< Tous les articles Cartes postales Nagpur, Inde : Maude Dufour Par Première Pluie 16 octobre 2018 Bonjour Première Pluie, je t’écris cette Carte Postale pour te raconter mon année en Inde. Le 9 juillet 2016, c’est l’heure de dire au revoir à ma famille ; nous avions préparé ce moment et nous savions parfaitement qu’il fallait l’écourter au maximum afin qu’il ne soit pas encore plus difficile. Après de brèves embrassades, je m’en vais en leur disant « à l’année prochaine ». Ganesh ou Gan pati (Dieu indien) Voilà, je m’envole enfin pour vivre ce que j’attends depuis des années; toutefois l’atterrissage a été plus que remuant. Après une escale à DOHA, j’arrive à 3h du matin à NAGPUR, la ville ou je vais vivre pendant un an. je me suis vite rendu compte que tout n’allait pas être aussi simple que prévu ; en effet, deux premières complications commencent : 1. Je ne parle pas un seul mot d’hindi 2. Je parle très peu anglais. Sans savoir où aller, j’arrive enfin à un guichet, mais comment expliquer à une personne qui parle uniquement hindi que je viens ici pour une année d’échange. Après avoir bataillé 1h avec google traduction, je peux enfin prendre ma valise et retrouver la famille d’accueil qui va m’héberger pendant 3 mois (le principe de cet échange étant de changer de famille d’accueil tous les 3 mois pour découvrir plusieurs aspects de la culture). Je fais connaissance avec ma famille d’accueil et j’apprends quelques mots d’hindi pour pouvoir parler à la grand mère de la famille qui était émerveillée de voir sa première étrangère à la peau blanche. C’ est une des premières choses qui m’a surprise car j’ai compris à ce moment là que la couleur de la peau était très importante. En effet, les Dieux Indiens qui sont représentés ont la peau claire, et c’est également un indicateur de beauté et de richesse que d’avoir la peau blanche, à savoir que l’un des plus importants business de cosmétique en Inde est fondé sur les crèmes qui rendent la peau blanche. Ensuite la famille me fait découvrir les pièces de l’appartement, tout me paraît classique et similaire à la France à l’exception de deux choses : l’absence de papier toilettes et l’absence de douche (pommeau remplacé par un seau) ; à noter que l’on s’habitue très rapidement à l’eau froide et au seau. Mes premières semaines en Inde ont toutes été aussi fructueuses : j’ai rencontré d’autres étudiants qui venaient d’Espagne et d’Italie ; on devait commencer l’école au mois d’août, on avait notre uniforme (rose) et on a très vite compris que l’école n’était pas pour nous. J’étais dans une filière scientifique avec des laboratoires digne des films d’Harry Potter, c’est là que j’ai pu constater une grande différence avec la France; tous les élèves et même certains profs voulaient prendre des photos avec nous, on se faisait siffler, on se faisait suivre, tout le monde voulait nous entendre parler en hindi. C ’était cool au début parce qu’on était sensible au fait que les indiens s’intéressent à nous , c’était le meilleur moyen de connaître la culture, mais pour certains élèves c’était peut-être juste un moyen d’être amis avec nous ou de nous draguer maladroitement. Certains ont demandé si c’était possible de venir dans nos pays avec nous, alors qu’ils ne nous avaient jamais parlé auparavant, d’autres postaient des photos de nous sans notre avis. Ce sont peut être ces détails qui, à long terme, ont montré une facette de l’Inde qui pouvait être agaçante. Surtout quand on apprend que même si pour certains, comme le disait ma grand-mère indienne, les gens aiment les étrangers parce qu’ils n’en voient pas souvent et qu’ils ressemblent à leurs Dieux, pour les jeunes indiens, la seule fois où ils ont vu des étrangères à la peau blanche c’est dans des films pornographiques. À ce moment là il est compliqué de leur expliquer qu’il n’est pas possible de reproduire dans la vraie vie ce qu’ils ont vu sur leurs écrans et qu’ils n’ont pas le droit de se permettre quoique ce soit avec nous. Un champ de thé Je ne suis plus allée à l’école, ça peut paraître surprenant mais je ne regrette pas du tout, j’ai compris comment l’école fonctionnait en Inde et j’ai préféré m’intéresser à d’autres aspects de la culture. J’ai donc fait de l’humanitaire à la place de mes journées de cours (qui au passage n’était pas bien remplies, je commençais tous les jours à 11H et je finissais quand je voulais, ou si un prof ne voulait pas faire cours, on pouvait repartir, c’est plutôt intéressant comme système). J’ai travaillé dans des hôpitaux, je me suis occupé notamment de jeunes enfants qui ne pouvaient ni parler, ni boire avec d’énormes trous dans le palais. J’ai travaillé dans des forêts (plantation), sur un projet contre la pollution (un GRAND sujet d’inquiétude pour l’Inde), je n’ai jamais été rémunérée mais cela m’a apporté bien plus que de l’argent. On faisait aussi d’autres activités telles que le mehendi (hénné), de la danse traditionnelle, des cours de cuisine, mais aussi des cours d’Hindi et Marathi, tout ce qui pouvait nous faire découvrir la culture, toutes ces activités furent très enrichissantes (même le yoga à 5h du matin). Le fait d’être immergé dans une famille nous a permis de participer à de très nombreuses fêtes religieuses, même si en Inde on ne fête pas Noël, on a pu participer au festival de Gan PAti un des Dieux les plus connus de la région Maharashtra, de Navratri : un festival de danse dans des tenues tribales, de Holi le festival qui fête la venue du printemps . Nos familles d’accueil nous ont permis de découvrir tout cela et également la nourriture (très très très très très très très épicées) on a pu échanger sur les coutumes notamment le mariage arrangé. J’ai eu aussi l’opportunité de faire deux voyages, le premier était un road trip dans l’Inde du sud, on a eu l’occasion de voir les plages, une culture complètement différentes, dans des villes comme Goa ou Mumbai où les populations sont beaucoup plus ouvertes d’esprit. Il est par exemple possible de voir des filles porter des jupes, ce qui n’est pas envisageable dans le centre de l’Inde. Nous étions un groupe d’étudiants et nous avons visité des temples, dormi dans des barques. Nous avons effectué un second road trip dans le nord de l’Inde, on a pu visiter le désert (souvent pollué par les touristes), nous sommes allés faire du ski dans l’Himalaya, avons visité leTaj Mahal, la maison de Gandhi. Varanasi, la ville religieuse de l’Inde où on peut y trouver énormément de touristes avec des dreadlocks venus chercher un guide spirituel… et bien d’autres choses encore. Même si tout ceci n’est qu’un TRÈS bref résumé de tout ce que j’ai vécu en Inde, j’ai essayé de montrer ce qui m’a le plus plu et qui a eu un impact important sur ma manière de vivre aujourd’hui et sur ma manière de voir les choses. Ce voyage m’a fait comprendre énormément de choses, même si ça n’a pas toujours était facile (c’était même souvent le contraire) cela fut l’expérience la plus enrichissante que j’ai pu vivre pour l’instant même si c’était souvent très déroutant, et même si le retour en France était difficile parce que je n’étais pas allée à l’école pendant un an, c’est pourtant pendant cette année là, plus que toutes mes années d’école françaises réunies que j’ai appris le plus de choses. En bref pour moi si une expression devait décrire ce que c’est que voyager en Inde et le voyage en général c’est bien « partir pour mieux revenir ». J’aurai encore énormément de choses à dire sur ce pays, je conseille à tout le monde d’y aller car que l’on aime ou pas l’Inde cela ne peut être qu’une expérience enrichissante. À bientôt, Maude Maude Dufour – Cartes Postales À lire aussi Cartes postales Le Tour du monde de la Haute-Marne : Théo 07 Fév 2022 Vous habitez quelque part, mais est-ce que vous connaissez vraiment les lieux, les talents, et les thématiques propres à ce quelque part ? Au coeur de l’été 2021, Théo Caviezel et Johann Legrand ont voulu répertorier les richesses du département 52. Alors ils ont grimpé sur des vélos et depuis ils alimentent leurs réseaux de Cartes postales Voyager seule en Arabie Saoudite : Marie 27 Mai 2020 Avoir voyagé en Arabie Saoudite est encore maintenant une expérience rare. Jusqu’à la fin de l’année 2019, c’était le seul pays au monde qui ne délivrait pas de visa touristique. Le royaume n’ouvrait ses portes qu’aux expatriés, aux militaires ou aux musulmans en pèlerinage, et les femmes devaient se faire accompagner d’un tuteur masculin. 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