Il venait tout juste d’apprendre que son nom se trouvait dans la liste des 15 sélectionnés pour le prix Goncourt 2018, Daniel Picouly réagissait à notre micro, au Livre sur la place à Nancy. 

Il est devenu l’une des figures de la littérature, son visage est familier au même titre que ses mots. Il s’installe et se fait intime. 

En réalité, il est rentré dans nos salons, sur nos téléviseurs, animateur emblématique sur France 5 avec son Café Picouly, puis sur France Ô. Sur nos tables de chevets surtout, depuis 1992 et La lumière des fous. Depuis, il y a eu Le champ de personne en 1995, L’Enfant léopard en 1999, salué par le prix Renaudot. Il n’a eu de cesse de publier, pour la jeunesse également, de s’inscrire dans le paysage télévisuelle et littéraire avec des romans réguliers. 

Quatre-vingt-dix secondes est sorti en août. Il est nommé pour le Goncourt, et même si je ne l’imaginais pas dans la liste, c’est à mes yeux son meilleur depuis La Nuit de Lampedusa en 2011. 

Voici un extrait : 

« Le diable a bu du rhum. On a souillé les églises, déterré les cadavres. Saint-Pierre doit se repentir. Tandis que je crache de la boue et du feu, que je ravage les champs, les bêtes et les hommes, ils battent des mains comme des enfants à Carnaval. Ils oublient de redevenir des animaux sages, de faire confiance à leur instinct. Fuyez ! Je suis la montagne Pelée, dans trois heures, je vais raser la ville. Trente mille morts en quatre-vingt-dix secondes. »

9782226436733-j

Le roman est beau, chaud, suave, il a quelque chose de sang séché dans une journée d’été, avec la terre qui se mélange au rouge sur la plaie. 


Arthur – Interviou 

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