Tristan et Isolde, c’est la version badass de Roméo et Juliette. Richard Wagner le savait quand il a adapté la légende médiévale en un long poème qui allait devenir un opéra en 3 actes en 1865. Les tonalités à l’œuvre dans son Tristan et Isolde sont une révolution pour le théâtre lyrique occidental. Bref, la romance monumentale a inspiré un compositeur monumental qui en a fait un opéra monumental. 

Ça serait dommage de rater ça hein ? Justement, l’Opéra national de Lorraine adapte Tristan et Isolde, dans une mise en scène de Tiago Rodrigues, qui va prendre bientôt ses fonctions de directeur du festival d’Avignon. La hype est-elle là ? Oui un peu quand-même, s’il en fallait pour sa première mise en scène d’opéra. 4h40 de gros kiff, en comptant les 2 entractes, pour se mesurer au gigantisme wagnérien une bonne fois pour toute. 

Le philosophe Nietzsche était l’animateur n°1 du fan club de Wagner, donc forcément, il est un peu partisan, mais il écrit dans Ecce Homo : “Je cherche en vain une œuvre qui ait la même dangereuse fascination, la même effrayante et suave infinitude que Tristan et Isolde. Le monde est pauvre pour celui qui n’a jamais été assez malade pour goûter cette “volupté de l’enfer.

Quand il parle de volupté de l’enfer, Nietzsche n’évoque pas un potage empoisonné, mais bien l’œuvre en 3 actes de Wagner. Tragédie évidente, Tristan et Isolde a été l’occasion pour l’allemand de délimiter dès l’introduction la profondeur de sa bourrasque romantique, où la tonalité est malléable. Cet opéra augurait des révolutions qui grondaient dans la musique et qui allaient largement prendre forme au 20ème siècle. 

Tristan et Isolde, c’est surtout un tweet visé, une story dédiée, bref, une grosse déclaration : Wagner était un peu love de son ami la poétesse Mathilde Wesendonck. Comme Roméo et Juliette, Tristan et Isolde, peu importe la légende, c’est toujours l’amour impossible, empêché, inabouti, gaspillé, éperdu. En adaptant la romance médiévale, Richard Wagner a défoulé son amour transi en même temps qu’il rendait hommage à la forme pure qu’il avait trouvée dans le Roméo et Juliette d’Hector Berlioz. 

Pour faire simple et sans spoiler : Isolde veut se suicider au poison avec Tristan à cause d’un quiproquo. La servante remplace le poison par un philtre d’amour qu’ils boivent. Ils sont dingues l’un de l’autre. Malgré tout, Isolde doit épouser un autre homme. Amour impossible et douloureux car il ne s’estompe pas avec le temps. Une nuit, les amants sont découverts. Dégouté, Tristan se laisse frapper presque à mort. Il se fait soigner dans son château avec son écuyer en attendant l’arrivée éventuelle de son crush éternel. Elle arrive pour le regarder mourir. Et alors que… Nan la suite c’est vraiment du spoil. 

Pour résumer, 5 bonnes raisons de venir voir Tristan et Isolde à l’Opéra national de Lorraine

1. 4h40 c’est tellement long que ça vaut le coup de couper le chauffage chez vous et de le rallumer seulement à votre retour. 

    2. Tiago Rodrigues c’est quelqu’un, il a sans doute plus d’un tour dans son sac sur cette mise en scène. 

    3. Tristan et Isolde de Wagner a été une révolution dans la musique. Rien que la scène d’intro c’est une gifle. 

    4. C’est une super belle tragédie d’amour. Il y a toute la démesure de l’amour impossible. Et la volupté de l’enfer du coup.

    5. Toute l’esthétique romantique est là, dans cette grisaille physique des météos pourries et des tristesses lugubres abritées par des châteaux ensorcelés.

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    Tristan et Isolde à l’Opéra national de Lorraine, c’est le mercredi 29 janvier à 15h, et les mercredi 1er, samedi 4, mardi 7 et vendredi 10 février à 19h à chaque fois avec Léo Hussain à la direction musicale.

    Acte I : 1h22 – entracte de 30 minutes – Acte II : 1h06 – entracte de 30 minutes – Acte III : 1h11 – Fin.

    Vos places sont ici et coûtent entre 5 et 75 euros. Vous pouvez également réserver d’avance vos encas et boissons. On organise un concours pour gagner 2 places en Catégorie A juste ici.

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    Arthur Guillaumot / Illustration John Duncan 1912