2024 est placée d’avance sous le signe des conflits partout dans le monde et semble en ce sens être la suite logique de l’année qui s’achève. En Ukraine, en Palestine, dans le Haut-Karabakh, des envahisseurs agressent impunément. En Birmanie, au Soudan, au Niger, les juntes militaires sont secouées. Aux frontières entre le Venezuela et le Guyana ou entre la RDC et le Rwanda, le ton monte. Aux États-Unis, à Taiwan, au Sénégal ou en Russie, des élections décisives vont se tenir. On se penche sur les enjeux de l’année qui s’ouvre. 

Palestine

Le pays est victime d’un génocide perpetré par Israël. Une réponse totalement disproportionnée aux attaques perpétrées par le Hamas le 7 octobre. L’année 2024 doit être celle d’un cessez-le-feu durable et de la condamnation du régime de Benjamin Netanyahu, responsable de crimes de guerre et d’épuration ethnique dans la bande de Gaza où on dénombre au moins 20 000 victimes dont plus du quart sont des enfants, selon l’UNICEF. 

Birmanie

La situation va continuer de se dégrader en 2024. La junte militaire est au pouvoir depuis le début de l’année 2021. Dans les trois derniers mois de l’année qui s’achève, les groupes rebelles, qui ont repris près de 50% du territoire, ont lancé des actions militaires d’une ampleur inédite, les combats ont fait quelques centaines de morts et près de 600 000 déplacés. 

Venezuela / Guyana

Plus rien ne semble pouvoir empêcher qu’un conflit régional éclate. Le président vénézuélien Nicolás Maduro avance à visage découvert : il lorgne sur la région de l’Essequibo, qui représente les ⅔ du territoire du Guyana. Jeudi 28 décembre, il a annoncé la mobilisation de 5600 militaires à la frontière, après l’envoi d’un bateau militaire britannique dans les eaux guyaniennes. Le conflit sera sans doute central dans la présidentielle qui doit avoir lieu au Venezuela cette année. 

Liban, Iran, Yémen

L’avancée de la situation d’épuration ethnique en cours en Palestine, dans la bande de Gaza, aura pour conséquence de déterminer fortement la situation dans des pays engagés de près ou de loin dans le conflit. C’est le cas au Liban, où le Hezbollah, partisan du Hamas, divise la population. Des tensions civiles importantes pourraient avoir lieu, dans un pays où la situation économique est catastrophique. En Iran, le régime des Ayatollahs est déjà fortement remis en cause depuis la mort de la jeune Masha Amini le 22 septembre 2022. Une répression aveugle est mise en place, tandis qu’une partie importante de la population rejette aussi la proximité du régime avec le Hamas. Enfin, au Yémen, les Houthis yéménites répondent aux exactions israéliennes par des attaques sur les navires marchands qui passent au large ses côtes en Mer Rouge. Si ces attaques prennent trop d’ampleur, ou qu’elles ciblent des navires sous pavillon d’une nation belliqueuse, il faudra suivre la situation de près. 

Haut-Karabakh – Arménie / Azerbaïdjan

En 2023, un conflit éclair a marqué les esprits, celui qui a abouti à l’exode de 100 000 arméniens du Haut-Karabakh après un assaut éclair de l’Azerbaïdjan le 19 septembre. En 2024, des élections anticipées auront lieu dans le pays, le président actuel, Ilham Aliev, espère surfer sur sa prise de guerre pour être reconduit. Il est largement soutenu par les habitants de son pays, et par la Turquie, ce qui pourrait clairement lui donner l’envie de passer les montagnes du Haut-Karabakh. À surveiller de près quand on connait le passif. 

États-Unis

Pop-corn : 2024 est une année d’élections présidentielles au pays du divertissement. Difficile de savoir qui va l’emporter, mais difficile même de savoir qui sera sur la ligne de départ. On imagine que les démocrates vont privilégier la carte du président en place. Joe Biden est vieux, et il serait l’épouvantail pour celui qui risque d’être son adversaire désigné par les républicains : Donald Trump. Si ce scénario se réalise, l’ancien président, accusé dans des nombreuses affaires, aura toutefois toutes ses chances, dans une élection déterminante. 

Soudan

Difficile d’imaginer un retour au calme en 2024, la guerre civile frappe le pays depuis le mois d’avril. Depuis le coup d’État d’octobre 2021, le pays est dirigé par une junte militaire. Tout ce qui a résulté de la révolution soudanaise de 2018 est balayé. L’armée et les paramilitaires des Forces de Soutien Rapide s’affrontent. On estime qu’au moins 10 000 personnes sont mortes, notamment des civils dans des massacres, et plus de 7 millions de personnes sont déplacées. 

Mali

Le Mali aura toutes les peines du monde à rétablir l’ordre sur son territoire. Les militaires au pouvoir ont déclaré la guerre aux Touaregs du Nord, plongeant le pays dans la guerre civile, avec les mercenaires russes de Wagner qui peuvent perpétrer des massacres à leur guise. Même si le conflit cessait, le pays se réveillerait profondément meurtri et plus que jamais à la merci des terroristes qui n’ont pas déserté la région. 

Niger

Comment imaginer une année sereine au Niger ? La France s’est retirée en juillet 2023 après l’arrivée au pouvoir de la junte militaire, qui entend collaborer avec la Russie. Tout semble coller pour que cette année, le pays suive la voie malheureuse de son voisin malien. 

République Démocratique du Congo / Rwanda

La RDC accuse le Rwanda de soutenir le mouvement rebelle du M23. Les élections présidentielles viennent d’avoir lieu en République Démocratique du Congo, et difficile de dire si le président Félix Tshisekedi, qui va être renouvelé dans sa fonction, usait des muscles pour être réélu, ou s’il entend vraiment s’en prendre au voisin rwandais, qui va lui connaître des élections présidentielles en 2024. 

Taïwan

L’élection présidentielle prévue à Taïwan le 13 janvier sera l’un des premiers rendez-vous de l’actualité internationale de l’année 2024. William Lai est le favori à la succession de la présidente Tsai Ing-wen, il est issu du même parti pro-indépendance qu’elle. Cependant, tout laisse penser que Pékin va peser de tout son poids sur ce territoire revendiqué par la Chine. 

Mexique

Les deux principaux partis mexicains ont choisi des femmes pour les représenter lors de la présidentielle de juin prochain. Claudia Sheinbaum, maire de Mexico, est la candidate de gauche, protégée de l’actuel président Andres Manuel Lopez Obrador, et favorite théorique. Elle affrontera la candidate de la droite, Xochitl Galvez. Celle qui l’emportera aura fort à faire dans un pays gangréné par sa lutte contre les trafics.  

Russie

Grâce à un tour de passe-passe qui date de 2020, Vladimir Poutine va pouvoir continuer de dégrader la situation de son pays et de nombreuses régions du monde grâce à un nouveau mandat qu’il obtiendra sans aucun doute lors des élections de mars. 

Planète

On mise ? 2024 sera sans doute malheureusement une année record en terme de température.

Jeux-Olympiques

2024 est une année olympique, 3 ans après les jeux de Tokyo qui avaient été repoussés en raison du Covid. Cette fois-ci, c’est Paris qui accueillera le monde entier entre la fin du mois de juillet et le début du mois d’août. Normalement, rien ne devrait se passer comme prévu.

Élections

Dans de nombreux endroits dans le monde, 2024 sera une importante année d’élections, notamment présidentielles, et plus particulièrement dans des pays précédemment évoqués, comme les États-Unis (novembre), Taïwan (janvier), la Russie (mars), le Mexique (juin), le Rwanda (juillet), le Venezuela (décembre), le Mali (date incertaine suite à des reports). Les élections favorisant des mouvements inhabituels, on scrutera aussi particulièrement les dénouements des élections en Finlande (janvier), au Salvador (février), en Azerbaïdjan (février), au Sénégal (février), en Indonésie (février), en Slovaquie (avril), en Afrique du Sud (mai), en Uruguay (octobre), en Éthiopie (octobre), en Algérie (décembre), etc.

Bonnes surprises

Les mauvaises nouvelles et les drames à venir se voient de plus loin que les bonnes surprises. On ne peut pas inventer ce qui va nous réjouir cette année, mais il existera aussi des raisons d’espérer en 2024. On ne manquera pas de les relayer.

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Arthur Guillaumot