Cannelle envoie une déclaration, à tous les ciels, à l’adresse de l’automne. Sur un flow qui se nourrit d’influences suaves et précises, elle chante ses désirs, ses failles, ses erreurs. À 22 ans, elle sort ses meilleures Flammes sur son premier ep, Maison, qui paraît comme une façon se présenter, pour elle comme pour les autres, de figer les premiers bilans. Un premier ep construit avec le producteur Roodie, mais aussi Sutus, qu’on a entendu chez Joanna notamment. Les sonorités sont très amples et se posent les qualités de grande interprète de Cannelle. 

Maison, le premier ep de Cannelle est sorti le 28 octobre dernier. Vous pouvez l’écouter ici.

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De quelle énergie personnelle est né ce projet ? Il y a eu un élément fondateur. 

Ce projet a commencé il y a deux ans. Je faisais encore des études à ce moment-là. Je n’étais pas sûre de la voie que je prenais. J’ai un ami qui fait de la musique, on en a toujours fait ensemble, depuis qu’on est petit. Moi j’avais fait une pause, et il a su m’y ramener. De là, en y revenant, je me suis dit qu’il fallait que je fasse un projet. 

Qu’est-ce que tu as voulu fixer de ton identité dans ce premier projet ? 

Oui c’était vraiment un projet intime et introspectif. J’ai voulu être moi-même. J’ai voulu raconter des choses personnelles et qui me sont vraiment arrivées. J’ai raconté des relations amoureuses, familiales et amicales. C’est elles qui font qui je suis. Je me suis dit que c’était important de faire un projet comme ça pour arriver, pour me présenter. On verra quelles histoires je raconterai ensuite. 

C’est vraiment un projet intime et introspectif. J’ai voulu être moi-même.

Qu’est-ce que tu as appris sur toi en travaillant sur ce premier projet ?

Ouah, plein de trucs. Déjà c’est très satisfaisant. C’est un projet que j’ai financé seule. J’ai travaillé pour le financer. C’est un projet qui s’est fait qu’avec des amis. Au niveau relationnel j’ai appris beaucoup de choses, sur qui contacter, qui rencontrer. Se lancer quoi. J’ai pris de l’assurance, j’ai travaillé mes faiblesses. 

Tu aurais fait de la musique dans d’autres conditions, sans pouvoir poser ta vision  ? 

La musique a toujours été très présente. Mais c’était un rêve. Après le lycée, j’ai arrêté, parce que je voyais ça comme quelque chose d’inaccessible. On ne présentait pas ça comme un vrai métier. Mais moi j’ai compris que je voulais juste faire ce que je voulais. Ce que j’aimais. J’ai tout lâché pour ça. Comme je te disais, c’est ultra satisfaisant. J’ai commencé en indé parce que je ne voulais pas tout de suite aller démarcher des labels. Je voulais attendre de voir ce qui allait se passer, si je proposais cette histoire. 

Photo : Kendricklamour

Quelle histoire elle raconte ta musique ? 

Le premier son, c’est Flammes, pour une présentation, c’est un bon lancement. Je me raconte. Ensuite il y a Père Labat. C’est une relation qui m’a marquée. C’est par rapport à mon grand-père. C’est une histoire qui m’a construite. C’est allé très vite. Je crois que c’est mon préféré. En 3 il y a Pour Elle. Le son le plus solaire de l’ep. C’est celui que j’ai clippé. Il donne une bonne vibe, même s’il est mélancolique et qu’il parle d’une relation. C’est un son pour les rencontres, plutôt que pour les séparations, même s’il peut se lire dans les deux sens. Je veux faire des sons personnels dans lesquels tout le monde peut se reconnaître. Ensuite, Jeux d’enfance raconte une relation qui a changé ma vie. Celle qui fait que j’ai tout lâché pour me lancer dans la musique. Même si c’est difficile, ça m’a fait comprendre que c’est ce que je voulais faire. Même si ça prend du temps. Maison parle de ma maison d’enfance, qui est située à Montreuil et qu’on a vendue cette année. C’était un moment étrange. J’y vivais depuis que j’avais 4 ans tu vois. J’ai écris ce son en faisant les cartons. Mélodie, le dernier son, c’est un peu un bilan de ces deux dernières années, ce que j’en retiens. La conclusion, c’est que j’ai envie d’aller vers l’avant, de continuer, et de voir ce qui se passe après. Ça raconte un peu ça. 

Oui Maison, ce premier ep c’est un peu un camp de base de ta vie, une vue d’ensemble. Qu’est-ce que tu as retenu du temps que tu viens de passer dans la musique ? 

Je retiens que je suis satisfaite de ce premier projet. Mais que je veux faire mieux encore. Je veux tendre à quelque chose de plus visuel. Tu vois, il n’y a qu’un seul clip sur ce projet. C’est un beau clip. Qu’on a fait avec des bons plans. On a atteint une qualité cool. Je veux rester dans cette dynamique. Le prochain projet, il y a l’idée de clipper tous les sons et en faire une histoire. 

Qu’est-ce que tu as fait pour la première fois sur ce projet ? 

C’est une sensation très étrange. J’ai toujours fait du son dans ma chambre, ou avec des producteurs. Mais là, c’était la première fois que ça allait être écouté par tout le monde. Même par ma grand-mère. J’aime cette sensation. C’est comme si je fermais un livre. J’avance. En ce moment je suis bien. Pour la sortie du premier son, j’étais dans mon lit, c’était un vertige. 

Photo : Kendricklamour

Tu fais de la musique pour qui toi ? 

Je fais de la musique pour moi. La musique me fait du bien, elle me soulage, elle me détend. C’est quelque chose que j’adore faire. Et pour mes proches. Je m’imagine dans 30 ans, dans une caisse, avec deux potes. Et là on met mon son. Tu vois ce que je veux dire ? On pourra se regarder et se dire “Ah on a fait ça”. C’est quand-même un truc de fou. C’est comme un souvenir. La musique pour moi c’est des souvenirs. Et la musique, l’écriture, m’aident à évoluer et à grandir. 

Tu dis que la musique, c’est des souvenirs, comment tu travailles, est-ce que tu essaies de fixer des images précises ou alors c’est en mouvement ? 

Ça dépend vraiment. Parfois c’est une image précise qui en appelle une autre. Parfois j’y vais au feeling, avec ce qui me vient en premier. Je fais souvent de la topline, donc j’enchaîne. C’est un peu ce qui vient en premier, que je travaille ensuite. 

Qu’est-ce que ça t’évoque la Première Pluie ? 

La première pluie, pour moi, fonctionne avec le Beau Temps. Après la première pluie il y a le beau temps.

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Arthur Guillaumot / Photos : Kendricklamour