Le dos est, anatomiquement, la partie du corps que l’on n’arrive ni à toucher ni à voir dans sa globalité.

De ce fait, au XVIIIème siècle, le devant du justaucorps était démesurément brodé contrairement au dos, dénué d’ornement pour des raisons économiques.

Seraient-ce ces raisons qui traduiraient l’absence du dos sur les photographies de défilés, bien qu’il en soit de même pour les photos de profil.

Ainsi ce point de vue fait l’impasse sur l’aspect tridimensionnelle du corps humain, et pousse les nouveaux créateurs à délaisser cet élément essentiel à l’harmonie d’une tenue dans sa totalité. 

Néanmoins, la royauté affichait un prolongement de tissu en « queue de robe » : la traîne, en tant que signe de noblesse. Cet espace forme une sphère privée, un espace interdit à autrui, qui protège majestueusement celui qui la porte.

Dos à la mode 1

Ce chic de l’excès de tissu n’est pas le même pour le décolleté dos nu.

Ce dernier est inexorablement symbole de sensualité.

En effet, la robe de Guy Laroche créée pour Mireille Darc dans le film d’Yves Robert Le Grand blond avec une chaussure noire montre une vision presque érotique laissant entrevoir les reins de l’actrice.

Dos à la mode 2

La nudité gêne, choque, bouscule les normes du commun des mortels. Il en est de même pour les photographies de Jeanloup Sieff : La Veuve joyeuse et Hilde dans une robe trop petite

Mais ferions-nous abstraction de tous nos conditionnements juste pour admirer l’élégance de ces représentations qui dévoilent sans importuner ?

Dos à la mode 3

Dos à ,la mode 4

Or avant cette libération du dos féminin, c’est-à-dire entre le XVèmeet XIXèmesiècle, celui-ci était utile à la fermeture ou à un ajustement pour mettre en valeur le devant de la tenue.

De nombreuses fermetures raffinées y sont cousues sur les corsets par exemple, comme chez Jean-Paul Gaultier.

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Ici, il s’agit de vêtir une femme dépendante qui aurait besoin d’une aide pour s’habiller. A l’inverse, l’homme ne souhaite guère être assujetti par son dressing. Le vêtement masculin fermé dans le dos reste la camisole de force, alors que pour la femme c’est un corset féminin ou une noble robe.

Ainsi ce parallèle montre un affaiblissement de la femme de par une vision sexiste de la garde-robe : cet archaïsme n’est destiné qu’aux malades et aux femmes…

Une autre partie plus technique a retenu mon attention : la charge.

Je pourrais faire une allusion à la charge mentale des femmes, qui peut se traduire physiquement par un sac d’un poids colossal mais aussi par un dos qui subit la pression sociale.

Les créateurs se donnent à cœur joie pour réaliser des sacs qu’ils soient classiques ou bien assez novateurs comme une veste sur le dos d’une veste de Nick Klavers. 

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Cette exposition fait revivre le travail de nombreux créateurs. De cette façon, les différents styles exploités montrent énormément de moyens qui mettent à profit ce que le dos à nous offrir. Qu’il s’agisse de signe de royauté ou bien de sensualité, de discrimination homme/femme mais aussi de charge le dos a de multiples messages à faire passer.

Il peut également être sujet d’ailes aux dos de divinités ou de figures allégoriques victorieuses, mais l’humain aussi a son côté divin. 

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Laure Gaurois 

Photos : Laure Gaurois dans le cadre de l’exposition Back Side / Dos à la mode au Musée Bourdelle à Paris, du 5 juillet au 17 novembre 2019

Toutes les informations concernant cette exposition sont ici