Faire bouger les lignes et danser les corps, c’est ainsi qu’on pourrait résumer la démarche de Lucie Antunes. Batteuse et percussionniste de formation, devenue compositrice électronique, ex-membre de Moodoïd, elle sortait en 2019 un premier exercice en solitaire, avant de récidiver, en 2023 avec Carnaval, augmenté de 5 nouveaux titres à la fin de l’hiver dernier. Elle est de passage à Metz pour le Bliiida Festival ce vendredi soir. Interview.

Prenez vos places pour le Bliiida Festival

Qu’est-ce que tu as fait pour la première fois, en créant Carnaval ?

Ce que j’ai fait avec Baby Volcano, je l’ai fait pour la première fois. J’ai vraiment écrit un morceau pour elle. C’était un rythme particulier, un BPM particulier. Je n’avais jamais composé avec aussi peu d’instruments. Ce minimalisme était inédit. 

Les collaborations sont arrivées avec la réédition de cet album, il fallait d’abord un espace personnel, avant de l’ouvrir à d’autres, sur Amazing Carnaval ?

Ça s’est fait comme ça et l’envie est venue naturellement. Je voulais composer dans l’univers des artistes invité·e·s. Ce qui était excitant, c’était de partager avec elles et eux l’urgence de faire les morceaux et d’explorer des endroits dans lesquels je n’étais jamais forcément allé. 

“Quand j’écris, je pense beaucoup au live.”

Ton premier album Sergeï t’a accompagné longtemps sur scène, tu penses que Carnaval connaîtra le même destin ? 

Sergeï est sorti juste avant le Covid. C’était mon premier album. Je n’ai pas baissé les bras, j’ai joué où j’ai pu jouer, quand les concerts ont repris, c’est ce qui explique cette “longévité”. Donc j’espère que Carnaval ne va pas connaître le même destin ! 

Qu’est-ce que tu découvres sur scène à propos de cet album, que tu n’avais pas anticipé en le créant ? 

J’avais tout calculé, donc je n’ai pas eu de surprises particulières. Quand j’écris, je pense beaucoup au live. J’ai peu de surprises, parce que c’est mon métier, je suis Directrice Artistique. Je sais très bien mettre en scène mon live pour qu’il soit fidèle à ce que j’ai imaginé.  

“Envisager la voix comme un instrument” 

La batterie, c’est un instrument qui est perçu comme masculin, et c’est qui fait que tu es d’abord passée par la flûte traversière. Tu penses que les choses évoluent ?

Je ne crois pas. Je crois que la déconstruction des garçons va être longue voire inexistante. Je pense qu’il y a du mieux… On a le droit de porter des pantalons ! Mais je pense que la batterie sera toujours sexualisée… Il y aura toujours des instruments de garçons et des instruments de filles. Les instruments où il faut des muscles, c’est pour les garçons, les instruments doux c’est pour les filles. 

La déconstruction doit commencer dès le plus jeune âge et les garçons ne doivent jamais se revendiquer déconstruits : ils sont nés garçons, malheureusement pour eux la société leur renvoie une idée de virilité, qui les conditionne dès le plus jeune âge. On voit plus de filles à la batterie, mais il y a encore du boulot sur la représentation des minorités à la batterie. 

Carnaval, ça a aussi été une façon d’envisager à nouveau la voix comme un instrument, ce qui n’était pas tout à fait le cas sur Sergeï non ? J’ai lu que Yuksek t’avait déconseillé de l’employer pour aller vers quelque chose de brut. 

Effectivement, j’ai complètement envisagé la voix comme un instrument. C’est un album encore plus chamanique, alors c’était naturel d’employer beaucoup la voix. Primitif et proche de Meredith Monk et Laurie Anderson, traiter avec un instrument qu’on a sur nous. 

Merci Lucie Antunes et à vendredi soir au Bliiida festival. 

Merci beaucoup, j’ai vraiment hâte de jouer vendredi.

__

Interview par Arthur Guillaumot, photo de Une par Marine Keller

Lucie Antunes sera au Bliiida Festival, le vendredi 07 juin

Bliiida sur instagram, bliiida sur facebook

Lucie Antunes sur instagram, Lucie Antunes sur facebook