
Le précédent album de Marie-Flore s’appelait Je sais pas si ça va, comme une autorisation à douter. Sur l’une des chansons de son nouveau disque, Ex-æquo, qui paraîtra le 25 avril, elle chante finalement que Tutto passa. Alors ça va ?
Arthur : Marie-Flore, qu’est-ce que tu réponds si je te dis que tu as encore fait un album d’amour ?
Marie-Flore : Je te réponds que c’était le but, et que c’est très bien que tu t’en sois aperçu.
C’est le troisième, est-ce qu’il y a des choses que tu n’avais encore jamais dites ?
Vu que ça parle d’une histoire qui m’est arrivée, inédite, la manière d’aborder les sentiments l’était tout autant.
J’ai la mélancolie heureuse.
Tu as commencé à sortir de la musique il y a quinze ans, qu’est-ce qui a changé ?
Énormément de choses. J’ai commencé par la folk en anglais, écrit en français, je me suis mise au piano, j’ai fait des premières productions un peu pop-urbaines sur mon premier disque… Je mute quand même pas mal.
Est-ce qu’il y a maintenant des choses dont tu es sûre dans ta musique ?
Je suis sûre de l’amour que je porte à l’écriture des textes, à l’orchestration des cordes, aux arrangements, à la production en général on va dire. C’est vrai que plus j’avance, plus j’ai le sentiment de me trouver.
Qu’est-ce que tu as compris sur toi avec Ex-æquo ?
J’ai découvert que j’avais une sorte de pouvoir. Ça m’arrive d’écrire des choses qui sont un peu comme prophétiques. Elles ne se sont pas encore passées, et elles se passent. Il y a au moins une chanson par disque qui finit par se passer dans la vie. J’ai tendance à voir arriver la fin, donc parfois je l’écris avant qu’elle n’advienne.
J’écris parfois des chansons prophétiques.
Est-ce que ça pourrait te crisper, cette sorte de malédiction, au point de te freiner à écrire sur le sujet ?
Non, ce qui m’intéresse c’est d’écrire sur les endroits sombres de l’amour, les côtés retors justement. Je n’ai pas eu pour habitude d’explorer les relations heureuses, longues et pérennes que j’ai eues. Ce ne sont pas des situations qui me font écrire. Ce qui me plaît, c’est de retrouver les gens sur des points précis de consolation, tout comme moi la musique me console quand j’écoute les chansons d’amour des autres.
Est-ce que dans certaines périodes heureuses tu as pu aller jusqu’à exacerber des tristesses, pour créer ?
Non, mais j’ai la mélancolie heureuse.
Ex-æquo, c’est le titre de ton nouvel album, est-ce que c’est un constat ?
Oui. C’est un constat. J’adore ce mot. C’est le titre d’une chanson qui est déjà sortie. Il s’est imposé comme le titre de l’album. Ex-æquo c’est un clin d’œil envers moi-même, comme je t’ai dit, ça parle d’une histoire que j’ai vécue, dans laquelle j’ai eu quelques ratés. C’est une manière pour moi de ratrapper le coup vis-à-vis de moi-même.
On peut finir ex-æquo en amour ?
Je pense, il suffit de faire un disque ! (rires)
Est-ce que la musique permet de faire en sorte que Tutto passa, comme tu le chantes sur une des chansons de ce nouvel album ?
Tutto passa. Oui, la musique le permet, évidemment. Elle aide, participe au fait que tout passe. Elle console, même si elle peut parfois empirer les choses. Mais malgré les chansons tristes que je peux parfois écrire, je suis une éternelle optimiste en amour. C’est peut-être pour ça que j’y reviens en permanence.
Qu’est-ce que tu attends de ce disque ?
Ma psy ne sera pas contente si je te dis que j’en espère beaucoup. Secrètement, j’espère qu’il plaira aux gens, qu’il rencontrera le plus grand public possible. Je crois que c’est la seule chose qu’on peut souhaiter à un disque.
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Vous pouvez retrouver Marie-Flore sur Instagram.
Interview : Arthur Guillaumot, réalisation et montage : Diego Zébina
Interview réalisée à L’Autre Canal, à Nancy, le 09 avril 2025.