Ce n’est pas le texte le plus connu de Jack London, et pourtant, il y a ce qui fait son style. Les grands espaces et la pensée politique, si on résume au maximum. La peste écarlate est un récit post-apocalyptique, qui imagine un monde totalement dépeuplé quelques dizaines d’années après l’apparition d’un immense fléau qui a résisté aux recherches. 

Ce fléau apparait en 2013 et résiste à toutes les tentatives d’enrayement de l’Humanité.  La peste écarlate tire son nom de la coloration de la peau qui précède la mort, très rapide, des personnes qui contractent la maladie. 

Ah. Vous avez tilté sur la date où se déclenche la peste écarlate, 2013 ? Et sur le fait qu’on ne trouve pas comment enrayer la pandémie ? C’est vrai que ce sont deux étranges coïncidences. Du coup vous allez sûrement lire le livre pour savoir comment survivre.

« Le travail de l’Homme est éphémère et s’évanouit comme l’écume de la mer… Ainsi s’est évanouie notre grandiose et colossale civilisation. »

Jack London, La peste écarlate

London décrit dans de très beaux passages la destruction par les flammes de sa ville de de San Francisco. Puis la nature sauvage qui reprend ses droits. Le récit se déroule en 2073, et presque tout les humains sont morts.

Tous ? Non, quelques uns ont survécu, mystérieusement. C’est une nouvelle forme de société qui se met en place. Et le moins qu’on puisse dire c’est que la civilisation repart à zéro. 60 ans après le déclenchement du fléau, les quelques survivant sont revenus à l’état primitif, ils n’ont plus de passé, et plus de culture. La peste a nettoyé les êtres.

« La race humaine est condamnée à s’enfoncer de plus en plus dans la nuit primitive, avant de reprendre un jour sa réascension sanglante vers la civilisation. »

Jack London, La peste écarlate

La plupart des survivants sont des brutes. Les êtres les plus intelligents ayant du se soumettre aux plus forts. C’est le cas dans la tribu des Chauffeurs à laquelle s’est soumis James Howard Smith, ancien professeur désormais très vieux raconte à ses petits enfants le monde d’avant. Edwin, Bec-De-Lièvre et Hou-Hou, les enfants, ont du mal à imaginer. 

Le vieux professeur raconte le vieux monde, dont il se souvient seul et raconte son parcours de solitude après le début de la pandémie. Mais surtout, il confie dans ses discussion avec la relève qu’il a caché des livres dans une grotte, ainsi qu’une méthode de l’alphabet. On comprend son ambition de nourrir des esprits qui pourraient lui survivre et redémarrer une civilisation. 

« Un jour viendra où les hommes, moins occupés des besoins de leur vie matérielle, réapprendront à lire. »

Jack London, La peste écarlate

Il faut lire La peste écarlate, de Jack London, parce que c’est une vraie étude visionnaire* de civilisation en temps de pandémie. Et un vrai tableau de l’après, cendré et brutal.


 * 7 ans plus tard, la grippe espagnole fera des dizaines de millions de morts dans le monde en quelques mois. 


Arthur Guillaumot / Cover : Nature morte au crâne et à la plume, Pieter Claesz, 1628, Metropolitan Museum of Art