Le saxophoniste Léon Phal est en ce moment le nom le plus alléchant de la nouvelle scène nu jazz. Avec ses compères Zacharie Ksyk à la trompette, Gauthier Toux aux claviers, Rémi Bouyssière à la contrebasse et Arthur Alard à la batterie, ils défendent un jazz infusé de sonorités multiples et dansantes. Son nouvel ep No Pain, No Champagne vient de sortir et le franco suisse est passé par Nancy Jazz Pulsations pour soulever le Magic Mirrors. 

Arthur : Bonsoir Léon. Ça te fait plaisir de jouer au Magic ce soir ?

Léon Phal : Bonsoir ! Oui, c’est un vrai plaisir de pouvoir revenir dans cette salle. On est venu en 2021 et c’était déjà bien la fête. Mais entre temps, on a quand même eu l’occasion de tourner, beaucoup tourner et de refaire un album. Donc voilà, je pense que le groupe a maturé et j’espère que le public nancéien saura l’apprécier ce soir. 

Il s’est passé beaucoup de choses ces dernières années, justement avec la sortie de tes différents projets, et la réputation que vous avez acquise sur scène. C’est quel espace la scène justement pour le projet Léon Phal ?

C’est un espace de travail et de jeu. Il faut savoir que dans ce groupe-là, tous les musiciens sont vraiment très éloignés physiquement. Pour se voir physiquement, faire une résidence, travailler un album, travailler un show, c’est compliqué. On a en moyenne sept jours de travail par année et tout le reste, c’est du travail fait à la maison. On fait comme on peut pour ensuite se retrouver en concert et jouer ce qu’on a préparé. 

La scène est un espace de travail et de jeu.”

C’est un groupe de jazz en visioconférence ? 

On pourrait faire plus de visio. La scène est un espace d’expérimentation parce que ça nous permet de tester les morceaux en live. D’ailleurs, ce soir, normalement, on va jouer un single de l’EP qui vient de sortir (No Pain, No Champagne), qui est un peu une exclusivité pour NJP parce que voilà, on vous aime bien.

Et justement, est-ce que ce n’est pas une façon de se découvrir et de se redécouvrir en permanence ? Le fait de ne pas se voir tant que ça en dehors de la scène, d’être éloignés physiquement ?

Oui, la frustration, c’est toujours un bon système pour arriver à une connexion encore plus forte. Ça fonctionne bien. Jusqu’à maintenant, ça ne nous a pas posé de problème en tout cas. 

On dit souvent de votre jazz qu’il est libéré. Il avait besoin d’être libéré de quoi ?

C’est joliment dit. Je pense que depuis mon premier album (Canto bello, paru en 2019), ce que j’ai surtout essayé de faire, c’est d’être le plus sincère possible. Pour être libéré du regard des autres, libéré de l’attente que l’on peut s’imaginer que l’industrie a de nous ou même de celles de mes proches ou de mes pairs, de mes musiciens ou de mes collègues que je connais dans d’autres groupes. Jazz libéré, peut-être qu’au bout d’un moment, c’est arrêter de penser aux autres en premier et penser à soi et juste savoir ce qui te fait du bien, pour aller le chercher.

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Interview : Arthur Guillaumot, réalisation et montage : Diego Zébina, ingé lumière : Léo Mercklé, ingé son : Joshua Thomassin

Interview réalisée le 10 octobre 2024 pendant Nancy Jazz Pulsations.