Et si on s’asseyait pendant 1h45 pour réfléchir au bonheur ? Et à la recherche du bonheur, ou de la liberté de le chercher, dans la Russie contemporaine ? Peut-on être heureux dans un monde qui va mal ? On se plonge à la croisée entre l’itinéraire historique et le documentaire intime. 

On est sorti de cette pièce avec une envie de digérer tout ce qu’on nous a confié, partagés entre admiration et émotion. Comme la semaine dernière, pour Carte Noire nommée Désir, on a assisté à un théâtre de force. Une parole urgente, qui prend toute sa place dans la maison Manufacture. 

Dans Le bonheur, les 5 artistes sur scène nous livrent un vibrant partage de leurs vies et d’un monde qui se marche dessus, qui a perdu son sens en oubliant l’essentiel : l’amour de l’autre. On se retrouve plongés dans une Russie toujours mourante de l’intérieur, qui ne s’est jamais relevée de l’URSS. De Gagarine à Poutine, on retrace l’histoire d’un pays mais surtout de ceux qui le vivent, de ceux qui en souffrent ou qui font souffrir. Itinéraire entre les rêves d’enfants et les désillusions d’adultes. 

Le spectacle se déroule en russe, intégralement, mais on le suit sans être perdu une seconde grâce à l’écran de projection qui nous fait vivre la pièce en sous-titré et ajoute la lecture comme façon de mettre en scène. Des voiles flottent sur la scène et supportent les images projetées. On pense aux filtres qui ont cours dans la Russie passée et actuelle, ceux des regards qu’on pose sur cette voisine opaque. 

L’utilisation du son y trouve toute son importance, entre le documentaire scénique qui use de multiples procédés de bruitages en direct et la confidence. 

Pour structurer la pièce, les 5 artistes viennent s’asseoir au premier rang chacun leur tour pour des monologues bilans de leurs existences. Avec ces faces caméras retransmises sur l’écran, ils nous partagent leurs visions du bonheur, nous parlent de leurs vies et de leurs sens, de leurs expériences et de ce qu’ils en tirent. 

C’est une pièce à voir pour ce qu’elle raconte de cette Russie meurtrie et pour ce qu’elle dit de l’humain, de son rôle et de sa recherche de bonheur, de comment et pourquoi donner un sens à la vie et du sens que cela a quand le monde qui nous entoure a perdu le sien. On a été touchés par ces récits et on ne peut que vous encourager à venir toucher de la réalité urgente. 

Une pièce de Tatiana Frolova / Théâtre KnAM (Russie) 

Le Bohneur a été créé au CDN de Besançon Franche-Comté 

Durée : 1h50 / À partir de 16 ans

Encore le 20/11 à 19h au Théâtre de La Manufacture 

Tarif plein : 22€ / Groupe (8 personnes) : 17€ / Réduit : 8€ / Mini (étudiant.es): 5€

Vous pouvez réserver en ligne ici

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Josh / Arth