de mes journées maintenant : ce sont des conférences performées où j’allie spectacle et contenu historique ou artistique.”
A la suite d’une de ses conférences performées en 2017 pour le Festival du Film de Fesses, un festival de cinéma érotique à Paris, Hortense se lance dans la création d’une mini-série sur l’histoire de l’art pour la chaîne de télévision Arte : Merci de ne pas toucher.
“On a vraiment travaillé ensemble avec la réalisatrice Cécilia De Arce, et le fond et la forme sont complètement indissociables. Le vrai sujet de la série, ce n’est pas la peinture, c’est le regard. Il y a un personnage qui guide par la voix le regard du spectateur sur un tableau ancien, mais qui, en même temps par son corps, est ancré dans le réel et va nous raconter apparemment une autre histoire.”
Merci de ne pas toucher, c’est une série de dix épisodes de trois minutes dans laquelle Hortense met en scène des œuvres célèbres, souvent érotiques, dont on ne connaît pas toujours l’histoire. Entre esthétique et humour, la série tente de transposer le côté intime du tableau en contextualisant les discours sur l’œuvre au sein d’une scène plus moderne et populaire.
“Si Merci de ne pas toucher éduque à quelque chose, c’est peut-être une éducation au regard et au plaisir intellectuel de faire résonner les choses entre elles et de se sentir très libre de le faire. De faire résonner le passé et le présent. De faire résonner notre quotidien avec les œuvres d’art. De faire résonner la haute culture avec la culture plus populaire.”
Dans les différents épisodes, Hortense Belhôte aborde les questions d’anatomie, du rapport à la littérature, de la peinture de genre, des notions de convenance et du réalisme. L’objectif, c’est de découvrir les grandes notions classiques de l’histoire de l’art à travers dix œuvres de grands maîtres français, espagnols, italiens et néerlandais.
“On aborde tout un tas de questions liées au corps et à la sexualité, qui vont être des questions d’homosexualité, de masturbation, de transidentité. On va aller chercher quelles sont les résonances des choses anciennes aujourd’hui, comment déconstruire tout cela et comment comprendre comment notre monde s’organise et s’organisait. En l’occurrence, c’est une vulgarisation qui prend le prisme de l’érotisme et de la quotidienneté, et qui va donc jouer avec la notion de vulgarité. Le vulgaire à la fois au sens de “sexuel” et au sens de “banal et quotidien”.”
Après la succès de la série, Hortense et son équipe souhaitent trouver un moyen d’inscrire le projet plus durablement, en faisant de Merci de ne pas toucher un vrai repère culturel. Merci à Hortense Belhôte pour cet échange. Nous vous conseillons fortement de jeter un œil aux épisodes de la série, en replay sur Arte ou sur la chaîne YouTube de Arte.
Pauline Gauer
Bel interview, je n’ai vu qu’un épisode à ce jour…mais ce week-end je les regarde tous !