< Tous les articles Théâtre Faire battre le Chœur des amants au CCAM Par Joshua Thomassin 14 novembre 2022 Chœur des amants, la première pièce écrite par Tiago Rodrigues, figure majeure du théâtre européen, était au CCAM ce week-end. Le directeur du Festival d’Avignon a peaufiné son texte 13 ans plus tard pour nous présenter cette forme particulière et poétique. On vient suivre l’histoire d’un amour au fil du temps. Un amour raconté par les deux amants après-coup, chacun donnant sa propre version des faits. La pièce débute lorsque cet amour est à bout de souffle, littéralement. Un des deux partenaires se rend à l’hôpital et l’on croit déjà à la fin. Mais le cœur continue de battre et l’amour qui a survécu à la plus dure des épreuves repart de plus belle. La vie défile alors et les deux personnages nous font traverser les étapes les plus importantes de leur histoire, jusqu’à son final. Le texte est magnifiquement écrit. Tiago Rodrigues l’a commencé en 2006 et terminé en 2020. Comme il le dit lui-même, cela lui a permis de faire vieillir ses personnages. Car lui et le monde ont changé, comme changent les amants et leur amour. Cette pièce fait du temps un point central de réflexion. Si l’amour est toujours en question, c’est le temps qui lui est associé que l’auteur dissèque : « On a le temps ». Phrase qui revient sans cesse au fil de l’histoire. Qu’est ce que c’est, prendre le temps ? Comment s’accorder du temps ? A-t-on vraiment le temps si tout peut se terminer en une fraction de secondes, comme la première scène à l’hôpital nous le rappelle ? Toutes ces questions sans réponses traversent continuellement l’esprit des personnages et font vivre leur amour d’une manière inhabituelle. Comme le simple fait de ne pas voir la fin d’un film car on veut se prouver qu’on a le temps pour la voir. Et on finit par ne jamais vouloir la voir. Si le texte et les réflexions l’entourant sont passionnantes, c’est la forme de la pièce qui fait sa force. Car les deux amants racontent l’histoire simultanément, ou presque, ou l’un après l’autre, ou l’un sans l’autre. Leurs récits se confondent et se contredisent. Le tout forme un chœur, ils ne forment qu’un. C’est l’amour qui parle par ces deux entités et non deux personnages distincts. La dualité force le public à écouter avec attention, à louper des morceaux, à se concentrer sur un seul récit ou à essayer de capter des informations dans les deux. Si la forme surprend au début, on s’y habitue et on s’y plait. La mélodie que cela crée donne de la force à tout ce qui est raconté. Et l’auteur n’en abuse pas et sait rythmer pour ne pas nous perdre. C’est une aventure courte dans le cœur de deux partenaires, une pièce qui nous prend par sa poésie. Mise en scène simple mais juste car il n’y a pas besoin d’artifices. Confortablement assis dans les sièges du CCAM, ce fut une parenthèse agréable dans le brouillard de novembre. __ Interprétation : Grégoire Monsaingeon et Alma Palacios Texte et mise en scène : Tiago RodriguesScénographie : Magda Bizarro et Tiago RodriguesCostumes : Magda BizarroLumières : Manuel AbrantesTraduction du texte : Thomas ResendesDurée : 50min Photos de Filipe Ferreira. Découvrez la suite de la saison du CCAM en cliquant ici. Si, après avoir apprécié son écriture, vous souhaitez découvrir plus en profondeur son talent de metteur en scène, Tiago Rodrigues revient à Nancy avec sa première mise en scène d’un opéra. Ce sera Tristan et Isolde de Wagner, à l’Opéra National de Lorraine du 29 janvier au 10 février 2023. Plus d’informations ici. __ Josh À lire aussi critique Théâtre Le temps des fins de Guillaume Cayet — Critique 04 Déc 2024 Le temps des fins est une pièce qui ne traite pas de la fin des temps mais de la fin de l’infini. Jusqu’au 06 décembre au Théâtre de la Manufacture, puis en tournée, l’écrivain dramaturge livre une œuvre écologiquement engagée poignante. L’histoire se déroule en trois actes : Le deuil, Le monde impossible et La critique Théâtre Le Ring de Katharsy d’Alice Laloy — Critique 26 Nov 2024 On a découvert Le Ring de Katharsy au Théâtre national de Strasbourg. Métaphore sociale, dystopie ou simple fantaisie, Alice Laloy créé un spectacle dantesque, inédit en son genre. Le jeu vidéo rencontre la scène et s’impose au théâtre comme une évidence dramatique. La grille s’élève et le show commence. On découvre Katharsy, figure mystico-lyrique qui critique Théâtre Antigone de Laurence Cordier — Critique 14 Nov 2024 Laurence Cordier adapte Antigone de Sophocle au Théâtre de la Manufacture à Nancy. Face à ce texte antique mais toujours actuel, elle opte pour une mise en scène funèbre et statique. Le propos incandescent ne parvient pas à résonner, faute de rythme et de choix scéniques. Antigone est la fille d’Œdipe et Jocaste. Ses deux À la loupeCartes postalesDossiersHoroscopeInterviewsPlaylists