< Tous les articles Interviews Musique George Ka : « J’ai cru que je n’allais pas y arriver » / Interview Par Arthur Guillaumot 31 mai 2025 Sur son premier album, Les Rebords du Monde, George Ka fait de la géographie intime, entre les lieux du quotidien, les états mentaux, les origines et les divagations du cœur. Si on s’approche trop, est-ce qu’on tombe ? Ton premier album s’appelle Les Rebords du Monde, c’est quoi l’endroit le plus loin où tu sois allé physiquement ? De façon très littéral, je pense que c’est à Saïgon, au Viet Nâm, où on a tourné le clip de 2000 ÂMES qui est le premier single de l’album. Je tenais à réaliser un clip et un court-métrage pour cette chanson. Mais dans cet album, je parle aussi des destinations très quotidiennes, comme le bus 115. Ça ne va pas si loin que ça. Parfois on prend le bus comme si c’était la première fois. Parfois on a envie de bouffer le monde, parfois il paraît plus restreint. Les rebords du monde, ils sont là où on décide de les poser ? C’est intéressant, ça correspond à beaucoup de morceaux de l’album. L’aube ou l’orage est une chanson qui parle de l’effondrement, où la fin paraît imminente, mais dans la même chanson je chante “J’entends des cris de ralliement faire appel, / Pour aller cribler l’ogre au fond de la plaine.” Alors l’horizon s’ouvre sur un possible et le rebord s’éloigne. C’est un album qui parle beaucoup d’intériorité. Parfois tu as l’impression que le monde est hyper vaste, tu as trop envie de le bouffer, d’aller le découvrir, et à d’autres moments il y a tes prisons mentales qui te rattrapent et il te paraît beaucoup plus restreint. Récemment tu disais que tu avais mis trois ans à créer cet album, trois fois les anniversaires, trois fois les saisons. À quel moment tu sais que tu peux poser un point final ? J’ai une sorte de radar qui se déclenche quand j’en suis au stade où j’ai envie de montrer la chanson. Un point de justesse où ce n’est pas encore tout à fait fini, c’est à 85, 90% fini, mais il reste une petite marge pour les changements. Je la montre alors à mes Avengers, ma grande sœur, mes trois meilleur·es potes. Trois ans pour un album, aujourd’hui, c’est long. Est-ce qu’il y a des moments où tu as douté ? Pendant plusieurs mois, je me disais presque tous les jours que j’allais devoir annoncer à mon entourage que je n’y arrivais pas. Avec toutes les conséquences que ça implique. J’ai cru que je n’allais pas y arriver. J’en avais parlé avec Gaël Faye, qui m’a dit que ça lui faisait tout le temps ça, pour ses livres comme pour ses projets musicaux. Je pense que j’aurai aimé entendre plus d’artistes communiquer sur ça. Si vous êtes dans la même situation : Force ! Ça fait peur, mais c’est hyper courant. Je pense que le format album fait peur. Un EP on accepte plus que ça soit un agrégat de chansons qui ne font pas vraiment sens, alors que l’album on attend une sorte de message et une entité. J’ai cru que je n’allais pas y arriver. Est-ce que tu as été surprise toi-même par les endroits où tu es allée avec cet album ? Ça a beaucoup évolué. L’album devait s’appeler Les Couvercles du Monde. J’étais en grosse dep et j’avais une vision assez différente. Ça parlait beaucoup plus de la finitude. Je suis passé plutôt sur Les Rebords du Monde, parce que j’avais moins envie de parler de fin. Il y avait quelque chose de plus ouvert et de plus lumineux. J’avais plutôt envie de parler de construction et de cohabitation. Et puis couvercle ça faisait un peu tupperware. Il faudrait pouvoir montrer les étapes ! Oui ! Pour la première fois, j’ai accepté d’essayer et de jeter plein de choses. C’est aussi ce qui explique que j’ai pas mal changé de style entre le premier EP et cet album. Il y a une continuité mais même dans l’écriture, je suis devenue plus abstraite. Qu’est-ce que tu as appris sur toi ? Tout ma vie, je me suis convaincue que je n’étais pas faite pour les projets long terme. Ce qui m’a apaisé aussi c’est que Geroge Ka, c’est moi, mais c’est aussi un projet collectif. La scène c’est quel espace pour toi ? C’est vraiment le moment où tu vérifies si tu n’as pas triché. Tu peux t’être enflammée en studio, avoir écrit plein de trucs, mais te retrouver sur scène avec le micro en main et te sentir bizarre. C’est que tu t’es un peu trompée en écrivant. Tu t’es convaincue d’un truc et tu es partie dans une direction, mais en fait ça ne t’appartenait pas vraiment. __ Vous pouvez retrouver George Ka sur Instagram. Interview : Arthur Guillaumot, réalisation et montage : Diego Zébina Interview réalisée aux Trinitaires (Cité Musicale) à Metz, le 15 mai 2025. À lire aussi Musique Playlists Playlist de la semaine / 16 juin 16 Juin 2025 Une playlist avec le meilleur des dernières sorties musicales ? Et les conseils de la rédaction pour rester à jour ? Lets go. Arthur Noor – Solo dans mon lit double La lauréate du Prix du Printemps de Bourges — iNOUïS 2024 a fait son chemin cette année, depuis la sortie de son premier ep Musique Playlists Playlist de la semaine / 09 juin 10 Juin 2025 Une playlist avec le meilleur des dernières sorties musicales ? Et les conseils de la rédaction pour rester à jour ? Lets go. Arthur Cate Le Bon – Heaven Is No Feeling Je ne l’avais pas du tout vu venir, comme le retour du soleil après une averse, mais la galloise Cate Le Bon est Musique Playlists Playlist de la semaine / 02 juin 02 Juin 2025 Une playlist avec le meilleur des dernières sorties musicales ? Et les conseils de la rédaction pour rester à jour ? Lets go. Arthur Wet Leg – CPR Pas mal de houle est venue se fracasser sur les rochers de l’île de Wight depuis la sortie de Wet Leg, le premier album du groupe éponyme, À la loupeCartes postalesDossiersHoroscopeInterviewsPlaylists