Cette semaine, une revue de presse qui fait des allers-retours entre le continent sud-américain et l’Afrique, entre tensions politiques et vibrations du temps.

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Colombie : 

Les manifestations durent depuis un mois maintenant dans le pays. À la base, c’était pour protester contre un projet de réforme fiscale, qui a été abandonné depuis. Désormais, la rue colombienne exige un meilleur système de répartition des richesses. La lutte contre les trafics et les guérillas a longtemps fait taire la parole populaire, qui résonne encore plus fort, aujourd’hui, avec la pandémie et après les manifestations déjà historiques de 2019, dans le pays. La pauvreté frappe 42,5% des 50 millions de Colombiens. 

La répression ultra violente des manifestations a fait des dizaines de morts depuis le début du mois de mai. L’armée a été déployée dans Cali, samedi, au lendemain de la mort de 13 personnes. Cali, troisième ville du pays, compte 2,2 millions d’habitants et est devenue l’épicentre des manifestations.

Mali :

Lundi 24 mai, juste après l’annonce d’un remaniement ministériel, des soldats ont emmené le président de transition Bah N’Daw dans un camp avec le premier ministre et le ministre de la Défense. C’était le début du nouveau coup d’Etat dont est victime le pays, moins d’un an après le renversement du président d’Ibrahim Boubacar Keïta. Comme à l’époque, c’est le colonel Assimi Goïta qui est derrière le coup d’Etat.

Syrie : 

Après avoir succédé à son père Hafez en 2000, il a obtenu 98% des voix en 2007, 88% en 2014. Bachar al-Assad vient d’être « réélu » pour 7 ans, dans le cadre de l’élection présidentielle syrienne qui s’est tenue mercredi. Son père est resté aux commandes pendant 30 ans, lui, entame sa deuxième décennie au pouvoir. Le boucher de Damas s’offre une nouvelle mandature, dans un pays mutilé de sa main. Espérons qu’il soit un jour jugé et condamné pour ses crimes.

Ghana : 

Le 20 mai, des juristes et des militants se réunissaient dans un hôtel de la ville d’Ho, dans le sud-est du pays, pour une formation au respect des droits des personnes LGBT au Ghana. Le lendemain, 21 personnes se sont retrouvées en détention provisoire pour avoir assisté à la réunion. Depuis le Ghana est en train de sombrer vers son côté homophobe, ces arrestations arbitraires en sont le dernier exemple en date.

Afrique du Sud : 

Le concours de beauté Miss Afrique du Sud est désormais officiellement ouvert aux femmes transgenres. C’est une première sur le continent africain, il n’est plus nécessaire d’être née femme pour incarner la beauté dans le pays. Un signal important, qui intervient quelques années après l’ouverture en 2012 du concours de Miss Univers aux personnes transgenres.

Inde : 

De nouvelles règles pour les réseaux sociaux en Inde, depuis le jeudi 27 mai. Les dirigeants de Facebook, Twitter, Instagram ou WhatsApp peuvent désormais être poursuivis au nom des contenus publiés par leurs utilisateurs, si le gouvernement juge les contenus litigieux. C’est le premier pays dans le monde à rendre les plateformes responsables d’office de leur contenu, au même titre que l’utilisateur. Peut-être un pas vers une meilleure modération ? Mais cette nouvelle mesure servira sans doute plus vraisemblablement à la censure politique des oppositions dans le pays.

Pérou :

Le 6 juin se tiendra le second tour de l’élection présidentielle au Pérou, qui oppose les candidats Pedro Castillo (gauche radicale) et Keiko Fujimori (droite populiste). 

Lundi 26 mai, une tuerie a eu lieu dans la province de Satipo, la principale zone de production de coca dans le pays. 18 personnes, dont deux enfants, sont mortes. 

Tout prête à croire que les coupables sont des narcotrafiquants proches du mouvement armé du Sentier lumineux (marxistes-léninistes-maoïstes, qui entretenaient une lutte armée contre l’Etat entre 1980 et 2000). Par ailleurs, des tracts de menaces contre Keiko Fujimori, fille de l’ancien président***, et actuelle candidate, ont été retrouvés sur la scène du massacre.

Mexique : 

Comme le Pérou, le Mexique vote dimanche 6 juin. Dans le pays, c’est dans le cadre de méga élections qui doivent renouveler les 500 députés fédéraux, la moitié des gouverneurs et la majorité des maires. Et comme au Pérou, le théâtre est sanglant. Alma Rosa Barragán, était candidate pour le mouvement social démocrate citoyen (MC) à la mairie de Moroleón, une ville de 50 000 habitants dans le centre du pays. Elle a été assassinée par balles mardi 25 mai alors qu’elle allait assister à une rencontre avec les électeurs. Son nom s’ajoute à la longue liste des hommes et des femmes, politiques, journalistes, militants etc, tués dans le pays pour leurs opinions.

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*** Alberto Fujimori était à la tête du Pérou entre 1990 et 2000 et sa fuite au Japon. Il a été condamné à 25 ans de prison pour crimes contre l’humanité, et 8 pour corruptions. Il a été gracié en 2017. Sa fille Keiko, actuellement candidate à l’élection présidentielle, est également concernée par des affaires de blanchiment d’argent.

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Arthur Guillaumot / Photo de Une : Luis Eduardo Robayo Piedrahita