En concert à L’Autre Canal ce mercredi, le groupe Terrenoire poursuit une tournée marquée par une attention sincère aux territoires qu’il traverse et à l’empreinte qu’il laisse. Plutôt que de courir d’une ville à l’autre, cette tournée choisit d’épouser les logiques géographiques et prend son temps par le biais d’actions culturelles pour certaines de ses dates.

Terrenoire, protégé.e tour : une tournée qui interroge notre rapport au monde et aux autres

Avant d’être un groupe, Terrenoire est d’abord un quartier de Saint-Étienne dans lequel ont grandi Raphaël et Théo Herrerias. Unis par un lien fraternel, leur récit personnel s’est matérialisé en 2020 sous la forme d’un premier disque intitulé Les Forces Contraires et dont le titre Jusqu’à mon dernier souffle a trouvé un écho tout particulier dans nos foyers, lors du premier confinement grâce à une pub Intermarché. Après une réédition de l’album et une Victoire de la musique dans la catégorie révélation masculine en 2022, ils esquissent de nouveau les contours de ce lien à travers l’album protégé.e. Plus expérimentés, leur plume a gagné en spontanéité et ils parviennent à raconter le réel en quatorze titres, comme une bande-originale de nos vies. C’est alors tout naturellement que ces textes engagés prennent sens lors de dates de concerts régionalisées et ponctuées de rencontres artistiques.

Cette démarche s’inscrit dans une réflexion plus large qui traverse le monde de la musique. Shaka Ponk, groupe engagé depuis ses débuts, annonçait l’année dernière mettre un terme aux tournées traditionnelles jugées trop polluantes. En dehors de l’hexagone, le géant de la scène U2 amorce également une remise en question de ses modes de déplacement et l’impact de ses concerts. À l’heure de l’urgence climatique, ces prises de position viennent questionner un modèle à bout de souffle où une artiste comme Taylor Swift a parcouru près de 60 000 km, ce qui équivaut à 77,5 tonnes de CO2, en l’espace d’un an lors de sa dernière tournée et rien que pour les dates aux États-Unis (source : RTBF). Certes il ne s’agit pas de la même échelle de notoriété que Terrenoire, mais son cas illustre la tension qu’il existe entre un succès planétaire et des exigences écologiques.

En redéfinissant leur modèle de tournée, Terrenoire propose une nouvelle manière de « faire lien » non seulement avec le public, mais aussi avec les différents territoires dans lesquels il se trouve. Rien qu’à Nancy, le groupe a partagé une après-midi avec les membres de la résidence autonome Chevardé avant de jouer le jeu d’une lecture musicale à la Médiathèque de la Manufacture, en plus de leur concert à LAC. Ce type d’initiatives montrent que d’autres voies sont possibles et qu’une pensée écologique — loin d’imposer une austérité punitive — peut devenir le moteur d’une dynamique sensible, inclusive et locale. Ainsi, protégé.e ne se contente pas d’être un album, c’est une invitation à vivre autrement en imaginant une nouvelle scène musicale, avec une tournée où les chanteurs écoutent autant qu’ils jouent et où les musiciens transmettent autant qu’ils performent.

On organise une rencontre avec le groupe ce mercredi 24 septembre à 18h30, juste avant leur concert, c’est gratuit et en accès libre.

Prendre ses places pour le concert à L’Autre Canal à Nancy le 24 septembre.

Après Metz et Nancy, Territoire continue son voyage dans le Grand-Est avec un concert à la Cartonnerie de Reims ce jeudi 25 septembre. Dépêchez-vous, il reste encore quelques places !

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Alexandru Cristescu