Ces derniers temps, la consommation de viande est de plus en plus remise en cause dans les pays développés, par de nombreuses ONG mais aussi par les populations elles-même. De nombreux domaines sont sujets eux aussi à ces remises en cause avec à chaque fois des aspirants à un changement qui veulent bousculer les idées, habitudes, ou modes de fonctionnement que l’on a mit en place à tort selon eux. A chaque fois aussi, il existe des réfractaires à ce changement, non prêts à changer leurs habitudes ou alors d’accord avec le système en place. La cause féministe par exemple souffre de nombreux opposants alors que  tout ce qu’elle exige, c’est la justice et l’égalité entre les sexes. Bien sûr la nature de ce conflit est bien trop complexe pour être résumée en une phrase, mais elle montre bien en quoi l’on peut renier des valeurs justes par simple confort, parcequ’on a été habitué à les ignorer impunément dans une société qui l’encourageait.

Le débat autour de la consommation de viande souffre du même problème : si l’arrêt ou la diminution de notre alimentation carnée semble être toujours plus une nécessité, les habitudes ont du mal à changer. Si l’impact environnemental du secteur est de plus en plus clairement identifié comme désastreux au même titre que les conditions d’abattage, notre régime alimentaire n’a toujours pas commencé à muter vers un modèle plus viable. La stigmatisation parfois virulente des végétariens à l’égard de ceux qui ne le sont pas pose problème elle aussi, puisqu’elle a créé une vrai opposition au mouvement, qui se voit sur les réseaux sociaux notamment. 

Nous allons voir ensemble dans cet article quel est l’impact environnemental réel de la consommation de viande dans le monde et comment il évolue, puis la question des conditions d’abattage sera bien sûr elle-aussi abordée. Le véritable enjeux est ici de déterminer si il est possible de consommer de la viande de manière viable et si oui, comment. 

 

QUEL IMPACT ENVIRONNEMENTAL ?

Si les prémices du végétarisme ont commencé dans un souci de bien être animal, la cause environnementale est aujourd’hui un enjeux peut être plus majeur encore pour ceux qui ont choisi d’exclure la chair animale de leur alimentation. En effet, l’impact du secteur sur notre planète est désastreux, quelques chiffres aident à s’en rendre compte pleinement au niveau mondial :

  • L’élevage de bétail est responsable de 14,5% des émissions de gaz à effet de serre produites par l’homme dans le monde selon le rapport de la FAO* de 2013. Environ 7 milliards de tonnes de CO2 émis, soit plus que les Etats-Unis et la France réunis. Plus impressionnant encore : ce chiffre montre que l’élevage produit plus de CO2 que le secteur du transport, incluant tous les déplacements partout dans le monde d’avions, de bateaux, de véhicules motorisés…
  • Pour produire un kilogramme de boeuf, il faudra utiliser 13500 litres d’eau en moyenne (et entre 4000 et 6000 pour les porcs ou les poulets). A titre de comparaison, un kilo de blé nécessite 1200 litres d’eau, et 700 litres pour un kilo de maïs. Ce chiffre impressionnant est composé de ce que boivent les bovins – environ 550 litres d’eau par kilo en moyenne – mais surtout de ce qu’ils mangent – entre 13 et 15000 litres par kilos donc-. Un article de RTBF résume bien la situation en croisant notamment des études de Waterfootprint et Radio Canada sur le sujet, lien ici . Au niveau du rejet de CO2, 1 kilo de viande bovine équivaut à 27 kilos de gaz à effet de serre.
  • En 2002, un tiers des céréales produites dans le monde étaient destinées à nourrir le bétail, soit 670 millions de tonnes : assez pour nourrir 3 milliards d’êtres humains.
  • 70 % de la surface agricole mondiale est utilisée pour nourrir le bétail (en incluant les terres de pâturage et la production de céréales destinés à les nourrir). La plupart du temps, c’est le manque de terres agricoles qui pousse à la déforestation. Celle qui a lieu dans la forêt amazonienne est motivée à 91% par l’élevage de bétail.

Ces chiffres viennent de rapports de la FAO (Food and Agriculture Organisation of the United States) et de calculs de Water Footprint. 

En ayant en tête toutes ces données, on peut facilement se rendre compte que la consommation en viande que l’on a aujourd’hui n’est pas viable pour notre planète, ce qui veut dire tout simplement qu’en gardant cette alimentation, nous courons à notre perte et à celle de nos écosystèmes. Bien sûr elle n’est pas la seule source de pollution ou de déforestation connue à ce jour, mais elle est celle que nous pouvons endiguer le plus facilement, en faisant l’effort d’adapter notre alimentation. L’empreinte eau des Européens liée à leur alimentation pourrait baisser de 23 % à 38 % en diminuant ou supprimant la part de la viande dans les repas (étude en question ici).

Une autre conséquence importante de la consommation de viande réside dans sa participation aux inégalités de nutrition dans le monde. Alors qu’elle utilise 70% de la surface agricole mondiale, elle ne produit que 18% des calories nécessaires, et 37% des protéines. Le manque à gagner en nutriments par rapport à l’espace utilisé est non négligeable, alors que la faim dans le monde continue de faire des morts. Même si elle tue dans des zones géographiques nombreuses et éloignées entre elles, il serait possible en produisant moins de viande de la combattre à tous les niveaux. 

 

Les conditions d’élevage et d’abattage 

Si l’abattage des animaux est à priori soumis à des règles très strictes mais souvent transgressées par manque de contrôle comme nous le rappellent régulièrement certaines enquêtes, il en est de même pour l’élevage. Plus ou moins tolérées par la loi, certaines aberrations se sont produites dans ce secteur. 

Les animaux ont été génétiquement modifiés par sélection pour devenir des machines à viande  : on peut maintenant voir des volailles élevées en cage, programmées pour avoir une croissance ultra rapide et une espérance de vie minime, ne pouvant parfois plus supporter leur propre poids. Par soucis de productivité, nous sommes arrivés à un résultat ou même en liberté, la vie de ces animaux serait un calvaire.

L’élevage porcin est lui aussi l’un des plus négligents pour les animaux. Comme pour la volaille, certains animaux ne verront jamais la lumière du jour. En mauvaise santé, ils contractent beaucoup de maladies parfois létales et peuvent mourir au milieu de leurs congénères, serrés à eux par manque de place jusqu’à leur dernier souffle. Voici une récente vidéo où l’association L214 et Yann Arthus Bertrand nous commentent l’horreur que vivent ces pauvres animaux. 

 

Les images sont difficiles à regarder, mais nous devons nous rappeler que si elles existent, si de telles choses peuvent être filmées, c’est à cause de notre régime alimentaire : pourquoi ces êtres sensibles font-ils partie de notre menu ?

Chaque année ce sont 65 milliards d’animaux qui sont tués pour finir dans nos assiettes, soit près de 2000 par secondes.

 

Comment adapter notre régime alimentaire ?

En ayant connaissance de l’impact écologique de la production de viande ainsi que des conditions d’élevage et d’abattage des animaux, il paraît plus que sensé de revoir la place qu’elle prend dans notre alimentation. Deux choix (entre autres) s’offrent alors à nous : devenir végétarien ou flexitarien. Autrement dit, une suppression ou bien une réduction de la place de la viande dans notre alimentation. 

Il faut savoir dans un premier temps que la viande n’est absolument pas nécessaire au bon fonctionnement de notre corps : ne pas en consommer du tout ne provoque pas de dysfonctionnement particulier. L’importance des protéines ou du fer qu’elle est censée apportée est un outil marketing utilisé par le lobbying de la viande. La seule carence qu’un végétarien peut développer après plusieurs mois de pratique est celle de vitamine B12, que l’on peut éviter grâce à des pilules spécialisées à prendre toutes les 2 semaines (prix abordable, aucun risque pour la santé -au contraire-).

A part ça, toutes ces choses dont notre corps a besoin pour fonctionner correctement se trouvent dans les légumineuses ou autres denrées comme le blé. Lui laisser une place dans notre alimentation est même mauvais pour la santé. En effet, elle peut être cancérigène (en particulier pour la charcuterie) et augmente jusqu’à 30% de risque de maladie et d’accidents cardio vasculaires. Les graisses saturées qu’elle contient et que nous ingérons nous rendent même moins performants sportivement et sexuellement lorsqu’elles se retrouvent dans notre sang.

Devenir végétarien représente un effort conséquent : manger de la viande représente tout simplement un plaisir gustatif, et qui a pu s’encrer dans nos habitudes depuis toujours pour la plupart d’entre nous. Une première étape constitue à dresser un constat :

  • A quelle fréquence en mange-t-on ?
  • Sous quelle forme la mange-t-on (steack, plat préparé composé de viande…) ?
  • De quelle qualité est la viande que nous consommons ?
  • Qu’est ce qui nous fait songer à devenir végétarien / flexitarien ?

Une fois ce constat fait, il devient beaucoup plus facile de se fixer des objectifs. Arrêter du jour au lendemain est tout à fait possible, mais augmente le risque d’abandon. Le mieux est de réduire sa consommation de viande progressivement, même si on peut commencer d’emblée à la réduire de moitié. Il faut définir des jours sans viande pour se mettre dans un rythme donc et comme nous le disions, 1 jour sur 2 pourrait parfaitement faire l’affaire. Le but est d’installer une habitude qui ne nous demandera pas énormément d’effort et provoquera peu de manque. Il faut 3 semaines pour que cette habitude devienne une vraie routine. Suite à ça, c’est à vous de définir ce qui serait le mieux pour progresser efficacement dans le but de devenir flexitarien dans un premier temps, en n’essayant de ne manger de la viande qu’une fois par semaine ! Un inventaire des plats sans viande que vous aimez est le bienvenu, ainsi qu’à terme la bannissement de la viande de mauvaise qualité. En effet, la viande transformée que l’on retrouve dans les plats préparés est issue des modes d’élevage les plus rentables, et donc les plus horribles pour les animaux.

Qu’est ce qui nous fait songer à devenir végétarien / flexitarien ?

Cette question est très importante dans le processus, c’est l’âme qui va vous donner la motivation de changer vos habitudes, et elle peut s’effriter avec le temps. Essayer alors de l’avoir en tête le plus souvent possible.

 

Pour le reste il n’y a pas vraiment grand chose à dire : faites le tour des recettes simples sans viande et faciles à préparer pour renouveler votre menu, votre « exception viande » peut se faire lorsque vous sortez avec des amis (c’est lorsque l’on sort manger que l’on ressent le plus un manque). Les habitudes s’encrent progressivement, et n’hesitez pas à demander conseils au végétarien de votre entourage, il y a de grandes chances qu’il en ai !

La consommation de viande peut être viable pour la planète, mais pour ça nous avons à la réduire sa place au maximum de notre alimentation. Le mieux est de la bannir de nos repas si possible, à l’heure où celle-ci grandit de plus en plus en Asie.


Romain Bouvier