Ce vendredi 24 janvier, le Théâtre de Poche de Bruxelles emmène sa création à Frouard. Le Théâtre Gérard Philippe accueillera Iphigénie à Splott, une pièce de Gary Owen mise en scène par Georges Lini. C’est le combat d’une fille marquée par une vie rude à Cardiff, où son sacrifice se confond avec celui d’Iphigénie, figure de la mythique Guerre de Troie.

©DEBBY TERMONIA

Une histoire à la Ken Loach

Iphigénie à Splott narre la vie d’une héroïne, « seule » au plateau pour témoigner de son histoire. Elle s’appelle Effie et vit à Splott, un quartier de Cardiff, la capitale du Pays de Galles. Une grande ville qui a subi de plein fouet une désindustrialisation express, comme on en connait plein dans notre région. Où les rues sont devenues des déserts d’errance pour les personnes précaires qui n’ont pu trouver d’autres alternatives. Effie en fait partie.

Depuis, elle rôde, ici et là, toujours avec quelque chose à boire, quelque chose pour oublier son quotidien morose. C’est devenu sa routine hebdomadaire : se remplir de cette potion toxique pour changer de monde, puis émerger et repartir pour un tour.

Mais Effie est une galloise, et comme la mode britannique le veut, sa langue est son arme. Elle parle avec une vivacité acerbe, et ne laisse personne lui dicter sa loi. Elle a perdu mais continue de se battre, envers et contre tout. Elle n’est pas montée sur scène pour se plaindre, mais pour y avoir son moment de gloire : « Ce soir vous êtes tous là pour me rendre grâce, à moi. »

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Inspirée d’un mythe antique

Mais alors pourquoi Iphigénie ? Le lien n’est pas forcé par Gary Owen, il se distille petit à petit tout le long du récit. Iphigénie, c’est la fille d’Agamemnon, un des généraux grecs qui attaquent la ville de Troie. Mais lorsqu’il veut partir en bateau, aucun vent de souffle dans les voiles. Il doit alors sacrifier sa fille pour que la déesse Artémis lui permette de prendre la mer. Iphigénie, c’est donc le symbole du sacrifice pour le bien d’un peuple, un sacrifice conscient, assumé par celle qu’on envoie à la mort.

Effie elle aussi se sacrifie, elle aussi elle prend les coups que nous ne recevons pas, elle est marquée par ce que nous ne vivons pas. Elle est l’allégorie de la précarité, de la survie dans ce monde moderne, de la résistance aux injonctions. Elle en souffre pour nous. « Vous là, vous me devez quelque chose, et ce soir — les mecs et les meufs, mesdames et messieurs — je suis venue pour ramasser.« 

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Sous forme de concert scandé

Georges Lini a choisi d’accompagner Effie, jouée par Gwendoline Gauthier, par 3 musiciens renommés, connaisseurs de la scène théâtrale. François Sauveur au violon et à la guitare électrique, Pierre Constant à la guitare électrique et Julien Lemonnier au synthétiseur. Ils ont créé ensemble un univers musical pour accompagner le récit d’Effie. La musique occupe des instants précis, elle comble les vides, elle témoigne de l’environnement, et elle devient un personnage à part entière.

Cette vie dramatique se transforme en récit scandé, en souffle vital d’espoir. La pièce a fait un carton lors de son passage dans le OFF du Festival d’Avignon 2023, et a été nommée dans deux catégories (Meilleur spectacle et meilleure interprétation) aux Prix de la critique 2022.

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C’est un récit qu’il faut entendre et transmettre, et ça se passe à Frouard ce vendredi 24 janvier à 20h.

Durée : 1h30

Tarifs : 3 à 12€ (8€ pour -26 ans et étudiant·es)

Réservez vos places

Trains depuis Nancy : 18h58 ou 19h28 à l’aller. 22h17 au retour. 1,60€ le trajet avec la carte Fluo. La salle se trouve à 20 minutes à pied de la gare.

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Compagnie Belle de Nuit 
Avec
 Gwendoline Gauthier
Mise en scène Georges Lini
Direction musicale François Sauveur
Musiciens Pierre Constant, Julien Lemonnier et François Sauveur
Texte Gary Owen
Traduction Blandine Pelissier et Kelly Rivière
Collaboration artistique Sébastien Fernandez
Création lumières Jérôme Dejean
Costumes Charly Kleinermann et Thibaut De Coster
Coproduction Théâtre de Poche et la Cie Belle de Nuit

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Texte : Joshua Thomassin

Photos : Debby Termonia