La première fois que j’ai rencontré Nicolas Rey, il y a 2 ans, il m’a bouleversé. Je suis totalement fan de ce type qui se permet tout quand il écrit, qui dit des choses dégueulasses et pleines de sensualité en même temps. On ne se trompe pas face à quelqu’un comme Nicolas Rey. Il tremble mais parle avec la voix du cœur quand ses grandes mains folles agrippent votre bras frêle autant qu’immobile après l’émission dont il est l’invité. Il vous appelle Camarade du grand Buck parce que vous évoquez Bukowski. Il vous embrasse 1000 fois sur les joues, vous raconte tout, en romançant peut-être. Il est écrivain après tout.

Justement, avec son dernier roman, Nicolas Rey ne romance plus.

Il ne dit que la vérité puisqu’il a tout inventé comme il s’obstine à paraphraser Vian dans les quelques émissions de promotions qu’il fait. Il ne ment plus ou il dit tout. 

Il met, avec ses mains peut être tremblantes, ses tripes sur la table.

Peut-être la table d’opération, peut-être la table d’un restaurant où il mangerait avec une Joséphine qui ne l’aime plus et qui va le quitter. Ses tripes sont là.

La maladie, la pancréatite aigüe et ne jamais être à + de 15 minutes d’un hôpital. Le manque d’argent, et même le plagiat.

Il n’est pas question de honte, il n’y a pas de honte. Juste la vérité.

Tous les excès, tous les mensonges, toutes les dérives. Son père qui le porte à bout de bras et qui lui donne de l’argent de poche. Sa sœur, porteuse, elle aussi. Son fils. Ses derniers amis proches.

Un cercle de proche puisque les mondanités cessèrent avec les cures, puisque s’en sont allés les amis de dessous les spots.

Alors de toutes façons Nicolas Rey est dos au mur. Pas au pied du mur, pas au fond du trou, dos au mur. Pour raconter, pour dire enfin la vérité. Peut-être délesté de son style génial qui lui donnait un succès fou il y a 15 ans, mais dans des phrases laborieuses puisqu’elles disent vraies, il se repent.

Donc il va pouvoir rester bouleversant et continuer un peu à vivre. Grâce à ce roman il est sûrement moins dos au mur.


Nicolas Rey, Dos au mur, 18 € Au Diable Vauvert, paru le 15 mars 2018


Arthur Guillaumot – Culture Collective