La sincérité, c’est un mot qui revient souvent pour parler de ce qu’on vient de faire. Impossible de transiger avec la sincérité quand on sort un premier album comme celui de Seemone, maculé d’émotions. Des sentiments de jeunesse, des tourments de toujours et des espoirs permis. Un premier album porté par un coeur sincère, justement. et une voix qui dit la vérité. Discussion avec Seemone.

Le premier album de Seemone est sorti le 2 octobre, il est disponible partout. Vous pouvez l’écouter ici.

Tu es dans quel état d’esprit au moment de laisser vivre ce premier album, ça correspond à quel moment de ta vie ?

C’est super de l’avoir créé. Ça permet aussi de faire un travail sur soi. D’être un peu mieux. J’ai appris beaucoup de chose. L’envie que j’ai maintenant, c’est de jouer ma musique sur scène. On va dire que j’achève une partie de création et que maintenant j’ai envie de représentation. 

Il n’y a pas de pression au moment de le dévoiler au public, quand-même, ce projet ? 

Non. La pression disons que c’était plus pendant la phase de création. On fait des choix. Au moment de l’enregistrement, quand les choses deviennent définitives. C’est plus de l’appréhension que la pression à l’heure actuelle. 

Photo : Akatre

C’est pas effrayant de faire des choix quand on doit montrer un premier visage, comme ça, sur un premier album, qui fige forcément des choses ? 

J’ai eu la chance d’être très bien entourée. Fabrice (Mantegna, ndlr), ce n’était pas la première fois qu’il travaillait sur un album. Même si là, on a tout co-composé et co-écrit ensemble. Il a imaginé l’univers de cet album et il m’a embarqué avec lui. Disons que les choix que j’ai pu faire sont plus au niveau des mots, des textes. Pour le reste j’ai beaucoup accordé ma confiance aux gens autour de moi. Eux avaient une idée très précise de ce que je pouvais faire. Je me suis laissée porter par leur expérience. c’était très agréable. Et on a eu des supers musiciens. Guillaume Dujardin qui s’est occupé de tous les enregistrements chez Ferber. Dominique Blanc-Francard a mixé l’album. Marie Jeanne Serero a orchestré les cordes aussi. Ça m’a donné une grande liberté d’être aussi bien entourée et pouvoir faire à ce point confiance. Ils m’ont fait beaucoup grandir. La seule peur, c’était de ne pas être à leur hauteur. J’ai eu de la chance. Seule, j’étais incapable de faire tout ça. 

Cet album est un voyage intérieur. 

Tu disais que tu as beaucoup appris pendant la réalisation de cet album, qu’est-ce que tu as appris, précisément ?

Un premier album, je crois que c’est un voyage intérieur. Surtout dans le cadre dans lequel j’étais. Avec Fabrice, on voulait faire un projet authentique et honnête. J’ai vraiment dû travailler sur moi pour me connaitre mieux et pour savoir de quoi je voulais parler, ce que je voulais véhiculer. C’est un voyage qui demande du temps, et qui permet de se redécouvrir. Le fait d’avoir 22 ans au moment où on a commencé à travailler sur cet album, ça impliquait que je ne me connaissais pas du tout. Je ne m’étais pas posé les bonnes questions. Ça m’a ouvert une nouvelle forme de conscience. Avec l’écriture, j’ai vu les choses différemment. Je comprends quand on dit que la musique soigne. Moi, ça m’a aidé à me connaître et à me comprendre. Et tout ce que ça implique, avec le travail en équipe, l’organisation. Je me suis posée des questions et j’ai appris tous les jours. 

Il t’a fait du bien cet album cet album ? 

Énormément de bien. Daniel Balavoine dit “Pour faire un disque, il faut avoir fait tellement de chemin, juste un peu d’ivresse et beaucoup de chagrin.” Ça s’est complètement confirmé pour la création de ce premier album, Seemone. Je pense le fait de me remettre en question, ça m’a fait douter, pleurer, mais surtout grandir. Il faut savoir tout déconstruire pour reconstruire mieux. Je n’étais pas la même avant le début de la réalisation de l’album. 

Qu’est-ce que tu as fait sur cet album pour la première fois, qu’est-ce que tu as tenté ? 

Aimer. Même si on voit des films, qu’on entend des histoires, que l’amour se diffuse partout, moi, je n’avais jamais osé. En tout cas pas bien. Avec cet album, j’ai osé aimer la musique, les gens avec qui je travaille. J’ai osé donner. Sans me cacher derrière un masque. Sans faire semblant. J’ai osé être plus vraie et authentique. 

Photo : Akatre

Est-ce que tu fais confiance à ton inspiration, ou alors est-ce que tu retouches beaucoup ? 

Pour être la plus honnête possible, je n’ai jamais été une acharnée du travail. Parce qu’en plus, je n’ai qu’une rapide et partielle formation musicale. Je ne baigne pas dans la musique depuis mon enfance. J’ai pris des cours de chant. J’ai pu comprendre. Mais je ne sais pas s’il faut faire confiance aux intuitions. Pour ma part, je fais confiance aux gens qui savent. L’intuition n’est pas positive à 100%. Avec cet album, j’ai fait confiance au travail et au métier. Je ne réalisais pas le travail que ça constituait.

Et j’ai l’impression que la spontanéité, chez toi, c’est plus au moment de livrer des émotions, avec la voix notamment. 

Oui, complètement. je pense que l’émotion c’est le mot d’ordre pour cet album. C’est ce qu’on a eu envie de travailler. On voulait toucher les gens, faire du bien, poser des questions. On voulait provoquer une réaction des émotions. On est allés jusqu’au bout. 

Avec cet album, j’ai compris beaucoup de choses sur moi et sur les autres. 

Tout à l’heure tu disais que tu avais beaucoup évolué depuis le début de ton travail sur cet album, en quoi est-ce qu’on grandit en créant ? 

Je suis arrivée avec beaucoup d’insouciance. J’ai pris 10 ans, et c’est tant mieux. Je suis heureuse de ça. J’ai fait des choix compliqué. Mais c’était un moment de ma vie où il fallait que je prenne des décisions. Il faut renoncer à des choses pour s’ouvrir à d’autres. Ce n’est pas évident mais c’est nécessaire. C’est pour la vie. 

Tu as répondu aux questions que tu te posais en commençant ce travail ?

Comme je parle beaucoup de moi sur cet album, il fallait que je me comprenne. Je voulais être honnête. 

J’étais prêt à prendre des risques pour toucher les gens. 

Et pour faire un album aussi intime, impossible de se mentir, pour l’incarner notamment, il fallait que ça soit une photo précise. Qu’est-ce qui a été compliqué dans ce travail là ?

Ce qui a été compliqué je pense, c’est qu’on est dans une époque où on se ment beaucoup. Moi j’avais des réseaux sociaux. Je ne passais pas mon temps à essayer de me comprendre, c’est le moins que je puisse dire. Avec le recul je regrette de ne pas avoir pris ce temps le plus tôt possible, pour lire par exemple. Je pense qu’on peut se créer une fausse image de qui on est et de ce qu’on peut faire. C’est important de s’interroger régulièrement. En me demandant ce que je voulais raconter, j’ai compris que tout était tournée autour de l’amour. J’étais prêt à prendre des risques pour toucher les gens. 

Comment tu imagines les auditrices et les auditeurs de cet album, au moment de sa sortie ? 

C’est drôle. Je n’ai pas de profil en tête. J’ai l’impression qu’on a des retours d’enfants qui chantent Dans mes rêves, et des messages de personnes beaucoup plus âgées. Des gens qui sont touchés par le message. J’espère que le public sera large, qu’il viendra de partout, parce que l’émotion que j’ai tenté d’invoquer est universelle. Je veux me laisser surprendre. Je veux faire du bien. 

Photo : Akatre

Est-ce que ça a été long de porter la préparation de cet album ? 

Non. En revanche, ça a été compliqué de rester dans ma bulle. J’ai passé beaucoup de temps seule. C’était nouveau pour moi. J’avais peur de la solitude. Ça a été compliqué, mais comme j’en avais envie, tout s’est bien passé. C’est sur qu’au début, je ne savais pas que l’écriture d’un album impliquait le questionnement qui a été le mien. Mais je savais que j’étais incapable de faire un album en trois mois, que ça allait me demander du temps pour faire les choses bien. 

Ça t’a appris à mieux vivre les moments ? 

Oui oui, complètement. Je pense que quand on commence à aimer la musique, ou quelqu’un d’ailleurs, on apprend à profiter de l’instant présent. Je ne savais pas forcément le faire auparavant. Il y avait des moments où je parvenais à me connecter à mes émotions mais ce n’était pas durable. Aujourd’hui, c’est plus stable. Mais être heureuse, aimer, c’est le travail de toute une vie. 

Qu’est-ce que t’évoque la Première Pluie ? 

Disons que ça serait la première qu’on entend quand on est petit, et qu’on est content d’être dans son lit. Qu’on entend la pluie qui tombe, et qu’on se dit qu’on a de la chance d’être au chaud sous la couette.

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Entretien part Arthur Guillaumot / photos : Akatre