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Quelque chose de l’Union Européenne a failli. Profondément, et au cœur de ses valeurs, l’UE est en danger grave. A mon avis, comme jamais.

Ces dernières décennies, dans celle qui vient de s’écouler notamment, les crises économiques cachaient les questions morales, les valeurs, les idéaux.

Aujourd’hui, vous serez comme moi ravis d’apprendre et de lire que l’économie européenne va mieux, qu’elle « redémarre », que la Grèce est sauvée.

La Méditerranée est pavée de morts, le chemin jusqu’à Bruxelles est pavé de hontes, de refus, de tergiversations nationalistes, de regardages de chaussures individualistes. L’Union Européenne se devait de montrer un autre visage. Dans un monde où les chefs d’états internationaux se nomment Trump aux Etats-Unis, Poutine en Russie, Erdogan en Turquie, Kim Jong-un en Corée du Nord, Netanyahu en Israël. A l’heure où l’Europe est rattrapée elle-même par son extrême droite, avec Orban en Hongrie, Salvini en Italie, pour ne citer qu’eux.

Il était l’heure de réponses fortes et portées par une pensée humaniste. Ce rendez-vous entre l’UE et son histoire n’a pas eu lieu. L’UE est la fille des guerres qui déchiraient le continent pendant des siècles. C’est un territoire d’errances, de déchirures. Et aujourd’hui elle ne comprend rien des errances des guerres et des déchirures.

Les solutions jusqu’alors étaient : la bonne volonté de certains pays, l’Allemagne par exemple qui accueillait 1 million de réfugiés à partir de 2015. Les autres pays bricolaient pour accueillir le moins possible, la Hongrie dressait une barrière, les extrêmes droites se taillaient les parts de choix dans les différentes élections.

Mais surtout, ce sont 3 pays seulement qui portaient la responsabilité de l’accueil des réfugiés. L’Espagne, la Grèce et l’Italie. Seuls et oubliés de l’UE, plus préoccupée par Calais que par Lampedusa (l’île italienne qui, la première, accueille les réfugiés). Tous les autres regardaient ailleurs, en priant bien fort pour ne rien avoir à gérer. La France, particulièrement, se déshonorait. Notamment en condamnant ceux qui aidaient les réfugiés à passer les Alpes. Rendez vous compte. Dans le monde la France est le pays des droits de l’Homme, des Lumières. Ou peut-être, était.

La crise avec le ministre italien de l’intérieur, Matteo Salvini, représentant de l’extrême droite aura eu une vertu : les positions de tous sont claires. Vendredi 29 juin, au petit matin, le sommet qui réunissait les 28 membres de l’UE se mettait d’accord formellement sur des centres en dehors de l’UE. Ceci n’est pas une réponse.

La réponse à tous les populismes, aux dictatures, aux violences et aux errances, aux défis de demain, c’est une Union Européenne solide et cohérente.


Arthur – Editos 

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