< Tous les articles Interviews Musique Danakil : « Il faut que je ne me sente obligé de rien » / Interview Par Arthur Guillaumot 16 décembre 2024 Depuis plus de vingt ans, Danakil est l’un des groupes les plus importants de la scène reggae francophone, avec quelques singles qui ont traversé les deux dernières décennies et résonné dans toutes les oreilles. Leur septième album, Demain peut-être est sorti en septembre dernier et le groupe est en tournée. On a discuté avec Balik, parolier, chanteur et compositeur du groupe. Danakil existe depuis plus de 20 ans, comment on fait pour traverser deux décennies en groupe ? Je ne sais pas s’il y a une recette magique qui marche à tous les coups, mais en tout cas nous c’est une histoire d’amitié depuis qu’on s’est rencontrés au lycée, entre 16 et 18 ans. Je crois que c’est ce qui fait le ciment du groupe. On est contents de faire tout ce qu’on fait ensemble depuis cette époque. Je pense qu’on a grandi ensemble musicalement. En tant que musiciens et en tant qu’hommes aussi. On a vu les familles se construire, les projets de vie des uns et des autres évoluer. On s’est accompagnés sur toutes ces années. Aujourd’hui on est collègues et frères à la fois. C’est ce qui maintient cette envie de partir chaque week-end en tournée ensemble, de faire des nouveaux albums. C’est tellement devenu notre vie à tous, alors qu’au départ c’était un hobbie pour tout le monde. On est tous contents de vivre ça ensemble, c’est ce qui nous donne l’élan pour toujours passer à l’étape d’après. Personne ne voit de changements, on est bien comme ça et on voudrait que ça dure encore. “Aujourd’hui on est collègues et frères à la fois.” Est-ce que parfois ça vous est arrivé d’être dépassés par ce que vous faisiez ? Non, je ne crois pas, parce que rien ne s’est fait trop vite avec Danakil. Tu vois, ça fait 23 ans et on a avancé étape par étape. On a toujours réinvesti chaque centime dans le projet. On a joué pendant longtemps sans cachet, avec la housse de guitare ouverte et juste de quoi tourner sur la côte Aquitaine et la Bretagne. On a fait ça longtemps et le nom a circulé petit à petit, donc rien n’a fait qu’on puisse se sentir dépassés. La construction a été sûre et lente, je dirais. C’est comme ça que je vois l’historique du groupe. C’est aussi pour ça que personne ne s’est jamais senti trahi par votre évolution ? C’est ce qui fait que le lien avec le public est ce qu’il est aujourd’hui. Les gens qui viennent nous voir sont des gens qui nous ont connu par quelqu’un, un ami, un frère. Souvent les enfants font écouter à leurs enfants ou les enfants font écouter à leurs parents. Je dis beaucoup que le public a rajeuni. On a gardé nos anciens, mais on a plus de monde sur cette tournée qu’on en a jamais eu en 20 ans ! Ça doit être notre tournée la plus remplie sur les vingt premières dates. On a récupéré les jeunes des gens qui venaient déjà. Les gens qui venaient à deux viennent à quatre maintenant. C’est ce lien qui s’est créé. On a créé une familiarité avec les gens qui viennent. “Avec cet album, on est revenu à l’identité du départ, mais avec une meilleure production.” D’où la nécessité de se réinventer musicalement pour accompagner les gens tout au long de leur vie ? L’enjeu à chaque album c’est de se renouveler et de continuer à trouver des axes intéressants dans les chansons, dans les sujets à aborder et dans la production. Pendant ces vingt années, on s’est entourés de partenaires, avant de tout reprendre en main et de monter un label. Aujourd’hui on travaille à la production, la distribution, l’organisation des tournées, l’édition… C’est aussi ce qui fait qu’on a envie d’avancer, on a plein de challenges à cocher. Demain peut-être, l’album qui est sorti il y a deux mois, c’est le deuxième qu’on enregistre dans notre studio à Bordeaux, le Baco studio. On a encore plein de choses à découvrir avec cet outil qu’on a mis vingt ans à acquérir. Qu’est-ce que vous avez fait pour la première fois sur Demain peut-être ? On essaie toujours d’aller plus loin dans la production. Le fait d’être à la maison nous donne plus de temps. On peut prendre du recul, revenir sur les choses. Les premières années, une journée de studio coûtait entre 600 et 800 euros, il fallait faire vite. Ce n’est pas du tout la même approche. Avec cet album, plus qu’avec les 3-4 derniers, on a un retour au reggae plus roots du groupe, dans les premières années. Tout est joué, il n’y a pas de batterie programmée, il y a un côté plus organique. Avec cet album, on est revenu à l’identité du départ, mais avec une meilleure production. C’est compliqué de chercher l’identité initiale ? C’était pas vraiment un calcul. Il s’est trouvé qu’en travaillant, on est partis sur ce mood. À la fin on s’est dit “tiens c’est marrant”. Quand on démarre un album, je n’aime pas me dire qu’il faut que je fasse quelque chose. Je préfère me laisser guider par la période. Il y a des gens qui sont spécialistes de l’album concept de la chanson 1 à la chanson 13 et ça donne des choses supers. Moi je n’aime pas bosser comme ça, je préfère prendre les chansons une par une. Ce qui fait l’unicité d’un album, c’est la période dans laquelle il est créé. Je préfère le laisser venir qu’aller le chercher. Pour le moment ça ne m’a jamais trompé. “Pour être libre dans ma créativité, il faut que je ne me sente obligé de rien.” Qu’est-ce que tu as découvert sur toi en faisant de la musique ? J’ai découvert que j’étais capable d’écrire des chansons tout simplement. Capable d’écrire des chansons dans lesquelles les gens se reconnaissent. Il faut que la chanson m’emporte avant que je la sorte. Quand je travaille, je sais si une chanson va plaire aux gens ou pas. Avec différents degrés de réussite évidemment. Certaines ont été de vrais succès et d’autres que j’aime beaucoup sont passées un peu plus inaperçues. Mais voilà ce que j’ai appris, à communiquer à travers les textes des chansons d’échanger des feelings avec les gens qui viennent. Et qu’est-ce que tu as découvert sur le monde ? Ce n’est pas la musique qui m’a fait découvrir des choses sur le monde, mais elle m’a permis de prendre le temps de raisonner sur le monde. Quand tu te penches sur une feuille pendant des heures pour faire des chansons, tu te pousses toi-même à la réflexion. Tu forces sur ta concentration pour aller au bout des situations et des sentiments. Ça m’a surtout permis de conscientiser des émotions. Vous avez un public qui ressent votre musique intensément, est-ce que parfois tu te sens un esprit de responsabilité au moment d’écrire une chanson ? Je fuis ça au contraire. Je me déresponsabilise totalement. Pour être libre dans ma créativité, il faut que je ne me sente obligé de rien. Je n’aime pas l’idée de “devoir” quelque chose. Les artistes, les sportifs, les célébrités devraient montrer l’exemple ? C’est une charge que je refuse. Je ne demande à personne de le faire. Chacun est soi-même et prend les exemples où il veut. __ Vous pouvez retrouver Danakil sur insta et sur Facebook Interview : Arthur Guillaumot, enregistrement : Max Gomes, à L’Autre Canal le vendredi 13 décembre. Photos : Alex Sorin pour Danakil À lire aussi Interviews Musique Danakil : « Il faut que je ne me sente obligé de rien » / Interview 16 Déc 2024 Depuis plus de vingt ans, Danakil est l’un des groupes les plus importants de la scène reggae francophone, avec quelques singles qui ont traversé les deux dernières décennies et résonné dans toutes les oreilles. Leur septième album, Demain peut-être est sorti en septembre dernier et le groupe est en tournée. 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