NARI
Épisode 2

 

DANS LE DERNIER ÉPISODE.

Donald Trump est retrouvé assassiné au croisement de la 57ème et de la 36ème rue. Les circonstances du décès sont inconnues, le seul élément que nous connaissons est cet étrange signe : deux traits symétriques présentant un angle de type aigu en bas du gauche et au dessus du droit. 

Sylvain P, enquêteur de renom, est alors missionné par le Procureur Johnson. Il refuse catégoriquement de prendre en charge l’affaire si Johnson ne se retire pas. Plus tard, il est contacté par un autre procureur, le Procureur Sojhnon. Un type à l’accent slave qui lui réitère la demande opérée par Johnson. Sylvain P hésite, mais semble motivé. 

Cher lecteur, bienvenue dans le deuxième épisode de Nari.  

Un temps.

Quelque part, nous retrouvons un personnage dont on ne distingue pas grand chose. Il est torse nu. 

À l’heure où l’on vous parle, nous pouvons simplement vous dire que nous nous trouvons en compagnie d’un garçon à la peau grise.

Il est maigre. 

Très maigre,

Peut être un peu trop, maigre. 

Il a les cheveux mi-longs et un énorme tatouage sur le dos. 

La pièce dans laquelle son corps interagit avec l’espace est une petite pièce de type 13m2, très sobre, très peu de décoration, très peu rangée. 

Il semble étrange. 

ÉTRANGE GARÇON se retournant. Il y a quelqu’un ?  

Diantre, il nous entend. Restons discret et observons.

ÉTRANGE GARÇON à lui-même. Tu recommences à délirer putain… Bon. Bon. Bon…

Un temps. 

Il respire, lève son bras droit en l’air et commence à entreprendre une étrange danse. 

Son corps maigre se meut dans la pénombre. Les lumières de la ville coupées par les stores cassés semblent danser en rythme avec le corps du maigrichon. Il danse, il danse, il danse dans le silence. 

Il s’arrête.

ÉTRANGE GARÇON bas. Aoe aoe aoe aoe aoe aoe aoe aoe aoe aoe aoe aoe. Il tend son bras gauche brusquement. Eoa eoa eoa eoa eoa eoa. 

Il reprend son étrange danse. 

Puis.

Il s’arrête. 

Après une cigarette, c’est l’autoradio qu’il allume.

AUTORADIO DU MAIGRICHON. Flash info ! C’est avec stupeur que nous apprenons le décès du quarante-cinquième président des États-Unis, Donald J. Trump.

Il se frotte les mains. 

Il fume sur sa cigarette. 

ÉTRANGE GARÇON à lui-même. Plus qu’à attendre mon petit Nari… Un temps. 

Pause. 

Il s’appelle donc Nari. 

Suite.

AUTORADIO DE NARI avec un ton de journaliste. Il a été retrouvé au croisement de la 57ème et de la 36ème rue sans vie. Son corps ne possède aucun hématome. Les scientifiques de la police procèdent d’ores et déjà à une autopsie même si, nous sommes déjà en mesure d’affirmer que c’est un meurtre. 

NARI riant. HAHAHA ! Un MEURTRE ? Ils sont déjà en mesure d’affirmer que c’est un MEURTRE ? Hahahahahahahahaha ! Il se tord de rire pendant un court instant, court instant toutefois assez long pour nous glacer le sang. 

Il s’immobilise, sourire figé. 

NARI à son autoradio. Tu n’es pas au bout de tes surprises journaliste ! Il prend de l’élan et donne un incroyable coup de pied à son autoradio. Celui-ci voltige dans les airs avant de s’exploser contre un mur. 

Nari jubile.

Il regarde les débris de sa seule fenêtre sur le monde. 

Il rit. 

Puis. 

Il se rend compte. 

Nari accourt vers son autoradio brisé.

NARI triste. Misère, pas toi… Il ramasse les morceaux de son fidèle serviteur. Pas toi, mon fidèle ami… Il regarde au ciel, miséricordieu. Mon Dieu mais qu’ai-je fait… Il se lamente. 

Un temps. 

Il caresse sa joue avec l’un des morceaux de l’autoradio. 

NARI motivé. Quoi qu’il en soit, ta mort n’aura pas été vaine. La machine est lancée ! Il est dorénavant bien trop tard ! Même s’ils savent que c’est un assassinat, c’est trop tard. HAHA. Trop tard ! TROP. TARD ! 

Un temps. 

Il s’assoit par terre, se replie sur lui-même et, tout bas. 

NARI. Aoe aoe aoe aoe aoe aoe aoe aoe aoe aoe aoe aoe aoe aoe aoe aoe aoe aoe aoe aoe aoe. 

Mais bon sang qu’est-ce que cela veut dire ? 

NARI démoniaque. Qui sera le prochain..? Il fait virevolter une représentation sphérique de la planète bleue, son long doigt fin s’arrête sur un état membre de l’ONU. Il se frotte les mains frénétiquement. TROP HÂTE ! Hihi. Il se recroqueville sur lui-même et s’endort. 

Un temps.

École d’Hugo, tôt dans la matinée. 

INSTITUTRICE solennelle. Les enfants ? Aujourd’hui exceptionnellement nous ne commencerons pas par le traditionnel compte jusqu’à quinze. 

HUGO fort. Oh nooooon merde ! Je m’étais entraîné tout hier ! 

INSTITUTRICE sévère. HUGO. Les gros mots tu les laisses chez toi la prochaine fois ! 

HUGO surpris. MAIS ? 

INSTITUTRICE autoritaire. Pas de mais !

HUGO triste. Oui mâtresse… 

INSTITUTRICE. Bon, je disais. Oui, asseyez-vous autour de moi les enfants. Aujourd’hui est un jour très spécial et il est grand temps que je vous parle ! Vous n’êtes plus des bébés tout de même ! 

Les enfants regardent leur maîtresse, tête penchée d’une dizaine de degrés sur la droite. 

INSTITUTRICE douce. Mes enfants, Donald Trump, le président des États-Unis a été retrouvé mort dans la nuit. Il était considéré comme l’homme le plus puissant de notre monde.

Isma commence à pleurer. 

HUGO à Isma. Pourquoi tu pleures Isma ? La mâtresse elle a dit qu’on était plus des bébés. 

ISMA. La mâtresse est une grosse menteuse !

INSTITUTRICE. Voyons Isma, qu’est-ce que tu racontes ? 

ISMA. C’est pas Donal Trompe qui est mort cette nuit. C’est Dodo, mon chien. Et l’était pas le président des Étasunis lui. 

HUGO à l’institutrice. Il a raison Isma ! Regardez comment vous le mettez triste avec vos mensonges. MENTEUSE. 

Main dans la main, les élèves commencent à se lever occasionnant un cercle autour de l’enseignante. Ils se mettent à tourner autour d’elle. 

INSTITUTRICE stressée. LES ENFANTS ARRÊTEZ TOUT DE SUITE. 

ENSEMBLE DES ÉLÈVES en choeur. MENTEUSE. MENTEUSE. MENTEUSE. Ils commencent à percuter leur institutrice de toutes leurs forces. 

Elle souffre. 

Le temps semble s’étirer. C’était comme si,

Comme si. 

Une minute en faisant trente-six. 

Elle crie. 

RADIO RÉVEIL DE L’INSTITUTRICE. Vous êtes bien sur News Radio, il est cinq heures et deux minutes.

JOURNALISTE RADIO. Sans plus attendre ! Une nouvelle extraordinaire vient de tomber : Donald J. Trump, le quarante-cinquième président des États-Unis, a été retrouvé décédé à New-York, au croisement de la 57ème et de la 36ème rue ! 

INSTITUTRICE à elle même. Mais qu’est-ce que ? 

Un temps. 

Retour chez Sylvain P. 

Son téléphone sonne. 

TÉLÉPHONE DE SYLVAIN P avec un accent slave. Monsieur P ? 

SYLVAIN P. Monsieur le procureur, j’ai considéré votre offre et j’imagine qu’il est dans notre intérêt à tous que je l’accepte… 

PROCUREUR SOJHNON réjouit. Vous faites bien Sylvain P, qui sait ? Peut-être que cette affaire relancera votre piteuse carrière ? 

SYLVAIN P surpris. Vous dîtes ? 

PROCUREUR SOJHNON. Hum, votre pieuse carrière disais-je. Beaucoup s’en inspire, tel un croyant devant la figure du Christ. Il fait un signe de croix.

Sylvain P ignore. 

PROCUREUR SOJHNON. Vous acceptez officiellement l’affaire donc ? 

SYLVAIN P. Effectivement. 

PROCUREUR SOJHNON. Vous le jurez solennellement devant nos Saints Écrits? 

SYLVAIN P dubitatif. Heu… sur la Bible vouliez-vous dire ? 

PROCUREUR SOJHNON. Oui. 

SYLVAIN P pragmatique. S’il le faut… 

Un temps. 

Le procureur Sojhnon rit machiavéliquement. 

Sylvain P reconnaît ce rire. 

SYLVAIN P horrifié. Ce rire..? Oh non ! Ce rire ! Ne me dîtes pas que… Un temps. Ce rire est celui du procureur Johnson !

PROCUREUR JOHNSON fier. Mon cher Sylvain P, je crains que vous n’êtes moins bête que vous en ayez l’air. Je suis en réalité le procureur Johnson de-puis-le-dé-but ! 

SYLVAIN P stupéfait. C’est pas vrai ! C’est une mascarade ! 

PROCUREUR JOHNSON. Vous avez juré c’est trop tard. Vous êtes un brillant enquêteur certes, vous n’en restez pas moins qu’un idiot. 

SYLVAIN P à lui-même. Me faire avoir comme un lapin de six semaines… qu’as-tu dans le crâne Sylvain ? Il se tape sur la tête.

PERROQUET DE SYLVAIN P véhément. qu’AAS tU dans le crÂAAAAAANE SylvAIN 

Sylvain P lui jette un stylo.

PROCUREUR JOHNSON. Nous collaborerons ensemble donc. Pour le bien de notre puissante nation, pour le bien de notre monde.

SYLVAIN P. Allez au diable Johnson. 

PROCUREUR JOHNSON bas. Je suis le diable… 

SYLVAIN P. Je ne vous cache pas ma non-impatience de travailler avec vous. 

PROCUREUR JOHNSON. À très vite, cher collègue. D’un rire narquois, il raccroche le combiné. 

SYLVAIN P à son perroquet. J’aimerai me transformer en oiseau parfois… au moins, tu sais que t’es con. Zéro surprise. 

PERROQUET DE SYLVAIN P sans véritable entrain. zéééro surpriiiise

Sylvain P lui jette un coussin. Il sort un cigare de son illustre commode, se vautre dans son fauteuil et ferme les yeux. Il pense au procureur Johnson et à son parfait accent slave. 

SYLVAIN P à son perroquet. Faut admettre qu’il a tout de même bien joué son coup. 

PERROQUET DE SYLVAIN P neutre. C’est vrai que tu t’es fait avoir en beauté sombre idiot. 

Sylvain P lui jette son cigare. 

PERROQUET DE SYLVAIN P prenant une taffe. Mon Dieu ce que j’adore ces cigares… Sylvain P sourit bêtement à son perroquet. 

À suivre…

DANS LE PROCHAIN ÉPISODE impatient. Une nouvelle tête est tombée. L’enquête va prendre de la vitesse et Sylvain P se verra contraint de rater l’anniversaire de sa mère adorée.

Un temps. 

Tant de mystères, si peu d’indices…

Un temps. 

À très vite, sur Première Pluie.