Tous les ans, les derniers jours d’août bruissent, se froissent, comme des pages. 

Entre la fin du mois d’août, et le début du mois d’Octobre, c’est la rentrée littéraire. Depuis des lustres, au moins depuis la nuit des temps puisque déjà à l’époque, on coupait des tonnes de papyrus au début de l’été pour être prêt fin août. Pareil avec les tablettes de cire, ou les peaux de veaux morts-nés. 

La rentrée littéraire est une institution, dans un pays comme le nôtre, où une part immense de fantasme continue d’exister autour des livres et des auteurs, et où le marché résiste plutôt bien face aux tablettes et aux nouvelles technologies. 

La rentrée littéraire, c’est des livres qui paraissent, puis qui existent dans les salons, un peu partout en France (Le Livre sur la Place, à Nancy, 1er salon national, les 13,14,15 septembre, Livre dans la Boucle à Besançon les 20,21,22 septembre etc). Les prix, qui vont récompenser ces livres (Le prix Stanislas du premier roman, fin août, le prix Goncourt, le plus prestigieux, sera remis le 4 novembre) 

Les chiffres : 

La rentrée littéraire, c’est une profusion. C’est beaucoup de papier, celui des romans, celui des journaux qui en parlent. C’est plus de pages que de nuages. 

Pourtant cette année, seulement 524 romans sont publiés. 336 romans français et 188 romans étrangers. C’est la rentrée la moins fournie depuis 20 ans. 

Si le secteur est fragile ; le chiffre d’affaire des maisons d’édition a baissé de 4,38%* l’année dernière, on peut aussi y voir une volonté de resserrer le marché. Philippe Sollers, écrivain et directeur de collection chez Gallimard, la plus prestigieuse maison d’édition en France, aime dire qu’on publie trop, pour noyer le bon. 

En 2018, le nombre d’exemplaires vendus par le secteur français de l’édition a aussi diminué, passant de 430 millions en 2017, à 419 millions en 2018 (tous les secteurs confondus, et toutes les maisons inclues) toujours selon le SNE. 

82 des 336 romans français sont des premiers romans. 

Le tirage moyen pour un roman de cette rentrée est 6000 exemplaires. 

Les stars : 

Peu de stars des ventes en cette rentrée, Michel Houellebecq ayant vu paraître son dernier roman, Sérotonine (Flammarion) en janvier dernier, David Foenkinos ayant livré Deux soeurs (Gallimard) en février. Joël Dicker, Virginie Despentes, Leïla Slimani ou encore Frédéric Beigbeder ayant décidé de peaufiner leur prochain, c’est Amélie Nothomb, infatigable et régulière, un roman par an, qui se colle à l’honneur du plus gros tirage, avec 160 000 impressions pour Soif, chez Albin Michel. 

Sorj Chalandon, Laurent Binet et Yann Moix, chez Grasset, sortent Une joie féroce, Civilizations et Orléans, et Karine Tuil et Aurélien Bellanger, pour Gallimard, publient Les choses humaines, et Le continent de la douceur. Sylvain Tesson et Patrick Modiano avec La Panthère des neiges et Encre sympathique chez Gallimard encore en octobre.

 

Notre sélection : 

Chez Première Pluie, on a trouvé des merveilles parmi les parutions de cette rentrée. De quoi vous donner envie de foncer le libraire pour retourner lire sur la plage. Il y a du drôle, du grand, de l’éternel et du spontané. 

Ces prochains jours, aux gouttes à gouttes, je vous en parlerai. 

J’ai passé un été comme un chercheur d’or, avec un chapeau cassé, une barbe hirsute, des cheveux trop longs. Des piles de livres à enjamber pour aller me laver une fois par mois.

En format numérique, j’ai accès à tous les romans publiés. Sur 524, j’ai donné 3 chances à 394, selon la technique Nicolas Rey : Ouvrir le livre à 3 pages différentes et lire quelques lignes, si vous aimez, continuez. 147 passèrent cette barrière de corail de mes yeux et de mon cœur. J’ai lu 30 pages de ces 147 livres. J’en ai sélectionné 35 à lire en entier. Bel été, mal aux yeux, du bien au cœur. Des livres envoyés par les maisons d’édition qui s’étalent. C’est beau, ça sent la lessive, l’été, la moiteur des jours, les pages, qui passent.


Voilà les premiers noms de notre sélection : 

Onanisme, Justine Bo, Grasset

El Dorado, Pierre Daymé, Fayard

La chaleur, Victor Jestin, Flammarion

Substance, Claro, Actes Sud

Le nom secret des choses, Blandine Rinkel, Fayard

Chaque fidélité, Marco Missiroli, Calmann-Lévy

Je l’aime, Loulou Robert, Julliard

Ni poète ni animal, Irina Teodorescu, Flammarion

D’innombrables soleils, Emmanuelle Pirotte, Cherche-midi

Cadavre exquis, Agustina Bazterrica, Flammarion

La vie silencieuse de la guerre, Denis Drummond, Cherche-midi

Se taire, Mazarine Pingeot, Julliard 

Ceux qui partent, Jeanne Benameur, Actes-Sud

Si je t’oublie, Morgan Sportès, Fayard

Civilizations, Laurent Binet, Grasset

Nous étions nés pour être heureux, Lionel Duroy, Julliard

 


Arthur Guillaumot