< Tous les articles Littérature Charles Bukowski, Écrire au 20ème Par Arthur Guillaumot 6 août 2018 Charles Bukowski est un écrivain, romancier, nouvelliste et poète américain. Il est né en 1920 en Allemagne et il est mort en 1994 à Los Angeles, sa ville de cœur, de corps et de vie, qu’il n’a eu de cesse de dépeindre et dédicacer. Il se fait connaître tard, quand il jette autour de 50 ans son job de postier pour se concentrer sur l’écriture et une vie encore plus rabelaisienne. Ses sujets ? Sa vie, ce qu’il vit, ce qu’il voit, ce qu’il boit, les femmes avec lesquelles il couche quand il n’est pas trop ivre. Les rues de la cité des anges, les courses de chevaux, son autre obsession. L’œuvre de Charles Bukowski, notamment ses romans et ses nouvelles, semble donc tantôt misogyne, tantôt propos de lendemains de soirées. En réalité, comme Gainsbourg, Bukowski est un laid de jeunesse devenu Don Juan tard. Il venge, en vulgarisant l’amour et le sexe, un jeune Bukowski acnéique et rejeté. L’alcool est plus encore chez lui que chez n’importe qui un désinhibant. Il fait le show, comme lors de son passage en France en 1978, dans l’émission télévisée de Bernard Pivot, quittant le plateau totalement ivre, il menace l’équipe technique. 58ème secondes de la vidéo, marrez-vous Ses Nouvelles de vieux dégueulasses comme elles se nomment, sont Au sud de nulle part des plaisanteries vengeresses, des champs de courses au lit, en passant par le magasin de spiritueux. Pour de vrai, Charles Bukowski est un sentimental. En témoigne cet extrait clé de son roman majeur, Women, oui, Women : « En beaucoup de domaines, j’étais un sentimental : des chaussures de femmes sous le lit ; une épingle à cheveux abandonnée sur la commode ; leur façon de dire : « Je vais faire pipi… » les rubans qu’elles mettent dans leurs cheveux ; descendre le boulevard avec elles, à une heure et demi de l’après-midi, deux personnes marchant ensemble, simplement ; les longues nuits de beuverie, de tabagie, de discussions ; les scènes ; penser au suicide ; partager un repas en se sentant bien ; les plaisanteries ; les rires absurdes ; sentir les miracles dans l’air ; ensemble dans une voiture en stationnement ; comparer les amours d’antan à trois heures du matin ; s’entendre dire qu’on ronfle, écouter ronfler ; les mères ; les filles ; les fils ; les chats ; les chiens ; parfois la mort, le divorce, mais toujours continuer, s’accrocher ; lire seul le journal dans une buvette et sentir une nausée te retourner l’estomac, parce que maintenant elle est mariée avec un dentiste ayant un Q.I de 95 ; les courses de chevaux, les parcs, les pique-niques dans les parcs ; même la prison ; ses amis sinistres, tes amis sinistres ; ton goût pour la gnôle, son goût pour la danse ; ta drague, sa drague ; ses pilules, tes baises en douce, et elle qui fait pareil ; dormir ensemble… » Women, Charles Bukowski, 1978 Bukowski se lit avec du recul, et alors on peut prendre la pleine mesure de la drôlerie : « C’est ça le problème avec la gnôle, songeai-je en me servant un verre. S’il se passe un truc moche, on boit pour essayer d’oublier ; s’il se passe un truc chouette, on boit pour le fêter, et s’il ne se passe rien, on boit pour qu’il se passe quelque chose. » Toujours dans Women Mais Charles Bukowski est avant tout, et c’est ainsi qu’il se définit lui-même, un poète. Il publie près de 40 recueils, et donne des lectures alcoolisées qui font sa légende : « ou un vieux type dans une pièce misérable avec une photographie de M.Monroe. Il y a dans ce monde une solitude si grande que vous pouvez la prendre à bras le corps. Des gens claqués mutilés aussi bien par l’amour que par son manque. des gens qui justement ne s’aiment pas les uns les autres les uns sur les autres. Les riches n’aiment pas les riches les pauvres n’aiment pas les pauvres. nous crevons tous de peur. Notre système éducatif nous enseigne que nous pouvons tous être de gros cons de gagneurs. mais il ne nous apprend rien sur les caniveaux ou les suicides. Ou la panique d’un individu souffrant chez lui seul insensible coupé de tout avec plus personne pour lui parler et qui prend soin d’une plante. » extrait d’un poème de son recueil majeur, L’amour est un chien de l’enfer, 1977 Arthur – Culture collective À lire aussi Littérature Une trajectoire exemplaire de Nagui Zinet — Rentrée littéraire 15 Août 2024 Une trajectoire exemplaire est le premier roman parfait : une main dans le slip, l’autre autour d’une bière et les yeux rivés sur une cavale dans un thriller. S’il était le barman, Nagui Zinet aurait mixé le sensuel et le sordide dans son cocktail, mais il a profité de l’autre côté du comptoir pour livrer Interviews Littérature Magazine Nicolas Mathieu, Terre brûlée / Interview 09 Fév 2024 La sortie de Connemara, le nouveau roman de Nicolas Mathieu, plus de trois ans après son prix Goncourt, devait forcément constituer un événement. Un roman qui continue le travail entamé avec Leurs enfants après eux : celui d’une grande peinture. Et la force de frappe a augmenté. Discussion avec l’auteur. À votre avis, quand on Littérature Top livres 2023 d’Arthur 30 Déc 2023 Comment trouver le temps de lire ? L’époque graille chaque seconde disponible. Le temps de lecture fond en même temps que la banquise. On en discutait avec François Bégaudeau, qui a signé un roman très bref, L’amour. La solution très simple a notamment été de lancer notre propre prix littéraire. Dès lors, il était obligatoire À la loupeCartes postalesDossiersHoroscopeInterviewsPlaylists