< Tous les articles critique Théâtre Qui som ? de Baro d’evel — Festival d’Avignon Par Joshua Thomassin 16 juillet 2024 Qui som ? est une des plus belles trouvailles de la programmation du IN. Coup de pied dans la fourmilière, la compagnie franco-catalane Baro d’evel trace d’un geste brut sa propre vision du spectacle vivant. Comme au royaume des songes, tout ce qui peut bouger est source de jeu, de rire ou d’embrasement, alors pourquoi s’en priver ? Ce qui est arrangeant avec un spectacle d’ustructure aussi vivace, c’est qu’il n’y a rien à dire de descriptif. Tout est question de ressenti. Vous ne saurez pas en lisant mais en voyant, en écoutant, en respirant le même air que celui de la scène. Le récit s’affranchit d’une ligne directrice, il ressemble même formellement à une suite de situations comiques sans rapport les unes aux autres. Pourtant, si rien ne semble écrit, tout mouvement trouve son sens dans l’instant présent, et créé la forme à partir de ces hésitations affirmées. Photo : Christophe Raynaud de Lage / Festival d’Avignon Alors, d’un accueil digne d’un vernissage hautement guindé, on brisera les pots d’argile pour mimer nos corps, on transformera un chant lyrique en opéra de chutes, on passera de la chorégraphie au corps libre, on questionnera ce que cela veut dire d’être là, sur une scène scrutée par des centaines de spectateur·rices, de comment inventer la suite. Photo : Christophe Raynaud de Lage / Festival d’Avignon La subversion ce n’est pas de faire contre mais de créer pour, d’inventer un espace ensemble, où tout ce qui s’y retrouve n’a pas besoin d’être réfléchi ou questionné. Parfois, il faut laisser le soin des justifications aux critiques enhardi·es et simplement profiter d’un chien qui court en rond. Peu importe le pourquoi, tant que l’énergie de l’instant a provoqué quelque chose d’inattendu. Photo : Christophe Raynaud de Lage / Festival d’Avignon Prôner un tel projet, ce n’est pas renier la forme, au contraire. Le spectacle accorde une importance identique aux corps et aux choses. Des masses d’argile aux milliers de bouteilles en plastique, les objets s’éveillent. Les déchets prennent vie, ils remplissent la place qu’on nous cache. Et au fond, une entité de papier se métamorphose en mur gigantesque, le vent la transforme en vagues et la danse n’a plus besoin de vie pour exister (si tant est qu’on considère l’inanimé comme non-vivant). Photo : Christophe Raynaud de Lage / Festival d’Avignon Qui som ? choisit la pluridisciplinarité comme point de rencontre, au service du vivant. Le spectacle s’inspire de tout ce qui respire, on y retrouve des morceaux de stand up, de clown, de danse, de théâtre, de cirque, de musique et même d’arts plastiques. Au départ circassienne, puis passée de la rue au plateau, la compagnie n’a dérogé sur aucun de ces principes. Ce ne sont pas les journalistes ou les tendres habitué·es assis en gradins qui changeront la donne, ici l’irrévérence est mère de survie. Photo : Christophe Raynaud de Lage / Festival d’Avignon La compagnie Baro d’evel est venue à Avignon avec un objectif en tête : que le public sente qu’il fait partie de ce qui va avoir lieu. Cette science parait simple mais elle échappe pourtant à nombre de créateur·rices. Dans Qui som ?, c’est par cette surprenante irrévérence que les gradins offrent un soutien quasi inconditionnel. Alors, on se permet d’être ensemble, de ne plus penser au temps qui passe et de profiter de la brève de vie qui se déroule devant nous. Et c’est franchement salvateur. __ Durée : 2h30 Avec Lucia Bocanegra, Noëmie Bouissou, Camille Decourtye, Miguel Fiol, Dimitri Jourde, Chen-Wei Lee, Rita Mateu Trias en alternance avec Amir Ziegler, Yolanda Sey, Julian Sicard, Marti Soler, Maria Caroline Vieira, Guillermo Weickert, Blaï Mateu Trias Conception et mise en scène Camille Decourtye, Blaï Mateu Trias Collaboration à la mise en scène Maria Muñoz, Pep Ramis (Mal Pelo)Collaboration à la dramaturgie Barbara Métais-Chastanier Collaboration musicale Pierre-François Dufour Scénographie et costumes Lluc Castells Lumière María de la Cámara, Gabriel Pari Son Fanny Thollot Recherche des matières et des couleurs Benoît Bonnemaison-Fitte « Bonnefrite » Céramiste Sébastien De Groot Régie générale Samuel Bodin, Romuald SimonneauRégie plateau Mathieu MiorinRégie plateau céramiste Benjamin PorceddaRégie son Chloé Levoy Régie lumière Enzo Giordana Habillage Alba Viader Tournée : 19 et 20 juillet 2024 : Lyon – Festival les Nuits de Fourvière Du 25 au 27 juillet 2024 : Barcelone 🇪🇸 – Grec Festival de Barcelona Du 02 au 04 août 2024 : Graz 🇦🇹 – Festival La Strada Du 26 au 28 septembre 2024 : Rome 🇮🇹 – Romaeuropa Festival Du 02 au 04 octobre 2024 : Malakoff – Théâtre 71 Du 11 au 13 octobre 2024 : Liège 🇧🇪 – Théâtre de Liège Du 31 octobre au 02 novembre 2024 : Bruxelles 🇧🇪 – Halles de Schaerbeek Du 13 au 16 novembre 2024 : Arras – Tandem Du 02 au 22 décembre 2024 : Toulouse – ThéâtredelaCité Du 10 au 12 janvier 2025 : Tarbes – Le Parvis Du 22 janvier au 1er février 2025 : Bobigny – MC93 Du 18 au 22 février 2025 : Genève 🇨🇭 – Comédie de Genève Du 18 au 21 mars 2025 : Dijon – Théâtre Dijon Bourgogne 27 et 28 mars 2025 : Rouen – Centre dramatique national de Normandie-Rouen 1er et 02 avril 2025 : Le Havre – Le Volcan 24 et 25 avril 2025 : Châteauroux – Équinoxe Du 06 au 09 mai 2025 : Bayonne – Scène nationale du Sud-Aquitain 14 et 15 mai 2025 : La Roche-sur-Yon – Le Grand R __ Texte : Joshua Thomassin Photos : Christophe Raynaud de Lage / Festival d’Avignon À lire aussi critique Théâtre Le temps des fins de Guillaume Cayet — Critique 04 Déc 2024 Le temps des fins est une pièce qui ne traite pas de la fin des temps mais de la fin de l’infini. Jusqu’au 06 décembre au Théâtre de la Manufacture, puis en tournée, l’écrivain dramaturge livre une œuvre écologiquement engagée poignante. L’histoire se déroule en trois actes : Le deuil, Le monde impossible et La critique Théâtre Le Ring de Katharsy d’Alice Laloy — Critique 26 Nov 2024 On a découvert Le Ring de Katharsy au Théâtre national de Strasbourg. Métaphore sociale, dystopie ou simple fantaisie, Alice Laloy créé un spectacle dantesque, inédit en son genre. Le jeu vidéo rencontre la scène et s’impose au théâtre comme une évidence dramatique. La grille s’élève et le show commence. On découvre Katharsy, figure mystico-lyrique qui critique Théâtre Antigone de Laurence Cordier — Critique 14 Nov 2024 Laurence Cordier adapte Antigone de Sophocle au Théâtre de la Manufacture à Nancy. Face à ce texte antique mais toujours actuel, elle opte pour une mise en scène funèbre et statique. Le propos incandescent ne parvient pas à résonner, faute de rythme et de choix scéniques. Antigone est la fille d’Œdipe et Jocaste. Ses deux À la loupeCartes postalesDossiersHoroscopeInterviewsPlaylists