< Tous les articles critique Théâtre Le Ring de Katharsy d’Alice Laloy — Critique Par Joshua Thomassin 26 novembre 2024 On a découvert Le Ring de Katharsy au Théâtre national de Strasbourg. Métaphore sociale, dystopie ou simple fantaisie, Alice Laloy créé un spectacle dantesque, inédit en son genre. Le jeu vidéo rencontre la scène et s’impose au théâtre comme une évidence dramatique. ©SIMON GOSSELIN La grille s’élève et le show commence. On découvre Katharsy, figure mystico-lyrique qui dirige le jeu, et ses 2 assistants. Puis les 2 joueurs et les 6 avatars. Ces derniers ont leur propre présentation de combattant·es, à la Street Fighter. La metteuse en scène nous place comme devant notre écran, prêt·es à regarder un live Twitch où s’affrontent deux gamers confirmés. Chacun choisit son équipe et les duels commencent. ©SIMON GOSSELIN BLACK FRIDAY, CLICK AND COLLECT, ENJOY YOUR MEAL, LIVING POISON, GREEN IS BEAUTIFUL, STOP CRYING. Le nom des épreuves est choisi avec soin et satire. Les avatars, véritables pantins, s’affrontent sous les consignes déshumanisées des joueurs qui les contrôlent. « Saisit », « Tourne », « Subtilise », « Pivote », « Pique », « Tire », « Saute ». Bagarre vestimentaire, bataille de courses, duel de nourriture, guerre des déchets, emprunt de meubles, affrontement de berceuses : elle utilise des situations quotidiennes pour les tordre et leur faire perdre tout sens. Mais s’y retrouve notre réalité. Au centre de notre monde il y a un ring. On s’y affronte perpétuellement. Un combat pour des produits, tombés du ciel entre nos bras, qu’on s’empresse de consommer et de recracher. ©SIMON GOSSELIN Alice Laloy a imaginé son spectacle comme un grand divertissement moderne, où les humain·es sont rangé·es dans leurs cases : le système qui établit les règles, ceux qui manipulent, et ceux qui sont forcés d’obéir. Elle mélange les disciplines, du chant d’opéra à une danse circassienne, pour rendre son environnement le plus vivant possible, et ça marche. On est pris au jeu. « Dans la salle, j’aimerais q’un·e gamer·euse convaincu·e soit assis·e à côté d’un·e spectateur·rice réfractaire au jeu vidéo, et qu’un·e amateur·rice de musique lyrique avoisine une·e accro de la pop culture » Alice Laloy Tout se base sur un paradoxe. Les acteur·rices quittent leur humanité pour n’être que des pantins, mais les PNJ (personnages non-joueurs) qu’ils incarnent prennent vie sur le plateau. Dans le public, on est forcément perturbé·es par ce qui se produit. L’ambiance est malsaine, mais trop divertissante pour la quitter des yeux. On finit même par en rire. Du cocasse d’un pantin qui n’arrive pas à s’habiller, d’une chute imprévue, des consignes mal interprétées ou non respectées. ©SIMON GOSSELIN La metteuse en scène emprunte à la fois au jeu vidéo, à Squid Game, aux vidéos satisfaisantes ou de combat sur Internet. Comme elle le souhaite, elle permet la rencontre entre « un·e gamer·euse convaincu·e et un·e amateur·rice de musique lyrique ». Elle saisit dans l’interdisciplinarité la faculté de rassembler des mondes. Elle nous impressionne par la performance des danseur·euses, nous tend par la musique, nous apaise par le chant, nous divertit par le jeu, et nous dérange par l’absence d’humanité. Elle crée un spectacle au centre de l’époque. Où le sens de ce que l’on voit n’importe plus, il s’échappe pour laisser le divertissement comme seul maître. La violence se décuple et s’utilise comme élément de jeu, comme dernière part d’humanité. ©SIMON GOSSELIN La scénographie est terne, tout en gris. Elle s’impose par sa forme, avec un grill visible (grille qui retient les objets, projecteurs ou autre, juste en haut de la scène), qui laisse tomber des chaises, tables, fauteuils à 6 mètres de hauteur. Les objets atterrissent sur leurs pieds, sans tomber à la renverse, véritable prouesse réalisée par les ateliers du Théâtre national de Strasbourg. ©SIMON GOSSELIN Alice Laloy utilise la scène comme exutoire et replace l’humanité au centre du débat. Qui créé les règles du jeu ? Qui les impose ? Qui sont ces avatars ? Que gagne ceux qui jouent ? Pas de réponse. Juste la réalité malsaine d’une Société du Spectacle qui franchit ses limites. ©SIMON GOSSELIN En sort un show comme nul autre avant lui, qui pose des tableaux d’une beauté malaisante. La précision des danseur·euses est digne d’orfèvres. Alice Laloy multiplie les portes d’entrée et permet de lier la création artistique nichée à un divertissement populaire. Le Ring de Katharsy est un drame contemporain dont on ressort forcément questionné·e et impressionné·e, avec une dose de rire nerveux. __ Au Théâtre national de Strasbourg jusqu’à samedi 29 novembre. Toutes les infos ici Tournée : 05 au 16 décembre 2024 : Gennevilliers (92) – T2G Théâtre de Gennevilliers (pour le Festival d’automne) 09 et 10 janvier 2025 : Villeneuve d’Ascq (59) – La rose des vents 26 février au 1er mars 2025 : Tours (37) – Théâtre Olympia 13 et 14 mars 2025 : Malakoff (92) – Malakoff Scène Nationale (pour le Festival Marto) 20 et 21 mars 2025 : Orléans (45) – Théâtre d’Orléans 03 et 04 avril 2025 : Limoges (87) – Théâtre de l’Union 09 et 10 avril 2025 : Clermont-Ferrand (63) – Comédie de Clermont-Ferrand 23 au 26 novembre 2025 : Toulouse (31) – ThéâtredelaCité La Compagnie s’Appelle Reviens Avec Coralie Arnoult, Lucille Chalopin, Alberto Diaz, Camille Guillaume, Dominique Joannon, Antoine Maitrias, Léonard Martin, Nilda Martinez, Antoine Mermet, Maxime Steffan et Marion Tassou (chanteur·ses, acrobates et danseur·ses)Conception et mise en scène Alice LaloyÉcriture et chorégraphie en complicité avec l’ensemble de l’équipe artistiqueAssistanat et collaboration artistique Stéphanie FarisonCollaboration chorégraphique Stéphanie ChêneScénographie Jane JoyetLumière César GodefroyMusique Csaba PalotaïÉcriture sonique Géraldine FoucaultRecherche et développement des accessoires et objets Antonin Bouvret Recherche, dessin et développement des systèmes de lâchés Antonin Bouvret, Christian HugelRenfort construction Julien Aillet, Julien JoubertCostumes Alice Laloy, Maya-Lune Thiéblemont, Anne YarmolaRenfort costumes Angélique LegrandGraphisme et Vidéo Maud GuercheTypographie MisterPixel, Christophe BadaniRegard cascades Anis MessabisCoordination des projets artistiques Joanna CochetAssistanat à la vidéo Félix FarjasStagiaire en assistanat à la mise en scène Salomé BaumgartnerStagiaire costumes Esther Le BellecRégie générale Sylvain Liagre, en alternance avec Baptiste DouaudRégie plateau Léonard MartinRégie lumière en tournée Elisa MillotRégie son en tournée Géraldine Foucault, en alternance avec Arthur LegouhyDécors réalisés par les ateliers du TnSCoordination des projets artistiques Gabrielle DupasProduction et diffusion Gabrielle DupasAdministration Céline AmadisCommunication Manon Rouquet __ Critique : Joshua Thomassin Photos : Simon Gosselin À lire aussi critique Théâtre Le temps des fins de Guillaume Cayet — Critique 04 Déc 2024 Le temps des fins est une pièce qui ne traite pas de la fin des temps mais de la fin de l’infini. Jusqu’au 06 décembre au Théâtre de la Manufacture, puis en tournée, l’écrivain dramaturge livre une œuvre écologiquement engagée poignante. L’histoire se déroule en trois actes : Le deuil, Le monde impossible et La critique Théâtre Le Ring de Katharsy d’Alice Laloy — Critique 26 Nov 2024 On a découvert Le Ring de Katharsy au Théâtre national de Strasbourg. Métaphore sociale, dystopie ou simple fantaisie, Alice Laloy créé un spectacle dantesque, inédit en son genre. Le jeu vidéo rencontre la scène et s’impose au théâtre comme une évidence dramatique. La grille s’élève et le show commence. On découvre Katharsy, figure mystico-lyrique qui critique Théâtre Antigone de Laurence Cordier — Critique 14 Nov 2024 Laurence Cordier adapte Antigone de Sophocle au Théâtre de la Manufacture à Nancy. Face à ce texte antique mais toujours actuel, elle opte pour une mise en scène funèbre et statique. Le propos incandescent ne parvient pas à résonner, faute de rythme et de choix scéniques. Antigone est la fille d’Œdipe et Jocaste. Ses deux À la loupeCartes postalesDossiersHoroscopeInterviewsPlaylists