L’Irak, pour faire court, c’est le berceau de certaines des civilisations les plus anciennes, le territoire couvre une grande partie de la Mésopotamie. L’écriture est née là-bas, il y a 5000 ans, sur les bords du Tigre, le fleuve qui berce Bagdad, la capitale irakienne. 

 

Histoire

L’Irak est au coeur des tensions au Moyen Orient, depuis longtemps. Impossible de comprendre le pays sans faire un peu d’Histoire. L’Irak a longtemps appartenue à l’Empire ottoman. Après la Première Guerre mondiale, et la défaite de l’Empire, allié à l’Allemagne, l’Irak est occupée par les britanniques. En 1920, les occupants font face à une violente insurrection, avant la proclamation du Royaume d’Irak l’année suivante. L’indépendance arrive en 1932. Le pays connaît une monarchie jusqu’en 1958, avant une succession de gouvernements, qui se dissolvent au rythme des coups d’état au moment de la guerre froide. L’Irak est tiraillée entre les influences occidentales et une haine de l’Occident. 

C’est dans ce contexte que Saddam Hussein arrive au pouvoir, en 1979. Entre 1980 et 1988, L’Irak est en guerre avec l’Iran. Des armes chimiques sont employées par Saddam Hussein, le conflit aura fait 1 000 000 de morts. 

En 1990, l’Irak, qui a contracté de grosses dettes dans sa guerre avec l’Iran se voit sommée de rembourser, par l’un de ses créanciers, le Koweït. L’Irak envahit alors le Koweït. C’est ce qu’on appelle la guerre du Golfe. Un embargo est mis en place, il va durer 12 ans, et faire entre 500 000 et 1 500 000 morts, essentiellement des enfants selon des chiffres de l’ONU. Ces derniers mettent en place la répression de l’invasion irakienne. Le 17 janvier 1991, l’opération “Tempête du désert” est lancée par la coalition internationale. En quelques jours, 100 000 soldats et 20 000 civils irakiens sont tués. Le 26 février, Saddam Hussein se retire du Koweït. 

Le 20 mars 2003, l’Irak subit une attaque d’une coalition sans mandat de l’ONU, et sans la France, guidée par les Etats-Unis. Un grand coup de poker. Les USA spéculent : ils parient que l’Irak détient des armes de destructions massives, et que Saddam Hussein a une implication dans les attentats du 11 septembre 2001, au World Trade Center. Beaucoup parlent de l’enjeu pétrolier, l’Irak étant la 4ème puissance pétrolière mondiale. Les Etats-Unis prétendent avoir voulu installer un régime plus démocratique que celui de Saddam Hussein. Ce dernier est renversé trois semaine après le début de qu’on a appelé la deuxième guerre du Golfe. Il est exécuté en 2006. Le conflit a fait près de 200 000 morts côté irakien. 

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Contexte militaire actuel

On parle régulièrement de retrait des dernières troupes américaines d’Irak. Depuis 2008, et l’administration Obama, les troupes se retiraient, on parlait même de retrait total à la fin de la guerre, en 2011.Cette perspective s’estompe avec l’influence iranienne sur le voisin irakien, perçue comme une menace.  Pourtant, le parlement irakien votait le 5 janvier dernier une loi demandant le retrait des troupes irakiennes d’irak. C’était deux jours après l’assassinat par les Etats-Unis du général iranien Qassem Soleimani sur le sol irakien. 

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Photo : Haidar Hamdani, AFP

Le peuple irakien est dans la rue

Aujourd’hui, il y a 40 millions d’habitants en Irak. Le pouvoir est réparti entre les kurdes, les sunnites et les chiites. Cette répartition fait suite aux tensions de longue date entre les communautés dans le pays et dans la région. Les postes irakiens sont répartis entre les communautés et deux adjoints des deux autres communautés sont nommés. Pourtant, le peuple est dans la rue depuis octobre dernier. 

Les manifestations irakiennes sont antigouvernementales. Elles réclament la fin du régime, s’élèvent contre le chômage, la dégradation des services publics, la corruption, la tutelle de l’Iran. Selon des estimations, il manque ainsi 20 000 écoles au pays. La rue iranienne est jeune et porte l’espoir d’un nouveau système, émancipé de l’Histoire lourde qui pèse sur ses épaules. 60% de la population irakienne  a moins de 25 ans et une large partie est au chômage. Ce n’est pas un mouvement confessionnel mais un mouvement social. Malgré tout, des figures politiques et religieuses, comme Moqtada al-Sadr tentent de récupérer les mobilisations, ces jours-ci. 

Environ 600 manifestants sont morts entre le 1er octobre, date du début des contestations et la fin de l’année dernière, ainsi que 17 000 blessés.


  • Arthur Guillaumot / Photo : Hussein Faleh, AFP