Avec Coup de pousse, on cueille les plus belles fleurs de la jeune scène pour vous les offrir, des talents bruts, trop peu entendus. Un recueil d’ambiances, de sonorités, de jeunesses et d’espoirs purs. Une playlist de jeunes pousses enthousiasmantes, par la rédaction de Première Pluie.

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Genoux Vener – Métro Boulot Dodo

Oulah, est-ce que c’est un complot ? Sortir un clip sur le triptyque sacré du libéralisme juste avant la mise en application du couvre-feu. Très bon timing, qui relâche un peu la pression. Métro Boulot Dodo, comme un refrain tatoué dans le rythme du crâne, dans le corps tout entier. Le tout avec un clip magnifique de Randolph Lungela, qui sert au mieux le morceau. Pas mal de choses changent chez Genoux Vener dont a suivi l’évolution depuis 2018. Ici, le flow s’accélère, comme la vie, qu’elles dépeignent, dans des spasmes. Elles fixent une rengaine obsédante et restituent parfaitement l’énergie du sujet. Il faut dire aussi que Dani Terreur est venu infuser sa science géniale du rythme. Genoux Vener dessine plus que jamais son identité, entre Pop industrielle et symétrique et interprétation organique. Vous Métro l’avez Boulot déjà dans Dodo la tête ? Normal. 

En plus, ce morceau est le premier de leur prochain ep.

Retrouvez-ici notre discussion avec Genoux Vener en juin 2018 à Avignon. 

Aurore de St BauDel – Mes journées comme ça 

On vous parlait déjà d’Aurore de St Baudel dans la dernière édition de cette playlist. De cette élégance météorique venue d’un autre temps et en même d’une esthétique très moderne. Aurore de St Baudel, c’est des relations épistolaires qui comprennent ce qu’elles ont de plus qu’Imessage. Le parfum suranné, en bien, d’une voix qui caresse, et qui raconte. C’est très littéraire et très bien arrangé. Tokyo l’été, son premier ep, est une vraie réussite de curiosité. 

Découvrez ici Tokyo l’été, le premier ep d’Aurore de St Baudel, paru le 2 octobre dernier.

C’est Karma – Pool Party

C’est Karma, c’est l’ivresse très légère avant le grand bal, qui se diffuse, en douceur, qui fourmille de questions. Sa voix a le fracas fragile du cristal brisé à la main. Chez la jeune luxembourgeoise, les invitations sont des invocations. On a quand envie de croire que ce qui n’est plus peut exister encore. C’est la bande son idéale des interrogations. Dans ce clip, mogi, l’homme, est un solitaire qui déploie la vulgarité de ses regards sur les corps féminins. Dans Pool Party, les mots sont répétés, comme malaxés sur une enclume, pour s’enivrer de leur sens. 

Farbfilm, le prochain ep de C’est Karma, sortira le 27 novembre.

Côme Ranjard – Hippocampe 

Côme Ranjard s’offre un instant d’apesanteur aquatique, comme hippocampe. L’occasion de se couper de la surface. Une plongée en pop sans chlore, lancinante, supplément bulles de spleen. Côme Ranjard continue de définir les équilibres de son univers très imagés, plein de respiration. Une écriture picturale qui s’est plongée ici dans la surveillance des tableaux de Hockney. La bande son idéale pour piquer une dernière tête dans un lac avant l’hiver. À l’image de son premier ep, L’enfant Casanier, paru en juillet dernier. Vous pouvez l’écouter ici.

ThelmA – Inconnue à mon corps 

Inconnue à mon corps est un vrai coup de coeur. L’émotion de marbre qui se dégage de la voix ample et belle de ThelmA frappe. Il y a une poésie totale dans ce morceau. De la sobriété des notes à l’élégance de l’interprétation. Le texte aussi est merveilleux, et participe à cette impression très aérienne. Ce calme qui se dégage de cette histoire est très juste, fixé comme une image précise. Et le clip termine de rendre ce morceau si sensible et si beau.

Louis Janeski – Nulle part ailleurs

On connaissait Louis Janeski pour sa collaboration avec Alicia., il signe avec Nulle par ailleurs une litanie à la douceur déconcertante. Un titre enivrant, où la sobriété est une élégance. Louis Janeksi utilise la force du début de projet pour témoigner de sa curiosité artistique. Et ça fonctionne. Rien n’est parfait est un très bon premier ep, il est sorti le 4 septembre dernier. Vous pouvez l’écouter ici.

Nerlov – Je suis venu te dire que je m’en vais 

Non, ce n’est pas facile d’entreprendre la reprise d’un tel monument. Et ici, grâce, c’est une réussite. Qui tient autant aux arrangements, qui fondent un parti pris très intéressants, et qui se détachent justement de l’oeuvre initiale, qu’à l’interprétation pleine de failles pures et spontanées de Nerlov, qui se donne au service du texte. Il y a une lumière très précise qui se détache de cette reprise.

Leila Lanova – Feu vert

Avec Feu Vert, Leila Lanova démontre encore sa capacité à poser sur des prods oniriques, qui soulignent en même temps son aisance.  Une aisance qui tient sans doute de la malice, de la sincérité. Feu Vert laisse aussi à la voix la place d’exprimer sa curiosité sensuelle, entre douceur et volupté. Leila Lanova cultive des sonorités exigeantes, notamment au niveau de l’interprétation. Très bonne vibe.

Hazzah x Onz – Psycho

Ce qui frappe en premier lieu à l’écoute de la musique de Hazzah, c’est une vibe hyper aboutie, très propre, très affinée. Un son propre à lui. C’est rare, et c’est cette couleur, cette énergie, solide qu’il va falloir cultiver. Prod souple, très cloud, voix sensible, texte aérien. Le clip est aussi très poussé, la vibe est aussi visuelle, et ce travail d’ensemble paiera, c’est certain. Ce qui est très fort, c’est que l’univers du franco-britannique se déploie de différentes façons, comme ici sur Level.

Clio – Ai-je perdu le nord ?

Clio s’interroge dans ce nouvel extrait de son troisième album. Des questions, des obsessions, la solitude, des plages désertes, des gares vides, voilà ce que Clio invoque au moment de sortir sa boussole. Sur un très joli clip, elle livre les errances d’une jeune fille en fuite, dans ces instants de la vie où rien n’est sûr et où tout peut s’inverser. C’est un morceau très pur.

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Coup de Pousse, playlist de découvertes musicales, par la rédaction de Première Pluie. / A