Avec Sapiens, l’Or du commun signe une des meilleures compositions de l’année en termes de rap francophone.

Les trois membres du collectif sont ultra complémentaires et même s’ils abordent bien sûr les mêmes thématiques, ils le font tous d’un angle différent, avec par exemple un Primero qui nous envoie beaucoup plus de lyrisme que les autres dans la tronche. Jamais ils ne moralisent ou tombent dans des sermons évidents dans leurs morceaux, pourtant ils s’attaquent ici à l’homme (d’où le nom de l’album), mais avec positivité et en gardant un ton léger. En plus de ça beaucoup de sons restent ultra dansants et on a hâte de les entendre en soirée.

L’or du commun c’est la force de frappe d’un très bon rappeur multiplié par 3, ce n’est pas une révélation mais une confirmation : A tout ceux qui vont les découvrir et les aimer sur Sapiens, foncez écouter leur EP Zeppelin paru l’année dernière.  

Romain Bouvier 


Encore un exemple si jamais vous êtes en train de préparer un exposé sur que la belgitude fait de mieux. Sapiens est l’un des grands albums de rap de ces dernières années. Un rap totalement décomplexé, qui va où les sonorités le mènent et où la musicalité parle avec le flow. 

Sur HomoSapiens, l’un des sons qui portent l’album, voilà ce que lâche Primero : 

« Chacun s’occupe de gérer son adrénaline, soit t’as les couilles de t’taire, soit t’as les couilles de dépasser la limite
On n’y peut rien c’est là, c’est sous la mélanine, à croire que tous nos gestes parlent avant même qu’on apprenne à lire
La pluie a séché sur les Velux, Mars quitte le lit de Vénus, marche vers la ligne des bus faire son oseille
Il se méfie du prochain déluge, le messie revient dans des lustres, la ville cherche encore un élu pour son trône »

Poème tout en lucidité sur la condition humaine, voilà ce qu’est Sapiens. 

Dans Truman Show (8/12) voilà le refrain de Loxley : « J’ai pas l’intention d’me sacrifier pour la cause / Suis-je un homme si j’ai des circuits sous la peau ? / J’fais les cent pas, y’a-t-il quelqu’un tout là-haut ? / J’me fais des films, égaré comme Jim dans Truman Show ». Jim c’est Jim Carrey, héros sans le savoir d’une émission de téléréalité, le Truman Show, entouré d’acteurs qu’il prenait pour ses proches. Le film se fait l’histoire du moment où Truman Burbank se rend compte qu’il est le personnage d’un show, que sa vie n’est qu’une pièce. C’est un peu le moment de lucidité sur le Sapiens qu’incarne cet album. 

S’ensuivent des punchs noires sombres, mais sur les rythmes géniaux de Vax1. Voilà ce que clame Swing dans Antilope (4/12) « Le temps passe, mon esprit s’ankylose, j’finirai plus fou que Don Quichotte / J’ai dédié ma vie à la catharsis, comme si la mort était l’antidote ». Pas désabusé, l’album est lucide, porté par trois jeunes hommes qui voient leur temps et y déposent leurs regards vifs, fondamentalement vifs. 

On retrouve des belges habitués de la maison L’Or Du Commun en featuring, Roméo Elvis sur Vrai (3/12) et Isha avec Nos Gènes (10/12). Dans Sur Ma Vie, Swing dit qu' »A BX on était matrixés par l’hégémonie de la scène parisienne ». Ici on se dit que l’hégémonie n’existe plus. Tant mieux. 

Et l’album bouge de sons fous, de pensées, construit quasiment comme un essai, le quatrième projet de L’Or du Commun est un chef d’œuvre. 

Il est sorti le vendredi 16 Novembre 2018 et le label c’est LaBrique. 

En plus comme vous le voyez, les clips sont parfaits. 

Arthur Guillaumot