< Tous les articles Musique Hyper, comme la vie, sur le premier album d’Hervé Par Arthur Guillaumot 17 juin 2020 Si Hervé était un chevalier, son épée s’appellerait Mélancolie. Son premier album s’appelle Hyper, les chants sonnent comme des invocations à des divinités physiques. L’immense réussite de ce premier album, c’est la richesse des sonorités. 11 titres comme 11 titulaires, qui jouent des tensions des muscles pour exciter les surprise de l’existence. Entre poésies et rythmes. Défense Ventrale Vendredi 19 juin sortira le premier album de celui qui multiplie les batailles victorieuses, de dates en dates depuis déjà quelques temps. S’il s’est fait remarquer notamment en assurant les premières parties d’Eddy de Pretto, il n’a besoin de personne pour conquérir les foules. Hervé ne laisse personne indifférent, parce que sur scène, quelque chose de physique se passe. Personne ne mouille le maillot comme cet ex aspirant footballeur. En solitaire dans l’effort. Au diable les passe dé, rien ne passe dans cette ventrale défense, et les centres, les Hyper centres, tourbillonnent. Si sur Hyper, le chant prend une place plus importante que par le passé, les couplets gardent cette précieuse énergie haletante qui fait la signature d’Hervé. Et le contraste, dans les chansons, fixe cette richesse des sonorités, qui déglingue aussi dans les rythmes. Et ce flow n’est jamais en rade de pistes d’envol pour les réinventions, comme sur Paréo Parade, tentation chaude au rythme suave. Sur ce premier disque, tout va très vite, entre la fulgurance et la guerre éclair. Et même quand le rythme se ralentit, comme sur Fureur de vivre, les mots et le beat pulsent. Photo : Romain Sellier Invocations Les confidences ne sont jamais aussi impudiques et touchantes que quand elles sont murmurées et inversement. Sur ce premier album, Hervé envoie de frénétiques incantations et d’électriques invocations. Des questions, des demandes du coeur, scandées contre le vent qui claque, comme sur Maëlström : « Redis-moi comme cette vie est belle » ou au hasard sur Si bien du mal : « Dis moi si je te fais mal, quand je te fais du bien« . Jamais sur, jamais certain, le doute qui se partage, qui se mange à deux, est la matière argileuse de ce premier album. C’est celui qui permet de s’en remettre aux statuettes des divinités intimes, des proches, des amis, des amours. Aux bannières, les fanions, dans le vent, mélancolie, mais pas de regrets, le regard vif de celui qui voit ce que l’homme a cru voir. Poésie sur les collines, pour raconter ce qui nous fait et nous défait, dans nos grands soirs, dans nos éternités et dans nos moments de solitude dans une cuisine. Et si à la place on dansait ? Définitivement. Hervé fait groover la vraie vie. Plus le feuilleton à la place, dans les Vertiges de l’amour, il serait définitivement temps de vivre. Il nous le dit. Hyper vie Tout augmente, même la vie, ça va vite, Hervé court beaucoup sur ce premier album. Elégance du coureur de fond, apache en raid, qui cherche et tente. En témoigne la diversité déjà évoquée des sonorités et des thèmes. La flûte d’entrée sur Trésor ? Géniale. Sobriété et élégance. Souvent Hervé se démarque par des chansons qui sont des photos de la vie : Simple et sophistiquée à la fois. Des arrangements riches, la présence des batteries comme cohérence, ce flow haletant, des mots précis et précieux. Photo : Romain Sellier Si Alain Bashung est encore la figure tutélaire de ce premier album, avec des premiers disques talismans. Il y a un peu de Souchon, notamment sur Coeur Poids Plume, plus pour les textes. « Comment qu’on fait, comment qu’on soigne ?« . Il y a un truc rimbaldien, qui se balade dans l’air, une ambiance de poète voyou, élégance des transgressions. Il y a sur ce premier album tout ce qui fait la force d’Hervé depuis longtemps maintenant, mais bien plus encore. Il y a des morceaux hybrides, comme Le premier jour du reste de ma nuit, Paréo Parade ou Fureur de vivre (mon coup de coeur). Le premier jour du reste de ma nuit est comme le générique, qui remonte loin dans la vie, de cet album. D’ailleurs les sonorités en témoignent. Incroyable entrée dans le projet. Bel air est un morceau qui concilie la carte d’identité mélodique d’Hervé avec pour finir une envolée éléctro orchestrale. C’est ces richesses, qui s’apprêtent à voir le jour, qui font la force de vie d’Hyper. Arthur Guillaumot / photos : Romain Sellier Hyper, sort le vendredi 19 juin, chez Initial Artist Services En attendant, vous pouvez écouter : À lire aussi Interviews Musique Léon Phal : « La scène est un espace de travail et de jeu » / Interview 11 Oct 2024 Le saxophoniste Léon Phal est en ce moment le nom le plus alléchant de la nouvelle scène nu jazz. 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